Potentiel radon

    ©ASN et ISRN

    La version 2020 du guide pratique « Prévention du risque radon », publiée par la DGT, fait le point sur les risques induits par le radon et les mesures à prendre pour protéger les salariés. Depuis le 1er juillet 2018, la question du radon concerne l’ensemble des entreprises. L’évaluation des expositions est désormais étendue à tous les lieux de travail, alors qu’elle n’était obligatoire que pour certaines activités exercées dans des lieux souterrains. Elle doit être inscrite au DUER. Par ailleurs, le niveau de référence, situé à 400 Bq/m3 en moyenne annuelle, est abaissé à 300 Bq/m3. Le dépassement du seuil implique la prise de mesures telles qu’une ventilation adaptée.

    Enfin, l’exposition cumulée des travailleurs à plus de 6 mSv/an entraîne désormais la mise en place de mesures de protection et de suivi personnalisé : zonage radon, surveillance individuelle dosimétrique, suivi individuel renforcé (SIR) par le médecin du travail, et, le cas échéant, protection des voies respiratoires par des EPI adaptés (masque P3).

    Les zones granitiques, principales émettrices de radon

    Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle issu de la décomposition de l’uranium présent dans la croûte terrestre. En France, on le retrouve plus particulièrement dans les massifs granitiques (Massif central, Massif armoricain, Vosges…). L’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN) a établi une Cartographie du potentiel radon des sols français. Elle permet de savoir, commune par commune, si l’on appartient à une zone à risque faible (zones 1 et 2) ou élevé (zone 3).

    Une fois émis, le gaz se diffuse dans le sol et se dilue dans l’atmosphère. En se désintégrant, il produit des descendants solides tels que le polonium et le plomb. Ces éléments se déposent ensuite sur les poussières et particules en suspension dans l’air et forment des aérosols radioactifs. Ce sont ces poussières qui ont des effets délétères sur la santé.

    10 % des cancers du poumon

    La majeure partie de l’exposition est due non pas au gaz lui-même, mais à l’inhalation des poussières chargées de métaux radioactifs. En diffusant dans les poumons, ces aérosols peuvent endommager la muqueuse. Depuis 1987, le radon est classé comme cancérogène pulmonaire certain pour l’homme (groupe I) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

    On estime ainsi que le radon serait responsable de 10 % des cancers du poumon (deuxième cause de cancer du poumon après le tabac mais avant l’amiante) et de 3 000 décès annuels. Le risque augmente dès que l’exposition annuelle dépasse 100 Bq/m3. Ce polluant est également soupçonné d’être à l’origine d’autres cancers (leucémies, cancers gastriques…).

    Les espaces confinés, lieux à risque

    Dans l’air extérieur, la présence de radon reste modérée. Le problème se pose à l’intérieur des bâtiments et, plus encore, dans les sous-sols et souterrains. La concentration en radon dépend de multiples paramètres. Tout d’abord le terrain, qui peut être plus ou moins émissif. Ensuite l’étanchéité : un sol en terre battue laisse passer toutes les émanations tandis qu’une dalle en béton, accompagnée d’une membrane antiradon, se révèle un isolant efficace. De même, le passage de canalisations ou de câbles favorise la circulation du gaz. La température et les conditions atmosphériques sont également à prendre en compte. Plus on chauffe, moins l’air est dense. Cela crée une dépression et attire le radon. On parle de « tirage thermique » pour désigner ce phénomène. Enfin, la ventilation est un paramètre important : moins on aère, plus les polluants sont concentrés.

    L’avis de l’expert

    Romain Mouillseaux, expert d'assistance conseil à l'Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS)

    Comment connaître la concentration en radon d’un chantier?

    Mesurer les niveaux de ce polluant est un vrai casse-tête, car les concentrations varient d’un moment à l’autre de la journée. La solution consiste à utiliser des détecteurs solides de traces nucléaires (DSTN). Ces petits équipements se placent dans la pièce à évaluer. Ils y restent au moins deux ou trois mois, de préférence en hiver, lorsque les niveaux sont les plus élevés. Le DSTN est ensuite envoyé au laboratoire pour analyse. Le coût – quelques dizaines d’euros – reste raisonnable.

    La DGT annonce le développement d’un outil de calcul simplifié.

    Pour quantifier le risque individuel, les experts de l’INRS et de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, NDLR) travaillent à la mise au point d’un outil simplifié. En rentrant une série de paramètres (concentration dans l’air, type de lieu de travail, durée d’occupation du local…) l’outil calcule l’exposition individuelle du salarié. Si elle dépasse 6 mSv/an, des mesures de prévention spécifiques devront être prises.

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