Logo PreventionBTP
En résumé

Le BIM a été utilisé dès la conception pour réduire la coactivité.
Une convention précise les futurs modes de collaboration.

Reportage paru dans PréventionBTP n°275-Juillet-Août 2023-p. 15

Photo : 275 Coactivité : le BIM au service de la prévention des risques

Crédit photo : Frédéric Vielcanet

275 Coactivité : le BIM au service de la prévention des risques

Second œuvre

Sur le chantier de la Maison des Compagnons de Strasbourg, le recours à la maquette numérique a permis d’anticiper les risques liés à la coactivité.

Alors que la neige recouvre Strasbourg en ce début décembre, les Compagnons du Devoir pilotent le second œuvre de leur nouveau centre de formation. Ce bâtiment-école sobre et élégant, situé en périphérie proche, étendra ses 6 321 m² de surface de plancher sur trois niveaux. Dans une ambiance calme, électriciens, carreleurs, peintres, plombiers et chauffagistes travaillent en intérieur, disséminés dans les locaux tout juste mis en chauffe. « La règle du second œuvre, c’est souvent : celui qui passe le premier a gagné, explique Nicolas Henry, qui pilote le chantier pour l’association. Nous, dès le début, nous avons dit que la prévention passerait par le respect des plans et de l’ordonnancement », ajoute cet ancien compagnon plombier, devenu ingénieur BIM, en affichant la maquette numérique 3D du bâtiment sur grand écran.
Son credo : ne pas laisser place au doute. Dès la phase concours, une coopération étroite avec l’OPPBTP et la Carsat permet d’identifier plus de trois cents problématiques santé-sécurité pour corriger la maquette BIM. Il en tire une synthèse technique très aboutie, avec des plans DCE (dossier de consultation des entreprises) de niveau exécution. Une convention BIM précise les futurs modes de collaboration à toutes les entreprises.

Identifier les besoins pièce par pièce

Quatre mois avant l’entrée du second œuvre sur le chantier, Nicolas Henry réunit les chefs de chantier et leurs ouvriers. L’ingénieur, qui navigue en 3D comme un poisson dans l’eau, projette la maquette numérique sur un grand écran devant l’assemblée et passe en revue les plans. « On a identifié les besoins pièce par pièce sur la pose des réseaux techniques et on a repéré toutes les zones sensibles du chantier. » Objectif : définir l’ordre de passage et d’intervention de chaque lot afin de réduire les conflits potentiels, organiser la fourniture des matériaux, le stockage et limiter la coactivité en zone étroite, facteur d’accident. Les entreprises ont accès à la maquette sans avoir besoin d’acheter le logiciel grâce à une visionneuse BIM. Sur le chantier, des QR codes affichés dans chaque pièce permettent de confirmer les ordres de passage. Un rendu panoramique à 360 degrés de la pièce terminée apparaît sur tablette ou smartphone géolocalisé dans la maquette numérique. Grâce à la fonction gyroscope, l’image virtuelle est parfaitement alignée au réel chantier. Livré fin février, au terme de dix-huit mois de travaux, le chantier affiche zéro accident du travail et zéro jour de retard.

Le BIM définit l’ordre de passage quatre mois avant l’entrée du second œuvre. 

Les apports du BIM : préfabrication, suivi et maintenance

Les entreprises de second œuvre ont pu exporter les quantitatifs depuis la maquette numérique pour assurer la préfabrication de leurs éléments de construction : 100 % des supportages communs de tuyauterie, gaine et chemin de câble, 85 % des gaines de ventilation, 75 % des tuyauteries de CVC (chauffage, ventilation, climatisation), plomberie. La préfabrication améliore le temps et les délais d’exécution, la sécurité des opérateurs, la gestion de la coactivité, l’ergonomie et réduit la pénibilité. La préfabrication permet aussi de réduire fortement les nuisances sonores et des déchets sur le chantier avec les manutentions associées. Le chantier ne comportait d’ailleurs aucune benne de déchets.
Dans ce bâtiment-école, où seront formés de futurs compagnons du bâtiment, une cinquantaine d’étiquettes peuvent être flashées avec un smartphone pour afficher un résumé des réalisations allant de la densité du mur, à l’amenée des fluides ou encore les conditions de maintenance.
« Je n’avais jamais travaillé avec la maquette numérique et des tablettes comme ça. Ça change complètement la coactivité. On n’est jamais en conflit, on est bien, très bien même. Ça nous aide, ça nous tranquillise. On voit tous les lots tout de suite. Et après, on sort chacun nos plans. Regardez, si je vous sors les plans de tuyauterie du pôle goût, sous la dalle, vous voyez mes 700 mètres linéaires de tubes ! », explique Dominique, plombier du Groupe Beyer.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies. Ceux-ci nous permettent de connaitre votre profil preventeur et d’ainsi vous proposer du contenu personnalisé à vos activités, votre métier et votre entreprise. En savoir plus