Plaquistes : les apprentis, premières cibles pour améliorer les conditions de travail du métier
Présentée en avril au CFA de Vannes devant les élèves en CAP Métiers du plâtre et de l’isolation, une étude pilotée par l’OPPBTP, la Capeb et l’Iris-ST propose des pistes très concrètes pour améliorer les conditions de travail des plaquistes. Les élèves ont pu échanger avec les professionnels et tester des équipements spécifiques.
Date : 15/05/2025
Goulven Connan

© OPPBTP
C’est devant une quinzaine d’apprentis du CFA de Vannes, futurs plaquistes en formation, que les résultats de l’étude sur les conditions de travail dans le métier ont été dévoilés. Réunis en présence de fabricants de matériaux (Knauf, Taliaplast, Placo-Isover), de professionnels de la prévention et de la santé au travail (OPPBTP, Capeb et Iris-ST), les jeunes ont pu ainsi échanger avec eux et découvrir les solutions proposées pour rendre le métier moins sollicitant physiquement.
En raison de l’alourdissement des matériaux, des contraintes posturales répétées et de la fréquence des manutentions, les conditions de travail ont beaucoup évolué ces dernières années. Pour répondre à ces contraintes, l’OPPBTP, en partenariat avec les Métiers du plâtre et de l’isolation de la Capeb et l’Iris-ST, a conduit cette étude de terrain inédite sur trois chantiers de rénovation représentatifs.
Les constats sont sans appel : manipulation de charges dépassant parfois 25 kg, bras en l’air plusieurs heures par jour, flexions répétées, travail au sol et jusqu’à cinquante montées-descentes d’escabeau par heure lors de la pose de plafonds. Si les lève-plaques sont déjà présents sur certains chantiers, beaucoup d’efforts restent encore à la charge des professionnels.
« On ne peut pas toujours utiliser le lève-plaques en rénovation, intervient Enzo, 17 ans, en première année de CAP plaquiste-plâtrier. Si on est dans une cuisine où il y a par exemple un îlot central, on ne le fait pas. » La prise de parole est assurée et les apprentis, acteurs des échanges, sont pleinement intéressés par le sujet.
Plaques plus légères, lève-plaques, rallonges de visseuses…
Sur les chantiers, certaines entreprises n’hésitent pas à utiliser des plaques de 3 mètres pour limiter le nombre de joints et de bandes à réaliser. « Cela va à l’encontre de bonnes conditions de travail et présente des risques avérés de TMS, coupe Yann Danion, président des Métiers du plâtre et de l’isolation à la Capeb. D’autant plus que le métier se féminise, nous n’allons pas pouvoir continuer à n’utiliser que des plaques de 3 mètres ».
De leur côté, les fabricants proposent aujourd’hui des solutions, comme des plaques plus légères (Placo®plume ou Knauf lightboard), des lève-plaques adaptés à la plupart des situations sur le chantier (Taliatop Multi +, Mondelin Levpano) ou encore des rallonges de visseuses (chez Hilti notamment). Des équipements que les apprentis ont pu tester durant cette journée. La visseuse automatique à rallonge a tapé dans l’œil d’Enzo et Enes. « C’est trop bien, on peut vraiment rester au sol pour visser les plaques au plafond et sans effort ! ». Un bon premier pas pour aller vers plus de confort sur le chantier.
L’étude met en avant quatre axes prioritaires pour améliorer le quotidien des plaquistes :
- Optimiser l’approvisionnement avec des équipements adaptés aux sols irréguliers, facilitant le transport groupé des plaques.
- Réduire la pénibilité des manutentions grâce à des aides techniques depuis le stockage jusqu’à la pose.
- Limiter le travail en hauteur en favorisant des interventions depuis le sol, notamment dans les zones difficiles d’accès.
- Promouvoir l’usage de plaques plus légères et mieux conditionnées..
Pour renforcer l’efficacité des propositions, plusieurs matériels ont été testés sur chantier, dont deux modèles innovants de lève-plaques. Des équipements complémentaires comme les rallonges de visseuses ou les plaques allégées ont également été expérimentés, avec des résultats encourageants pour la réduction des efforts physiques, en particulier lors de la pose au plafond. Les retours d’expérience recueillis alimentent déjà le développement de nouveaux équipements plus ergonomiques du côté des fabricants.
Témoignages
Apprentis plaquistes en CAP, Enes et Enzo partagent leur temps entre le CFA et leur entreprise. Après avoir assisté à la présentation de l’étude, ils estiment que, pour améliorer les conditions de travai sur les chantiers, il reste beaucoup à faire.

Enzo (à gauche) et Enes
« Cette journée c’est très bien, ça va nous apporter beaucoup de choses quand on va revenir sur le chantier, explique Enzo. On se rend compte qu’il faut vraiment faire attention aux postures ». Dans l’entreprise d’Enes, « le patron a mis en place des échauffements tous les matins, et nous sommes sensibilisés sur les gestes et postures. Les plaques, nous les portons à deux, c’est mieux pour la sécurité et ça réduit le poids ».
Pour Enzo, « on pense plus à travailler vite et à la qualité du chantier qu’à faire attention à notre santé. Mais on voit bien que c’est important d’appliquer les bonnes règles. Aujourd’hui, on est jeune, et c’est plus tard que nous allons sentir ces efforts physiques. Il faut faire attention aujourd’hui pour ne pas trop s’user ».
Aujourd’hui, en raison de la baisse sur le marché de la construction de maisons individuelles, les deux apprentis font essentiellement de la rénovation. « C’est plus compliqué d’utiliser des lève-plaques, car en rénovation, il n’y a forcément la place ou la possibilité de les amener sur le chantier. Mais on s’adapte et lorsqu’on doit monter des étages, on prend des plaques plus légères ».
Présenter cette étude devant les premiers concernés, les jeunes apprentis, nous a semblé particulièrement pertinent, explique Yann Danion. C’est aussi une manière de tester ce livrable auprès des jeunes. Le moment a été très intéressant, car ils ont vraiment osé parler de leurs difficultés sur les chantiers. » Cette intervention devant des jeunes en formation peut-elle contribuer à faire changer les choses sur les chantiers ? «S’ils acquièrent les bons réflexes en matière de sécurité et de conditions de travail dès leur apprentissage, ils peuvent montrer l’exemple sur les chantiers en amenant les plus anciens avec eux », répond le spécialiste des métiers du plâtre.
Les spécificités du secteur, en revanche, peuvent être un frein à la mise en place de process. « Le bâtiment est un métier difficile pour les aspects prévention et sécurité puisque chaque projet est un prototype. Il faut donc s’adapter en permanence pour ne pas subir. L’étude montre qu’il y a des solutions, avec des chariots, des lève-plaques, des matériaux plus légers ou des outillages qui facilitent le travail. Aujourd’hui, le sujet des plaques, plus petites et moins lourdes, est porté par la profession, les constructeurs de matériaux et l’ensemble de la filière, l’on sent que les choses évoluent. »

«En tant que formateur, l’intérêt de cette journée est de montrer aux jeunes les solutions qui sont proposées pour améliorer les conditions de travail sur les chantiers, notamment avec des démonstrations de lève-plaques et d’outils spécifiques. Dans le cadre de la formation, il y a la partie technique, bien sûr, mais nous insistons tout au long de l’année sur le fait qu’il y a toujours la possibilité de travailler en sécurité. Les bonnes postures pour porter une plaque, le bon positionnement des mains pour utiliser un cutter… Tout cela fait partie de ce que l’on répète. C’est la deuxième action de ce type à laquelle nous participons et les échanges sont positifs. D’un côté, il y a cette étude et de l’autre il y a ces professionnels du bâtiment et les industriels, qui démontrent que les matériaux et les moyens de prévention évoluent. C’est très bien que les apprentis puissent entendre ces discours puisque c’est un ensemble de connaissances nécessaires pour qu’ils appliquent les bonnes pratiques sur le terrain ».

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