Sur un chantier plusieurs volées droites d’escaliers préfabriqués en béton doivent être posées pour desservir les étages dans un immeuble de logements. Lors de sa pose, une des volées droites de très grande longueur se coince sur l’un des murs de la cage d’escalier déjà réalisée et sur la volée parallèle déjà posée. Lorsque la grue tente de le remonter, l’escalier se casse littéralement en deux. Un mouvement de balancier est généré et la partie centrale de la volée tombe. Les salariés, positionnés pour le guidage par radio en aplomb de la cage, et le salarié réceptionnant la volée sur le palier, n'ont pas été blessés. Pour les besoins de l’enquête interne de l’entreprise, le béton a été démoli pour mettre en évidence le ferraillage et les ancrages.

    Rupture d’un escalier béton durant la pose

    ©Lipsum

    Pourquoi est-ce arrivé ?

    • Les dimensions de la cage n’ont pas été vérifiées et rectifiées en conséquence pour prendre en compte les faux aplombs et les écarts dimensionnels.
    • L’escalier, trop lourd pour être fabriqué, levé et posé en un seul bloc, était composé de deux volées droites parallèles et clavetées au niveau des paliers bas et haut.
    • Les mouvements de l’escalier lors de sa pose n’étaient pas pris en compte par un système d’équilibrage. Les efforts dus au ballant sont différents selon les engins de levage.
    • Les ancres de levage ont été dimensionnées par le préfabricateur selon des hypothèses non partagées avec les opérationnels de chantier.

    Points de vigilance

    - La fabrication d’un escalier doit répondre à toutes ses utilisations dans l’ouvrage définitif mais il doit aussi être dimensionné pour résister en toute sécurité lors de toutes ses phases de manutention.

    - Les plans de ferraillage ne sont pas toujours fidèles à ce qui est mis en place. Chaque préfabricateur a ses hypothèses de dimensionnement et ses abaques.

    - Les plans et documents pour la fabrication sont validés par les bureaux de contrôle mais leurs hypothèses et les phases provisoires le sont rarement.

    3 pistes pour éviter l'accident

    1. Éviter les risques

    • Vérifier les dimensions des pièces préfabriquées et celles de la cage d’escalier. Prendre en compte les tolérances et les jeux de pose.
    • Privilégier les modes constructifs où les volées ne sont pas accolées pour faciliter leur pose, leur finition, les sécurités collectives provisoires.
    • Respecter les angles des élingues en privilégiant l’utilisation de palans ou par défaut les raccourcisseurs de chaînes, en ne dépassant pas 60° entre elles.
    • Faire valider les plans de ferraillage et les hypothèses en phases statique et dynamique par un bureau de contrôle/étude.

    2. Tenir compte de l’évolution de la technique

    • Utiliser un système d’équilibrage. Sans ce dispositif, un escalier levé en 4 points ne fait participer que deux ancres diamétralement opposées.
    • Imposer, lors de l’achat des préfabriqués, des armatures de frettage autour des ancres de levage. Elles garantissent une répartition des efforts à l’ensemble de l’escalier et de son ferraillage.

    3. Appliquer les consignes

    Opérateurs:

    • j’accroche l’escalier en respectant les angles sous la vigilance de mon supérieur,
    • je ne me retrouve jamais face au vide et respecte les protections collectives,
    • je ne reste pas sous la charge,
    • j’alerte de tout ballant dû au vent et dû aux heurts sur la structure,
    • je respecte les mesures de prévention pour la pose des escaliers en tenant compte des particularités de mon chantier.

    Maîtrise de chantier:

    • je vérifie que mes hypothèses de charge ont été prises en compte par le préfabricant,
    • j’achète les préfabriqués avec des aciers de frettage,
    • je vérifie les dimensions de la cage et des préfabriqués,
    • j’organise les phases de levage et de pose et, si besoin, les corrige pour être conforme aux mesures du PPSPS,
    • je m’assure du respect de l’élingage,
    • je vérifie l’absence de salarié sous la charge.

    Solutions et ressources

    ÉQUIPEMENT. Palan manuel à chaînes

    La manutention des escaliers préfabriqués nécessite de pouvoir adapter la longueur des chaînes à la géométrie de l’escalier. Deux solutions sont possibles, soit des élingues avec raccourcisseur, soit des palans manuels. Le palan permet un réglage plus fin et sous tension. Ce modèle, qui affiche une charge maximale utile (CMU) de 3 000 kg, est plutôt destiné à un usage intensif. Les crochets disposent de linguets de sécurité et sont montés sur des émerillons à billes. La chaîne de levage offre une amplitude de réglage de 3 mètres.

    Rupture d’un escalier béton durant la pose

    ÉDITION. Escaliers préfabriqués, manutention en sécurité

    Le guide « Escaliers préfabriqués, manutention en sécurité » s’adresse au personnel de chantier et traite principalement du déchargement, du stockage, du relevage-équilibrage et de l’approche pour la mise en œuvre des différents modèles d’escaliers. Il fournit ainsi des conseils utiles pour manutentionner et mettre en œuvre en sécurité ces produits. Ces préconisations ont été testées et validées par un groupe de travail constitué d’industriels, fournisseurs d’escaliers en béton préfabriqué et d’entreprises du bâtiment, sur la base d’essais réalisés par le Cerib.

    Rupture d’un escalier béton durant la pose

    À SAVOIR. Acier de frettage

    Dans un levage avec des élingues à quatre brins non équilibrés, seuls deux points de levage sont efficaces. De plus, la mise en œuvre des éléments préfabriqués (déchargement, stockage, pose) peut faire subir aux inserts des contraintes de cisaillement ou de traction oblique. Les concepteurs d’inserts prévoient dans ce cas des renforts d’armatures (frette de levage oblique ou frette de retournement) à rajouter à l’armature initialement prévue, faisant ainsi participer plus de ferraillage et de béton à la résistance de l’ensemble. Il faut se référer aux prescriptions du fabricant d’inserts.

    Rupture d’un escalier béton durant la pose

    La manutention des éléments préfabriqués en béton

    Les opérations de manutention et de levage des éléments préfabriqués en béton (murs, dalles, planchers…) exigent un dispositif adapté pour élinguer en sécurité.

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