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CHANTIER DU MOIS

Phasage et anticipation pour désenclaver La vallée de la Roya

Date : 14/06/2022

L F

Loïc Féron

En résumé

Le chantier comporte trois sections progressant par phases.
L’accueil joue un rôle déterminant.

Identité

Maîtrise d’ouvrage et maîtrise d'œuvre : Conseil départemental des Alpes-Maritimes
Groupement d’entreprises : Garelli, La Nouvelle Sirolaise de Construction, Tama, TP Spada, Pastorelli
CSPS : Degaine Ingeniering
Effectif : de 30 à 35 personnes (brèches 2&3 RD 91)
Début des travaux : septembre 2021
Durée des travaux : 5 mois
OPPBTP : Stéphane Bossard, ingénieur prévention.

Pour accéder au village de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes), il faut encore, en ce mois de janvier, franchir plusieurs ponts provisoires. Quinze mois après les ravages causés par la tempête Alex, les travaux d’urgence battent leur plein. Trente-cinq kilomètres de voirie et une dizaine de ponts ont été détruits, ainsi que près de quatre cents logements. Le drame a fait dix morts et huit disparus. Derrière la gare SNCF, un terrain sert de base arrière logistique au groupement d’entreprises désigné par le conseil départemental pour reconstruire les infrastructures routières.

Un mur de soutènement de 500 mètres

Sur les deux cents brèches recensées, les numéros 2&3 où nous nous rendons se situent sur la RD91, en direction de la vallée des Merveilles. À cet endroit, la route a totalement été emportée par le flot. « Le choix a été fait de créer un mur de soutènement de 500 mètres de long qui englobe les deux brèches, explique Jean-Philippe Disdero, chef de chantier principal de l’entreprise Garelli. Cette option impacte moins le lit de la rivière et son écoulement» Depuis l’aval vers l’amont, le chantier de construction de l’ouvrage comporte trois sections qui progressent par phases : terrassement, bétonnage des semelles – après travaux en souille – et coulage du voile béton (lire p. 18). « Le phasage est essentiel pour éviter les interférences entre personnes. Qui plus est, dans un contexte où la rivière peut du jour au lendemain se transformer en torrent, ce chantier exige beaucoup d’anticipation. »

Des quarts d’heure sécurité spécifiques

Sur le plan des effectifs, le chantier est organisé en quatre équipes, chacune disposant d’un secteur et d’un responsable. Associées à une météo hivernale, les difficultés d’accès des engins et véhicules font partie des contraintes environnementales. « Plus globalement, la sécurisation des personnes a été pensée dès la conception pour que nos équipes disposent des meilleurs moyens, outils et méthodes », commente Émeric Savy, conducteur de travaux de la Nouvelle Sirolaise. Sur ce chantier hors norme, qui fait appel à l’insertion professionnelle, l’accueil joue un rôle déterminant. Installations, organigramme, postes de travail, procédures de secours… un entretien individuel permet de cerner au mieux l’environnement de travail, les aspects prévention sont ensuite repris par des quarts d’heure sécurité spécifiques à chaque phase, comme les circulations autour des machines lors du terrassement.

« Dans un contexte où la rivière peut du jour au lendemain se transformer en torrent, ce chantier exige beaucoup d’anticipation ».

Une main-d’œuvre locale qui monte en compétences

Confrontés à de forts besoins de main-d’œuvre, les chantiers de reconstruction de la vallée peuvent compter sur les salariés des entreprises locales intégrées au groupement et au personnel intérimaire proposé par T’Plus, une agence d’emploi et d’accompagnement. « Une entreprise de TP locale comme Pastorelli apporte sa connaissance du terrain et de l’urbanisme local, commente Nicolas Roland, responsable QSE, de la Nouvelle Sirolaise. Quant à l’insertion professionnelle, c’est à terme une source de recrutement. »

Faute d’expérience significative dans les métiers de travaux publics, le personnel issu de l’insertion est dans un premier temps assigné à des tâches basiques. « Certaines personnes ne connaissant pas les dangers d’un chantier de TP, il est d’autant plus important de garder la même équipe sur les mêmes postes. Cette organisation facilite l’accueil, la montée en compétences et la sensibilisation aux risques ». L’apprentissage de la prévention vaut aussi pour les entreprises locales, peu familières de ce type d’ouvrage, mais disposant des savoir-faire pour s’y adapter.

Via l’entreprise d’insertion, les intérimaires peuvent suivre une formation d’une semaine avant de réintégrer le chantier pour un cycle de mise en pratique. Le travail y gagne en unité, en performance et en sécurité. « Au sein du groupement, nous faisons en sorte d’harmoniser les messages de prévention selon les populations ciblées et en complémentarité avec le travail du CSPS. De telle sorte que tout le monde travaille au diapason. »

Focus sur les actions de prévention

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Phasage

La séparation du chantier en trois sections successives (terrassement, semelles et voiles) et sa progression selon un phasage très précis sont les éléments clés du dispositif mis en place.

Le maître d’ouvrage joue son rôle de facilitateur

La particularité des chantiers de reconstruction dans la vallée de la Roya, c’est qu’on y fait constamment des découvertes. Notamment sur la composition des sols et l’enrochement. Cela suppose de procéder à des investigations complémentaires, de lancer des missions géotechniques dans l’urgence et de résoudre les difficultés rencontrées avant de reprendre les travaux. En tant que maître d’ouvrage, le conseil départemental joue pleinement son rôle de facilitateur. Quant aux entreprises du groupement, elles se doivent d’être exemplaires en termes de préparation de chantier, de prévention des risques et d’accueil des différents intervenants.

Nicolas Roland, responsable QSE, la Nouvelle Sirolaise de Construction

Cadrer au maximum avant de démarrer

Du fait des contraintes techniques, il était indispensable, avant de se lancer, d’expliquer au mieux aux équipes les zones de travail, les points d’accès aux postes et les procédures d’exécution, mais aussi les sens de circulation, les aires de lavage pour les toupies, les zones de retournement, de stationnement. En quelque sorte, de cadrer au maximum le chantier avant de démarrer.

Jean-Philippe Disdero, chef de chantier principal, entreprise Garelli.

Une belle expérience humaine

En tant que TPE locale, nous tenions à participer à ces travaux. C’est une fierté d’avoir été intégré au groupement d’entreprises. Nous apportons notre connaissance du terrain et notre capacité d’action rapide. En retour, la culture prévention des autres entreprises nous encourage à plus de vigilance pour ne pas nous mettre en danger. C’est une belle expérience humaine.

Adrien Pastorelli, dirigeant de l'entreprise Pastorelli

Le + prévention : Le bétonnage des voiles sous haute surveillance

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Un banc de ferraillage pour les cages d’armatures

Un banc de ferraillage a été aménagé sur le chantier pour permettre l’installation au sol des cages d’armatures avant leur mise en place à la grue à l’aide d’un palonnier de relevage. Alors qu’habituellement, les arrêts de coffrage sont faits en éléments traditionnels (bois), des arrêts de coffrage métalliques sont ici soudés entre eux pour gagner en sécurité lors du levage et de l’assemblage des panneaux.