263 Dossier DAP - Pascal Girardot

    ©Emmanuel Gabily

    Au moment où start-up et fabricants de matériels investissent le marché du BTP avec divers DAP, pour beaucoup des exosquelettes, des questions se font jour sur leur véritable efficacité en prévention et sur leur intégration dans les entreprises.


    Pourquoi les exosquelettes ont-ils la vedette?
    Les dispositifs d'assistance physique ne sont pas réduits aux exosquelettes, qui doivent leur succès relatif au fait qu'il peut être tentant pour les entreprises d'équiper les hommes plutôt que les situations de travail. Le but premier des DAP est de préserver les organismes en réduisant les contraintes, mais ils peuvent aussi, dans certains cas, conduire à une augmentation de la productivité. L'acquisition d'un tel dispositif pose la question de l'adéquation entre prévention et performance, les deux étant intimement liées.


    Justement, à quel moment est-il opportun d'utiliser un DAP?
    Prenons un exemple : quand une charge est de 50 ou 100 kg, vous n'avez pas le choix, il faut utiliser un matériel. Mais quand la charge est de 25 kg, il est encore possible de la porter à la main, ce qui n'est pourtant pas recommandé. C'est à ce moment que peut intervenir un DAP. En termes de prévention, les dispositifs sans contention, qui font porter la charge sur un point fixe plutôt que sur l'opérateur, sont préférables. L'exosquelette est plus compliqué à intégrer, sans parler du risque lié à la répétitivité des tâches. Tout dépend de la spécificité des
    situations de travail.


    En quoi la phase d'intégration de ce type de matériel est-elle essentielle?
    Dans l'intégration intervient la dimension physique du travail, mais aussi les aspects psychosociaux tels que le ressenti de l'opérateur et la façon dont il est perçu par ses collègues ou son encadrement. Cela peut être un facteur de rejet de l'équipement. Il semble plus facile à accepter de travailler, par exemple, avec un gros perforateur fixé à la rambarde d'une nacelle via un bras articulé qui prend en charge le poids de l'outil et les efforts à réaliser. La limite, c'est que l'opérateur ne peut pas utiliser l'outil en dehors de la nacelle.


    Quelles sont, selon vous, les pistes d'avenir pour les DAP?
    L'offre des fabricants est de plus en plus crédible, à condition de s'y intéresser avec discernement et avec un accompagnement. L'utilisation des DAP dans le BTP est encore confrontée à la variabilité des tâches et de l’environnement de travail, ce qui nous différencie de l'industrie où la reproductibilité des mouvements dans un environnement stabilisé facilite leur intégration. Nous sommes dans une phase transitoire. Plutôt que d'attendre un exosquelette vraiment polyvalent, qui n'inviterait pas l'opérateur à répéter le même geste toute la journée pour rentabiliser l'équipement, mieux vaudrait pouvoir investir dans plusieurs équipements sans contention, adaptés à chaque situation. Mais l'investissement est conséquent. Il faut trouver un compromis. Si un dispositif permet de prendre en charge ne serait-ce que 10 % des situations contraignantes, c'est déjà bénéfique.

    Le but premier des DAP est de préserver les organismes en réduisant les contraintes.

    Pascal Girardot, ergonome à l'OPPBTP

    Pascal Girardot est ergonome à la direction technique, responsable des domaines relatifs à la Prévention de l’usure professionnelle. À ce titre, il anime l’équipe en charge des travaux sur la prévention des risques différés et sur les conditions de travail, dans leurs dimensions physique, organisationnelle et psychosociale.

    En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies. Ceux-ci nous permettent de connaitre votre profil preventeur et d’ainsi vous proposer du contenu personnalisé à vos activités, votre métier et votre entreprise. En savoir plus