S15735 - cmistes 1

    L’origine de la démarche remonte à 2018. Les organisations professionnelles, Capeb, FFB, LCA-FFB (devenu depuis Pôle Habitat FFB) et les préventeurs de la Carsat et de l’OPPBTP Normandie sont alors informés par l'Inspection du travail de graves manquements sur les chantiers de construction de maisons individuelles. « On voyait des bastaings ou des parpaings en guise de poste de travail en hauteur, des consoles d’échafaudage montées à l’échelle, sans notice d’utilisation, confirme Xavier Bellenger, ingénieur de prévention à l’OPPBTP. La sécurité était laissée à la charge des artisans. »
    Face aux risques, des chantiers sont arrêtés par l’Inspection du travail et une réunion est organisée par l’OPPBTP avec des adhérents de LCA-FFB pour prendre des mesures d’urgence. « Vingt-neuf contrats d’accompagnement ont été signés avec les constructeurs de maisons individuelles de Normandie, explique Xavier Bellenger. L’accompagnement portait sur la mise à jour du document unique, la formation à la coordination sur les chantiers de maisons individuelles, la tenue de réunions avec les sous-traitants, la protection des trémies et la mise en commun d’échafaudages de pied. »

    Pour les constructeurs, un rouage du planning 

    Cinq ans après, ce dernier point est devenu la norme dans les départements concernés (Manche, Calvados) et se déploie sur toute la Normandie. Pour Arthur Cousin, cogérant de Maisons Vivre Ici (Cherbourg, Saint-Lô, Bayeux), le changement date de 2020. « La mise en commun de l’échafaudage de pied rassure nos clients et nous aide à fidéliser nos sous-traitants» Le constructeur utilise un logiciel de planning qui, selon la configuration de la maison à bâtir (avec combles aménageables ou perdues, de plain-pied ou avec niveaux), calcule le besoin en équipements et programme le calendrier de pose et de dépose. « Le prestataire réalise une seule installation pour les différents corps d’état, avec la possibilité de modifier des pièces si les plateaux sont trop hauts ou trop bas », précise Arthur Cousin. « La mise en commun de l’échafaudage est devenue un rouage du planning, confirme Loïc Peronne, associé chez Maisons Caen Construction (Calvados). Pour le positionner en périphérie, il faut que des remblais partiels aient été réalisés autour du vide sanitaire» Le rôle de coordination du conducteur de travaux du constructeur est donc renforcé. « Nous partageons un compte WhatsApp avec les entreprises pour actualiser les informations sur l’avancée du chantier et favoriser la réactivité. »

    cmistes 2



     

    « Un confort de travail très apprécié »

    « Avant, on travaillait sur consoles, ce qui nous a valu des arrêts de chantier pour non-conformité de la protection collective, témoigne Gwenaël Benoist, le dirigeant d’Espace Toiture. Il n‘y avait pas de budget pour un échafaudage» Depuis, les constructeurs ont pris leur responsabilité et les conditions ont changé pour l’entreprise (21 salariés) spécialisée dans les travaux de charpente couverture (Calvados et la Manche). « La pose d’un échafaudage de pied commun impose aux différents corps d’état de travailler à des hauteurs différentes, explique Gwenaël Benoist. Mais l’échafaudage commun fournit une plate-forme de travail et un confort de travail très apprécié par mes couvreurs. Quant à moi, en tant que chef d’entreprise soucieux de la santé de mes employés, je dors mieux ! »

     

    cmistes 4 cmistes 4

    « Des réglages pour travailler en sous face » 

    Quand elle intervient pour des constructeurs ou des maîtres d’œuvre, la société Charpentes FL (Calvados) bénéficie le plus souvent de l’échafaudage commun. « Je fournis au constructeur un jeu de plans avec les cotes, explique Frédéric Lemaure, le gérant. Au début, il y a besoin de réglages pour travailler dans de bonnes conditions en sous face, sur des débords de toit. En cas d'absence d'échafaudage commun il arrive aussi que l’on s’arrange avec le couvreur pour partager un échafaudage sur pied, mais nous ne disposons pas d’autant de matériels que le prestataire spécialisé en location d'échafaudage. » 

    Situés à Saint-Lô, les Établissements Le Bosquain comptent une quinzaine de salariés. L’entreprise de maçonnerie suivie par l’OPPBTP avec le constructeur Maisons Vivre Ici témoigne. « Ce n’est pas pour le maçon que la mise en commun de l’échafaudage est la plus intéressante, estime Christophe Le Bosquain, le gérant de la PME. Il arrive aussi malheureusement que l’échafaudage soit installé seulement une fois la maçonnerie terminée. En revanche, nous utilisons l’échafaudage commun une fois la charpente posée pour effectuer du rampanage. C’est parfois moins pratique pour nos approvisionnements, mais nos gars travaillent vraiment en sécurité. »

    S16645 - cmistes 5



    Sécurité et confort de travail

    Forte de vingt ans d'expérience dans son domaine, l’entreprise Acom’Alu, située dans l’Orne, fabrique et pose des gouttières en aluminium pour une clientèle de particuliers et de professionnels. La fabrication sur-mesure se fait sur le chantier, dans un fourgon atelier. « Depuis 2020, l’échafaudage est devenu non seulement essentiel, mais indispensable, témoigne Pascal Chedeville, le gérant de la société d’une dizaine de salariés. Avant, on utilisait des échelles, heureusement sans jamais d’accident, mais les poseurs n’étaient pas toujours rassurés» Travailler dans les angles de maisons à quatre pentes avec gouttière périphérique n’est pas toujours évident. « L’échafaudage est très apprécié par nos poseurs auxquels il apporte sécurité et confort de travail, c’est une nette amélioration» Pascal Chedeville regrette juste un relâchement de la part des acteurs. « Au début, les plannings étaient bien faits, nous étions prioritaires avant le démontage, mais l’habitude venant, nous sommes parfois prévenus un peu tard par le conducteur de travaux. Si l’échafaudage commun est malgré tout démonté, nous devons intervenir avec une nacelle, dans la mesure du possible ! »

    Des résultats qualitatifs et quantitatifs

    Évalués sur deux chantiers par l’étude Prévention & Performance menée par l’OPPBTP, les bénéfices de la mise en commun de l’échafaudage sont indéniables. En premier lieu, en matière de prévention. « La suppression de l’usage de l’échelle réduit considérablement le risque de chutes de hauteur, explique Christian Baudu, ingénieur de prévention à l’OPPBTP, qui a mené l’étude avec Xavier Bellenger. L'échafaudage commun, à partir du plancher R+1, est utilisé comme surface de recueil en cas de chute face au vide et/ou comme poste de travail pour le maçon, le charpentier, le couvreur et le gouttiériste»
    L’accès en toiture est sécurisé et l’amélioration de l’ergonomie du poste de travail réduit les atteintes musculaires et articulaires de type lombalgie ou troubles musculo-squelettiques (TMS).
    « Pour l’ensemble des intervenants devant travailler en hauteur, la mise en commun d’un échafaudage de pied évite que chacun ait à gérer et à installer son propre matériel d’accès et de protection, analyse Xavier Bellenger. Elle garantit aussi la mise en place de cette protection collective par un professionnel. » En comparaison avec la pose de consoles suspendues (par exemple), elle se traduit aussi par un gain de temps significatif. Et donc une meilleure productivité pour l’ensemble des intervenants. D’un ordre de grandeur de 2 000 euros (pour un pavillon standard en Normandie), le coût d'installation de l’échafaudage commun est reporté totalement ou partiellement sur son client par le constructeur. « L’image de marque liée à l’organisation du chantier est largement utilisée par les constructeurs pour faire valoir auprès de leurs clients leur engagement sur les conditions de travail. Qui plus est, ils fidélisent plus facilement les entreprises intervenantes sur leurs chantiers. »

    En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies. Ceux-ci nous permettent de connaitre votre profil preventeur et d’ainsi vous proposer du contenu personnalisé à vos activités, votre métier et votre entreprise. En savoir plus