Le logo de PréventionBTP avec le texte : "un service OPPBTP"
CHANTIER DU MOIS

Restauration du musée des Beaux-arts de Reims : de la technicité à tous les niveaux

À Reims, la restauration du musée des Beaux-arts met en œuvre un éventail de techniques appliquées avec maîtrise au bâtiment réhabilité et à une extension.

Date : 27/05/2024

L F

Loïc Féron

En résumé

● Une logistique adaptée au cœur de ville.
● Une double structure métallique pour trois usages.

Reportage paru dans Prévention n°284-Mai 2024-p. 15

Identité

Maîtrise d’ouvrage : Ville de Reims

Architecte : Francisco Aires Mateus Arquitectos

Groupement d’entreprises : Thouraud (agence de la division Fayat Bâtiment), mandataire, Sefi-Intrafor (division Fayat Fondations), Varnerot

CSPS : Patrick Delattre, CS BTP

Effectif : maximum 100 personnes

Début des travaux : juillet 2023

Livraison : octobre 2025

Coût : 65 millions d'euros

Ingénieur en Prévention OPPBTP : Pascal Bouillie

Restauration du musée des Beaux-arts de Reims : de la technicité à tous les niveaux

Conserver ou détruire ? Réhabiliter ou reconstruire ? Ces questions se sont posées à la ville de Reims et à son maître d’œuvre pour l’opération de restauration du musée des Beaux-arts. La réponse sera mixte. Du côté du bâtiment classé monument historique, les éléments intangibles, comme les façades et les escaliers monumentaux, sont conservés. Des planchers sont recréés – incluant un étage supplémentaire – de façon à tripler les surfaces d’accueil des collections. Reliée par une « faille contemporaine » à cet ensemble réhabilité, l’extension se déploie essentiellement en sous-sol : salle d’exposition temporaire, auditorium de 220 places et centre de documentation. En rez-de-chaussée, la surface est allouée à plusieurs cours intérieures, rappel symbolique des cloîtres de l’ancienne abbaye Saint-Denis.

Deux structures métalliques, trois usages

Pour répondre à la création d’un niveau supplémentaire, le choix a été fait de s’appuyer sur une double structure métallique. « La conservation provisoire de la charpente existante permet le contreventement des murs, principalement en pierres et en briques, avant l’intégration de la charpente neuve, explique Joffrey Ferrer, conducteur de travaux principal de Thouraud (division Fayat Bâtiment). Celle-ci est fixée en pied par des longrines de redressement en béton armé ayant pour fonction de rendre le mur existant stable et de servir de support aux nouveaux planchers et à la nouvelle couverture ». Dans un tout autre registre, la construction de l’extension fait appel à un ensemble de méthodes de fondations spéciales (parois moulées, microberlinoises, micropieux sécants), qui font de cette réalisation un chantier école.

Logistique fine et mesures environnementales

En plein cœur urbain, ce chantier dispose cependant de peu de place. Selon leur encombrement, les approvisionnements s’effectuent depuis trois entrées avant d'être pris en charge par la grue à tour desservant les ailes du bâtiment. Dans le cadre du protocole de livraison, une aire de déchargement a été implantée sur une moitié de la voie publique pour gérer les flux de camions et éviter les nuisances. Partie intégrante de la démarche de développement durable engagée par la ville de Reims, la charte « chantier vert » comporte des mesures destinées à protéger l’environnement (faibles nuisances, maîtrise des pollutions, suivi des consommations…).

La conservation provisoire de la charpente existante permet le contreventement des murs avant l'intégration de la charpente neuve.

La cage d’ascenseur réalisée avant déconstruction

La cage d’ascenseur qui va desservir les salles d’exposition du musée a été réalisée avant la démolition des murs et planchers. « Nous nous sommes servis du plancher existant comme plate-forme de travail pour monter le R+1 et le R+2 de la cage d’ascenseur, explique Frédéric Rolin, directeur de travaux de l’opération de l’entreprise Thouraud. En plus du confort de travail qu’elle procure, cette technique évite de monter un échafaudage périphérique toute hauteur. »

Coup double en matière de performance, la structure existante a donc servi au montage de la cage d’escalier qui, elle-même, sert à stabiliser les murs d’enceinte existants. Avant de déconstruire la toiture et les murs intérieurs, les voiles conservés sont contreventés à l’aide d’étais tire-pousse prenant appui sur la cage d’ascenseur. Au fur et à mesure de la démolition, du haut vers le bas, les étais ont pu être positionnés à bonne hauteur de travail.

« Les escaliers définitifs vont venir se poser sur des poutres consoles en béton armé et se greffer sur la cage d’ascenseur de façon que chaque intervenant du chantier puisse accéder en sécurité aux différents niveaux desservis, explique Frédéric Rolin. La base vie étant à proximité immédiate, ces escaliers vont devenir l’accès principal pour rentrer, à pied d’œuvre, dans le bâtiment. »

Focus sur les actions de prévention

title

Circulations

Le protocole de livraison mis en place est supervisé par un homme « trafic et logistique » à partir du poste de garde. Les compagnons accèdent au chantier par un tourniquet d’accès sur présentation de la Carte BTP et circulent sur des cheminements matérialisés (en bleu).

Deux ans et demi de questionnements et d'études

D’un côté, une extension avec des techniques variées de fondations. De l’autre, une réhabilitation à partir d’une double structure métallique. Et entre les deux, une connexion sous le bâtiment existant. Cette réalisation présente de nombreuses spécificités qui ont nécessité deux ans et demi de questionnements et d’études, en phase conception.

Ludovic Dingreville, chargé du suivi de chantier pour Francisco Aires Mateus Arquitectos

Un important volet environnemental

Situé en centre-ville, devant la cathédrale de Reims, ce chantier comporte un important volet environnemental qui va de la sécurité des personnes, des riverains comme des intervenants, à la protection de la végétation, notamment par une bonne gestion des flux de camions et la clôture hermétique du périmètre. Cette complexité et l’effort demandé aux acteurs du chantier vont encore augmenter avec l’arrivée des corps d’état secondaires, la multiplication des postes et des compagnons.

Walter Gavard-Perret, responsable du projet pour la ville de Reims

Des modes opératoires pour travailler qualitativement et en sécurité

Les modes opératoires retenus par l’entreprise, en concertation avec la maîtrise d’œuvre, permettent de travailler qualitativement et en sécurité. Conserver provisoirement la charpente métallique existante pour le contreventement des murs y contribue. Tout comme de pouvoir effectuer la déconstruction à hauteur d‘homme, grâce à de nouveaux niveaux de plancher.

Joffrey Ferrer, conducteur de travaux principal Thouraud

Le + prévention : Un portique métallique à deux charpentes

title

La conservation de la charpente existante pour contreventement

Plutôt qu’un ouvrage classique en béton, le choix a été fait d’implanter une structure métallique à l’intérieur des bâtiments à réhabiliter. Avant cela, la charpente existante a été conservée pour étançonner la façade (notamment la tête des murs) lors des différents travaux initiaux : curage, désamiantage et démolition, création de fondations micropieux, réalisation des longrines de redressement en béton armé avant la pose de la nouvelle charpente.