« Une analyse précise des expositions pour plus d’efficacité »
« Poly-employeurs » et mobiles, les intérimaires doivent faire l’objet d’une surveillance renforcée, explique Jean-Michel Schweitzer, consultant pour le Fastt.
Dernière mise à jour le : 25/07/2025

Conseiller prévention auprès du Fonds d’action sociale du travail temporaire (Fastt), Jean-Michel Schweitzer plaide pour une meilleure compréhension de l’exposition aux risques des intérimaires. L’enjeu ? Renforcer la pertinence de la prévention.
Quelles sont les pistes pour améliorer la santé et la sécurité des salariés intérimaires ?
Dans un contexte sévère en matière d'exposition, nous aurions besoin d'une surveillance médico-professionnelle plus efficace. Les intérimaires dépendent souvent de services de prévention et de santé autres que ceux du BTP, avec parfois des médecins peu familiers de ces métiers. Un premier enjeu est donc la coopération entre le service de l’entreprise utilisatrice et celui de l’agence d’emploi pour partager les informations. De plus, pour ces salariés poly-employeurs et mobiles, l'éclatement géographique des missions rend difficile la reconstitution du parcours d'exposition aux risques (chimiques, ostéoarticulaires, bruit…). Améliorer cette surveillance est essentiel, notamment pour leur accès à la reconnaissance de ces expositions.
Quel est l'enjeu de mieux connaître leurs expositions ?
Quand on examine les maladies professionnelles reconnues des intérimaires, dans les données de sinistralité, le nombre de TMS ou de cancers professionnels apparaît négligeable. Pourtant, la Dares, service d’études et statistiques, indique que ces salariés sont plus exposés que les autres pour certains risques. Ce paradoxe souligne un manque de connaissances de leurs expositions, car peu d'études de terrain s'y intéressent. Or, sans une analyse précise des conditions de travail, les actions de prévention sont hasardeuses, manquent de pertinence et sont, in fine, peu efficientes.
Comment cette meilleure connaissance pourrait-elle impacter la prévention ?
L'exposition aux risques professionnels est plus importante pour les intérimaires moins qualifiés et moins expérimentés. Connaître précisément les intérimaires est un premier pas vers une pédagogie de la prévention efficace. Par exemple, faut-il imposer un même dispositif de formation à tous ? Il serait pertinent de mieux connaître les profils des novices, de cerner les savoir-faire de prudence acquis, puis de cibler les salariés intérimaires qui en ont réellement besoin.
Comment améliorer la fameuse relation triangulaire de l’intérim ?
Si certaines entreprises utilisatrices ont un dispositif santé-sécurité très affûté, d’autres ne savent pas comment accueillir un intérimaire et quelles sont leurs obligations. Certaines agences connaissent bien les métiers du BTP quand d’autres ont une approche généraliste. Il y a donc un enjeu d'accompagnement de tous les acteurs vers une approche plus rigoureuse. L’amélioration de la situation des intérimaires passe par une parfaite coordination de leur démarche, en amont et tout au long de la mission.
Connaître précisément les intérimaires est un premier pas vers une pédagogie de la prévention efficace.
Jean-Michel Schweitzer, conseiller prévention auprès du Fastt
Spécialiste des conditions de travail et des relations sociales, Jean-Michel Schweitzer est conseiller prévention auprès du Fonds d’action sociale du travail temporaire (Fastt). Il accompagne des structures publiques ou privées dans la recherche du point d’intersection entre qualité de vie au travail et performance.