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CHANTIER DU MOIS

Chantier parc éolien en mer de Fécamp ou comment produire des méga-ouvrages en série

Date : 23/08/2022

L F

Loïc Féron

En résumé
  • Un chantier gigantesque pour une production industrielle.
  • Des équipes spécialisées, mobiles d'une fondation à l'autre.
  • Un encadrement renforcé et structuré.

Identité

  • Maîtrise d'ouvrage : Parc éolien en mer de Fécamp, porté par EDF Renouvelables, Enbridge Inc&CCP Investments, WPD Offshore
  • Groupement d'entreprises : Bouygues Travaux Publics et Saipem, Boskalis
  • Début des travaux : décembre 2020
  • Pose en mer des fondations : à partir de l'été 2022
  • Effectif maximum : plus de 1 000 personnes au pic de l'activité
  • OPPBTP : Dominique Marienne, adjoint au directeur d'agence Normandie et Emmanuel Favey, conseiller prévention
Chantier parc éolien en mer de Fécamp ou comment produire des méga-ouvrages en série

À l'approche du terre-plein de Bougainville, dans l'enceinte du grand port maritime du Havre (GPMH), le visiteur se retrouve plongé dans un univers futuriste. Sur un terrain de 26 hectares, 71 structures en béton sont en cours de construction. Pas moins de 16 grues à tour sont à l'ouvrage. Une fois immergées, les Gravity Based Structure (GBS), ces embases de 50 mètres de haut pour 5 000 tonnes, serviront de fondations gravitaires aux éoliennes du parc installé au large de Fécamp. En plus des phases de béton (un radier de 31 mètres de diamètre et 6 levées successives), de précontrainte et de mise en peinture (jaune) des éléments immergés, le cahier des charges prévoit la pose des équipements définitifs (échelle d'accès, plate-forme technique, intégration électrique).

Les travaux à terre sont de fait maximisés pour limiter les manœuvres ultérieures en mer. Chaque construction de GBS est en soi un chantier… à reproduire à 71 reprises. « À l'inverse d'une chaîne d’assemblage, ce sont ici les différents corps de métier spécialisés qui se déplacent par équipe pour travailler consécutivement d'une GBS à une autre », explique Quentin Fily, responsable prévention santé-sécurité chez Bouygues TP.

Quatre voies de grues pour quatre lignes de production

Les travaux s'organisent de part et d'autre des quatre voies de grues, de quatre grues chacune, qui sont autant de lignes de fabrication. Si chaque ligne dispose de moyens propres – échafaudages, grues, coffrages –, un parc de préfabrication, dans l'enceinte du site, alimente la totalité du chantier en cages d’armatures. Circulations, stockages, ergonomie des coffrages, levage (grues fixes et mobiles), accès (par monte-charges), éclairages (fixes et mobiles) ou installations d'hygiène (W.-C. répartis sur le site), l'ensemble du dispositif organisationnel et matériel concourt à la prévention.

« Pour autant, compte tenu du gigantisme du site et des opérations, chaque intervenant a reçu une semaine de formation spécifique à l'outil de travail et à la sécurité », souligne Quentin Fily. D'ici à l'été prochain, des chariots multiroues se chargeront de translater les fondations gravitaires achevées jusqu'à des barges, remorquées jusqu'au site du parc éolien en mer où un navire de levage lourd les posera sur le fond marin.

❛❛ Les différents corps de métier spécialisés se déplacent par équipe pour travailler consécutivement 
d'une GBS à une autre. ❜❜

Un chantier qui monte en puissance

« La montée en puissance est l'un des enjeux de ce chantier ». 
Jean-Luc Bouchet, directeur de projet Bouygues Travaux Publics pour le chantier Parc éolien en mer de Fécamp, ne cache pas le défi que représente l'augmentation des ressources humaines sur le site, de 400 à 700, puis à plus de 1 000 personnes. Alors même que la crise sanitaire prive le chantier de nombreux compagnons, le recours au travail temporaire a dû être intensifié. Une vigilance accrue s'impose vis-à-vis de cette population à risque. « Les faux mouvements et efforts excessifs représentent 28 % des accidents déclarés sur le chantier et les chutes de plain-pied 25 %. »

« Circulations, stockage, ergonomie des coffrages, levages ou protections collectives, l'ensemble des mesures participe à la sécurité des intervenants et à la performance globale du chantier », commente Dominique Marienne, adjoint au directeur d'agence Normandie de l'OPPBTP, à l'issue d'une visite. Le dispositif repose sur l'encadrement par les ingénieurs travaux, l'appui de l'équipe HSE et la coordination des chefs de chantiers gérée par le chef de groupe maîtrise.

La production en série des GBS recèle par ailleurs un fort potentiel de productivité. 
« Nous capitalisons sur les points positifs pour nous améliorer en continu », explique Quentin Fily, responsable prévention santé-sécurité chez Bouygues Travaux Publics. Entretenue par des formations au poste de travail, la spécialisation progressive des équipes sur telle ou telle levée est une particularité du chantier. « L'apprentissage et la compréhension de l'outil passent aussi par une sensibilisation à notre culture sécurité », insiste Jean-Luc Bouchet.

Focus sur les actions de prévention

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Organisation

Les travaux s'organisent de part et d'autre des quatre voies de grues. Tour d'accès, plate-forme en encorbellement et monte-charges, au-dessus de 20 mètres, permettent d'accéder au sommet des fondations par l'extérieur.

L’analyse en amont des modes opératoires 

❛❛ Pour atteindre un niveau élevé de performance en santé-sécurité, les modes opératoires et les risques qui en découlent sont analysés en amont avec les équipes travaux. Sur le chantier, l’application des procédures nécessite un contrôle et un accompagnement par les équipes hygiène et sécurité. Les remontées d’informations du terrain améliorent le processus au quotidien. ❜❜

Quentin Fily, responsable prévention santé-sécurité chez Bouygues Travaux Publics

Un chantier de levage avec une organisation phasée

❛❛ Un des grands enjeux du projet est la tenue du planning dans le respect de l’environnement et de la santé des collaboratrices et des collaborateurs intervenant sur le chantier. La construction des fondations implique en effet des travaux en hauteur et de nombreuses opérations de levage exposant à des risques majeurs. Pour y répondre, notre organisation cyclée est composée de compagnons et d’une maîtrise sur chaque ligne de production, ainsi que d’un encadrement transversal sensibilisé à ces risques. Chaque GBS est construite en 11 phases. Sur chaque ligne de production, chaque atelier spécialisé se déplace d’une unité à l’autre. Par ailleurs, la digitalisation permet le suivi de l’avancement des travaux en temps réel et la traçabilité des contrôles qualité.❜❜

Jean-Luc Bouchet, directeur de projet Bouygues Travaux Publics pour le chantier Parc éolien en mer de Fécamp.

De la maîtrise et de la coordination

❛❛ Ayant participé à la conception des coffrages, j'ai suivi la partie béton pendant tout le début du chantier, avant de passer aux travaux de superstructure. En tant que chef de groupe maîtrise, j'ai quatre chefs de ligne sous ma responsabilité, qui encadrent eux-mêmes un grand nombre de chefs de chantier. Avant de trouver le rythme, cette organisation a demandé beaucoup de coordination, notamment pour le phasage des coffrages et les déplacements d'engins. ❜❜

Alain Bianco, chef de groupe maîtrise chez Bouygues Travaux Publics

Le + prévention : La préfabrication des armatures

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Des aires de préfabrication spacieuses et bien équipées

Toutes les armatures métalliques des voiles sont préfabriquées au sol par le groupement d'armaturiers SMP et Welbon. Elles sont ensuite installées avant la fermeture des coffrages, ce qui limite le travail en hauteur des armaturiers. Spacieuses, ces aires de préfabrication sont dotées de portiques fournissant des postes de travail à hauteur d'homme. Accessibles depuis des passerelles, les postes de ferraillage sont équipés de palonniers adaptés au levage des coffrages et d'une potence pour les postes à souder.