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CHANTIER DU MOIS

Chantier gigantesque de l’usine d’éoliennes au Havre : une structure HSE sur site facteur de réussite

L’usine de fabrication d’éoliennes offshore sur le port du Havre est le plus gros projet industriel dédié aux énergies renouvelables en France. Sa réalisation, qui comprend plusieurs chantiers et fait intervenir de nombreux corps de métiers et sous-traitants, impose une grande vigilance en matière de prévention et de sécurité. Un chantier hors norme qui fait appel au Lean Construction et à la coordination d’un réseau de responsables HSE.

Date : 25/11/2022

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Loïc Féron

En résumé

Ce chantier à grande échelle fait intervenir une multitude d’entreprises et d’engins.Les responsables QSE coordonnent leurs actions.

Reportage paru dans Prévention n° 253-Juillet-Août 2021-p. 14

Identité

  • Maîtrise d’ouvrage : SGRE (Siemens Gamesa Renewable Energy).
  • Assistant à maîtrise d’ouvrage : Arcadis
  • Maîtrise d’œuvre : groupement Egis, Artelia et Enia.
  • Entreprises : groupement Gessem, mandataire GTM Normandie Centre
  • CSPS : Socotec
  • Effectif maximal : 320 personnes
  • Durée du chantier : 18 mois (entre été 2020 et février 2022)
  • Conseiller en prévention OPPBTP : Emmanuel Favey, agence Normandie
Chantier gigantesque de l’usine d’éoliennes au Havre : une structure HSE sur site facteur de réussite

La première usine de fabrication d’éoliennes offshore intégrant la production de pales et l’assemblage des nacelles s’ancre au port du Havre. Sur 36 hectares, la société Siemens Gamesa Renewable Energy (SGRE) construit une unité qui équipera cinq des six projets de parcs éoliens offshore programmés dans l’Hexagone.

Le groupement Gessem réalise les deux bâtiments principaux (B1 et B2). Le B1, de 500 mètres de long sur 120 mètres de large, est séparé en deux : une partie nacelles et une partie dédiée aux pales. Le B2, de 150 mètres sur 120 mètres, inclut l’atelier de mise en peinture. Dans la continuité, un quai de chargement-déchargement et la partie stockage sont sous maîtrise d’ouvrage du Grand Port du Havre.

Un planning géré à partir du BIM

Après une phase d’amélioration de sol et de fondations profondes (pose de 2 000 pieux et inclusions rigides), la construction progresse à grands pas. « Terrassement et voiries, réseaux, clos couvert et charpente métallique, tout se fait de façon simultanée, explique Mohamed Kheroua de la société Arcadis, assistant à maîtrise d’ouvrage sur la partie hygiène, sécurité et environnement (HSE). Avec le concours du BIM, nous élaborons un planning glissant sur trois semaines incluant l’affectation des entreprises et des zones de stockage. »

Les cheminements, point crucial

Sur ce site gigantesque, où évolue une multitude d’engins, la réflexion sur la séparation des flux et la prévention des collisions, accrochages ou heurts avec piéton, est un point fort et une priorité. La vitesse est limitée à 30 km/heure. Différents types de cheminements ont été aménagés depuis le marquage au sol sur le parking jusqu’aux chaînettes sur le chantier. Autant que possible, les circulations piétonnes sont excentrées et séparées de celles des véhicules par des zones de stockage.

Ressources humaines et concertation

Pour remédier à l’effet de taille, le chantier se singularise aussi par ses moyens humains. Deux personnes sont dédiées à la logistique. Quant aux services QSE de la maîtrise d’ouvrage, des entreprises et du groupement Gessem, ils partagent les remontées d’information du terrain et travaillent en concertation à la résolution des situations à risques. Gestion de la Covid-19, aménagement de la base vie et d’installations sanitaires annexes sur le chantier ou prises de poste et quarts d’heure sécurité animés sur la base du PIC en 3D, c’est tout un dispositif alliant l’humain, l’organisation et la technique qui est déployé sur ce chantier.

C’est tout un dispositif alliant l’humain, l’organisation et la technique qui est déployé sur ce chantier.

Un réseau HSE sur site, au bénéfice de l’efficacité et de la sécurité

À la demande du maître d’ouvrage, des représentants HSE de chaque entreprise et du groupement Gessem sont constamment présents sur site et coordonnent leurs actions avec l’assistant à maîtrise d’ouvrage lors de réunions hebdomadaires.

« Selon les effectifs en activité sur le chantier, un responsable QSE de chaque entreprise est présent en permanence sur le chantier ou s’y déplace une à deux fois par semaine, explique Geoffrey Dehlinger, responsable QHSE du groupement Gessem pour GTM Normandie Centre. Chaque entreprise reste responsable de la gestion de sa propre sécurité, mais grâce à la structure HSE mise en place nous capitalisons sur l’échange d’informations au sein du groupement. »

En tant qu’entreprise mandataire, GTM Normandie Centre dispose d’une équipe permanente de quatre personnes en charge de la sécurité, une qui accompagne les entreprises de gros œuvre, deux pour la charpente métallique, corps d’état technique et secondaire, plus un animateur en permanence sur le terrain. Cette équipe centralise les difficultés rencontrées par les entreprises du groupement et les partage avec Arcadis et le coordonnateur SPS à l’occasion d’une réunion hebdomadaire.

« Sur ce chantier qui évolue en permanence, l’engagement de la maîtrise d’ouvrage pour la présence sur site de responsables QSE est un gage d’efficacité et de sécurité, estime Dominique Morin, le coordonnateur CSPS. L’assistance à maîtrise d’ouvrage porte un regard objectif sur les situations à risques, sans pression sur la production, et peut intervenir directement pour procéder à des recadrages. »

Focus sur les actions de prévention

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Plan d’implantation de chantier

Le plan d’implantation de chantier (PIC) en 3D a été conçu à partir de la maquette BIM. Il est consultable à l’entrée du chantier dans un des deux bungalows dédiés à la prise de poste et aux quarts d’heure sécurité. De gauche à droite, Geoffrey Dehlinger, responsable QHSE du groupement Gessem, Mohamed Kheroua, manager EHS chez Arcadis, et Ousmane Ndiaye, responsable contrôle technique chez Socotec.

La feuille de route permet d’optimiser l’espace disponible

❛❛ Sur ce chantier, l’AMO met en œuvre une version du Lean industriel appliqué à la construction. L’activité sur les bâtiments principaux est anticipée trois semaines à l’avance et planifiée au jour le jour. Cette feuille de route permet aux entreprises d’exploiter au mieux l’espace disponible et de réduire la coactivité. ❜❜

Mohamed Kheroua, manager Environnement, hygiène et sécurité chez Arcadis

L’organisation HSE est un élément fort de vigilance

❛❛ L’immensité de ce projet, qui comprend plusieurs chantiers et fait intervenir de nombreux corps de métiers et sous-traitants, impose une grande vigilance en matière de sécurité et une pression constante sur les entreprises. La cellule logistique joue un rôle essentiel dans la gestion des flux de livraison. L’organisation HSE permet d’identifier les situations à risques et de déployer les actions correctives. Elle favorise aussi la gestion du Covid-19 pour éviter que se crée un cluster sur le chantier. ❜❜

Dominique Morin, coordonnateur SPS de chez Socotec

Une campagne de tests PCR a été menée

❛❛ En tant qu’infirmière, j’ai suivi une formation en laboratoire pour pratiquer des tests de dépistage du Covid-19. Des travailleurs étrangers se déplaçant au moment des congés, une campagne de tests PCR a eu lieu en début d’année, suivie de tests antigéniques, sur le principe du volontariat. ❜❜

Natacha Spilka, infirmière du chantier

Le + prévention : La gestion de la coactivité entre les engins

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Un chantier à haute activité

Caractérisé par sa grande envergure, le chantier l’est aussi par la présence de nombreux corps d’état et de multiples engins (nacelles, grues mobiles et chariots élévateurs, engins de terrassement, pelles et tombereaux). Cette particularité, associée à l’évolution rapide de la configuration du chantier, nécessite une bonne planification et une grande vigilance sur les flux d’engins, la disposition des stockages et le balisage.