Quelles sont les évolutions de la grue ?

Avant de prendre la tête de la direction technique de l’OPPBTP, Thiébault Clément officiait comme directeur de la R & D et Innovation chez Bouygues Construction, cadre dans lequel il s’est particulièrement intéressé aux grues. Il évoque ici les évolutions technologiques et les perspectives de cet équipement pivot du chantier.

Comment envisager le rôle de la grue dans le chantier du futur ?

Bien que la construction hors site et modulaire se développe, la grue, qu’elle soit à tour ou mobile, sera toujours présente. Les entreprises auront toujours besoin de décharger, de porter et de positionner des pièces. Pendant longtemps, l’évolution de la grue a porté sur sa puissance, sa capacité à déplacer des charges plus lourdes à de plus grandes distances. Aujourd’hui, nous allons vers une grue augmentée, plus sûre et mieux coordonnée avec les besoins du chantier.

Quelles sont les principales évolutions technologiques ?

Les logiciels et les capteurs développés par des start-up comme CAD42 permettent de faire le lien entre la grue, le système d’interférences et les informations du chantier – telles que les mouvements ou la vitesse du vent – captées dans l’environnement ou les éléments de la production. La possibilité de prendre la main sur le pilotage de la grue et de l’interfacer avec des données d’interférence et les datas disponibles, y compris celles de la maquette numérique, ouvre tout un champ de progrès.

Quelles en sont les applications concrètes ?

Il y a évidemment un axe prévention. Grâce à l’information sur le positionnement du crochet ou de la flèche, croisée avec le système de pilotage, le mouvement de la grue peut être freiné puis interrompu en cas de risque d’interférence et de collision. Jusqu’à présent, l’interdiction de survol empêche la grue de déplacer une charge dans telle ou telle zone. Les expérimentations menées en R & D par Bouygues Construction tendent à automatiser cette démarche. Par exemple, si une grue basse est inactive, l’automate pourra prendre temporairement la main sur la « girouette » de la grue basse pour permettre l’évolution de la grue haute.

Les progrès technologiques servent donc autant la sécurité que la productivité… 

Effectivement, l’IA et la data permettent à la fois d’envisager des solutions augmentées du type « protéger/interdire », par exemple d’empêcher le passage d’une charge au-dessus d’un compagnon, mais aussi d’aider au pilotage de la grue, y compris à distance. Les systèmes de reconnaissance vont être capables de corréler l’activité de la grue avec la maquette numérique et de produire des plans d’avancement de chantier automatiques ou d’optimiser les livraisons et les approvisionnements. Globalement, la maîtrise de la production de la grue ouvre des perspectives en matière de gestion du planning et d’organisation du chantier. La recherche de productivité tire l’ensemble mais la sécurité est également gagnante.