267 Dossier RPS - Photo CBTP

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    En résumé

    L’employeur doit identifier ce qui, dans l’entreprise, peut générer des RPS.
    Pour avancer et contribuer à leur prévention, la coconstruction d’un diagnostic avec les salariés est recommandée.

    Dossier paru dans Prévention n° 267-Novembre 2022-p. 8

    « Nous sommes relativement peu sollicités par les entreprises du BTP pour de la prévention des risques psychosociaux, témoigne Isabelle Tarty, vice-présidente de la Firps (Fédération des intervenants des risques psychosociaux). Souvent, on nous contacte pour gérer des crises et des chocs post-traumatiques, quand il y a eu un accident grave sur un chantier.» Serait-ce le signe que le secteur est moins concerné ou moins sensibilisé au sujet que les autres secteurs ? Pourtant, les risques psychosociaux ont des effets délétères, quand ils s’ajoutent à des conditions de travail difficiles. Par rapport à une personne non exposée aux RPS, une personne qui l'est a une probabilité supérieure de huit points de déclarer un état de santé altéré, relève un récent rapport  de la Dares.*

    Risque de maladies cardiovasculaires

    Dans ce contexte, le soutien des collègues et des supérieurs hiérarchiques est très important. «Un effort physique élevé, avec le port de charges lourdes, combiné à une faible reconnaissance, augmente, entre 1,5 et 3 fois, le risque de troubles musculo-squelettiques. Selon une étude britannique, le manque de reconnaissance peut accroître jusqu’à 1,7 fois le risque de maladies cardiovasculaires», rapporte Christophe Laval, fondateur du cabinet VPHR et co-auteur du livre «Le pouvoir de la reconnaissance au travail», écrit avec Jean-Pierre Brun, professeur à l’Université de Laval au Québec, en pointe sur les risques psychosociaux. Les conséquences des RPS vont donc au-delà des troubles de santé mentale, anxieux et dépressifs.

    Pression des délais, pénurie de matériaux, bruit…

    Dans le BTP, la pénurie des matériaux, la pression des délais qui s’accélère, les épisodes caniculaires à répétition, les efforts physiques, le bruit, le mode de management parfois peuvent favoriser des épisodes de travail avec stress chronique et violence. Ces situations peuvent aussi faire boule de neige. «Les RPS sont en interaction et circulaires», rappelle Valérie Langevin, psychologue du travail à l’INRS. Au même titre que les autres risques, les RPS doivent figurer dans le document unique. «L’employeur se doit d’identifier ce qui dans l’entreprise peut générer des RPS». Pour les entreprises de moins de cinquante personnes, il existe une subvention de l’assurance-maladie « RPS accompagnement ». Pour diagnostiquer les RPS, on utilise la catégorisation issue du rapport du sociologue Michel Gollac, qui fait référence en France. Les facteurs de risque sont classés en six grandes familles : intensité et temps de travail, exigences émotionnelles, autonomie et marges de manœuvre, rapports sociaux et reconnaissance, conflits de valeurs, insécurité de la situation de travail.

    Détection des signaux faibles auprès de chaque public

    Mais la détection des RPS et la création d’actions correctives ne sont pas toujours évidentes dans le BTP, marqué par une culture encore masculine, qui ne favorise pas l’expression des « états d’âme ». «Il est difficile de mettre en place des comportements de prévention, si dans la représentation commune, c’est pour les faibles», analyse Adrien Chignard, psychologue du travail et des organisations, fondateur du cabinet Sens & Cohérence, spécialisé dans la QVT et la prévention des RPS, qui intervient dans le BTP. Pour les dépister, il s’agit donc d’aller chercher des signaux faibles auprès de chaque public. «Les cadres, les chefs de laboratoire et les techniciens ne sont pas confrontés aux mêmes RPS. Les techniciens se heurtent à la problématique des délais de prévenance et les cadres à l’adéquation entre leurs temps de vie personnelle et professionnelle», résume Claire Jousseaume, trésorière du CSE du Laboratoire CBTP, spécialiste des matériaux de construction et de la technologie routière. L’entreprise a initié une démarche d’analyse des risques, l’année dernière.

    RPS : contrer les facteurs de risque

    Christophe Laval, qui est intervenu pour des actions de sensibilisation auprès d'un major du BTP, estime que le lien entre RPS et risque physique est considérable. « Travailler sur la reconnaissance permet d’aborder tous les autres sujets des RPS, joue sur la santé mentale individuelle et abaisse aussi le niveau des risques physiques. » Pour contribuer à la prévention des RPS, l’expert croit beaucoup à la coconstruction de la démarche, avec les salariés : « C’est une première forme de reconnaissance », souligne-t-il. Les risques psychosociaux ne sont pas une fatalité. Il est possible de contrecarrer des facteurs de risque. Reconnaître le travail des salariés soumis à une forte charge de travail, leur donner de l’autonomie, jouer sur l’ergonomie des postes de travail, former les managers à la connaissance de soi, mettre en place un entretien préventif… Les leviers à la disposition des entreprises sont nombreux et variés, et toujours spécifiques, car les solutions toutes faites n’existent pas.

    *Dares, août 2022 : « Disparité d’exposition aux facteurs de pénibilité en milieu professionnel et inégalités de santé ».

    Pour dépister les RPS, il s’agit donc d’aller chercher des signaux faibles auprès de chaque public.

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