6. Réduction des nuisances sonores.

    ©Emmanuel Gabily

    Il y a deux ans, Prévention BTP vous présentait le chantier de la maison concept Empreinte, porté par un collectif d’entreprises du Maine-et-Loire (lire Prévention BTP n° 257). L’objectif ? Pousser tous les curseurs de la construction pour en réduire au maximum l’empreinte carbone : impression des murs en 3D, zéro déchets ou presque, emploi de matériaux biosourcés. Ces derniers constituaient un axe stratégique, selon Thomas Grenouilleau, président du maître d'œuvre ERB : « Ils contribuent à diminuer les effets négatifs des produits ultra-transformés et diminuent notre impact environnemental. »

    Matériaux biosourcés, du neuf avec des matériaux d’antan ?

    Au menu de la construction en matériaux biosourcés, on retrouve la chape en argile brute d’une dizaine de centimètres d’épaisseur pour les pièces de vie, le parquet en liège dans les chambres et un torchis terre dans les pièces d’eau. Ces alternatives se substituent à des matériaux dont le bilan carbone est malheureusement plus chargé. Et ce laboratoire à ciel ouvert fait aujourd’hui école. À Villeurbanne, une maison écolo constituée de murs en paille vient d'être inaugurée en plein centre urbain. Terre crue et fibres végétales bousculent les modes constructifs et font parfois passer le béton pour un ancêtre bloqué dans le XXe siècle.

    Une composition pas toujours complètement connue

    De là à en faire l’alpha et l’omega du chantier de demain ? Philippe Robart, directeur technique de l’OPPBTP, temporise un peu : « Leur composition n’est pas toujours complètement connue. Or on sait qu’il peut y avoir des risques sur la santé, car pour obtenir la durabilité attendue, ils contiennent des adjuvants qui peuvent constituer un risque chimique. »

    Par ailleurs, ces matériaux constituent des solutions de niche insuffisantes pour satisfaire les besoins du marché. Le bois, leader incontesté des matériaux naturels dans le BTP, doit réussir sa mue, ainsi que le rappelle Philippe Robart dans le dossier de Prévention BTP n° 266 du mois d'octobre consacré à la construction bas carbone, en ligne en fin de mois : « Même si la filière bois est en pleine expansion, les entreprises qui la composent doivent se structurer pour réussir à réaliser des chantiers plus gros et plus complexes. Jusqu’à récemment, la filière bois française de construction était modeste par rapport à ce qu’il se passe dans d’autres pays. Le tissu économique était composé d’entreprises de petite taille, insuffisamment préparées pour absorber cette demande ou travailler sur des chantiers de grande taille avec des lots multiples, du gros œuvre, de la mixité entre béton, métal et bois, etc. »

    Un défi pour l'organisation du travail

    Cette structuration est nécessaire pour répondre aux enjeux de prévention des risques sur le chantier. Le directeur technique de l’OPPBTP poursuit : « On distingue ici un défi en termes d’organisation du travail, que ce soit pour la planification ou l'organisation. Considérant les enjeux liés à la sécurité, on retrouve les contraintes liées aux EPI : garde-corps, protection de trémies, systèmes d’étaiement pour supporter les planchers par exemple… Il y a des habitudes à mettre en place et même des produits à créer. Par exemple, la fixation d’EPI ne se fait pas de la même manière dans un plancher béton ou un plancher bois. Il y a également des habitudes nouvelles à accompagner, avec un vrai travail de partenariat entre toutes les entreprises concernées, notamment avec l’apparition de la coactivité. »

    Avec les nanomatériaux, le principe de précaution s'applique

    Autre sujet émergent qui contribue à diminuer l’impact carbone d’une construction, les équipements en toiture. Courantes sur les entrepôts logistiques par exemple, les couvertures photovoltaïques ou les opérations de végétalisation constituent une obligation réglementaire motivée par des objectifs environnementaux et énergétiques. « Mais elles n’impliquent pas l’obligation de garde-corps permanent contre le risque de chute de toiture, alerte Marc Malenfer de l'INRS, coauteur de la Démarche prospective « Imaginons ensemble les bâtiments de demain ». Il faut privilégier la prévention intégrée dès la conception. Quand on intègre les équipements de protection bien en amont, ça représente un coût marginal très faible. »

    L’application d’une résine synthétique, solution de verdissement de toitures

    Parmi les solutions de verdissement de toitures, qui tendent à se répandre, l’application d’une résine synthétique pour climatiser le bâtiment et diminuer sa température de plusieurs degrés, sans nécessiter de climatisation. Pour réussir ce miracle, cette résine contient un nouveau type de matériau : des nanoparticules. Il s’agit de composants chimiques dont la taille est comprise entre 1 et 10 nanomètres – des milliers de fois plus fins qu’un cheveu – et dont la composition peut améliorer les capacités du matériau : plus résistant, plus facile à appliquer, meilleure tenue au feu…

    Nanomatériaux dans le BTP : des risques à mieux connaître

    Ces nanomatériaux sont déjà à l'œuvre dans nos vies quotidiennes, mais particulièrement dans le BTP : nanotube de carbone, dioxyde de titane, oxyde de zinc, ou encore nanoparticule de cuivre… « On retrouve ces composants dans des bétons ou des verres, des peintures ou des plastiques », poursuit Marc Malenfer. Or à l’heure actuelle, aucune réglementation ne cadre leur utilisation et donc aucun étiquetage n’est présent sur les produits, ce qui constitue « un risque chimique pour l’opérateur, pas forcément lorsque le matériau est inerte, comme lors de la pose, mais lorsque les nanoparticules sont dégagées sous forme de composés volatils : séchage d’une peinture, découpe d’un plastique, perçage d’un béton… »

    Pour mieux connaître ces potentiels risques, une étude épidémiologique « Epi-Nano BTP », regroupant plusieurs pôles de recherche, portée par Santé Publique France, vise à suivre une population exposée aux nanoparticules et surveiller l’apparition d’éventuels effets sur leur santé. En attendant de déterminer plus précisément le niveau de risque, c’est le principe de précaution qui s’impose, et donc la réglementation en matière de prévention des risques chimiques qui s’applique.

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