Sur un site exigu, comment éviter les circulations verticales ?
À Belfort, la réalisation d’une résidence pour seniors s’appuie sur une organisation pointue et le Lean management pour limiter les déplacements de personnes.
Date : 29/11/2024
Loïc Féron

● La planification collaborative des tâches.
● La qualité du partage de l'information.
Reportage paru dans PréventionBTP n°289-Novembre 2024-p. 15
Identité
Maître d’ouvrage : HomniCity (Promotion) / SCCV Résidence Service Belfort.
Maître d’œuvre : BR Architectures.
Entreprise : C3B, filiale de Vinci Construction (mandataire), deux cotraitants, MDPE (plomberie), Eiffage Energie (électricité).
CSPS : Laurent Munsch, bureau Socotec.
Effectif : 25 salariés.
Début du chantier : septembre 2023.
Durée : 20 mois (dont 13 de gros œuvre).
Livraison : juin 2025.
Conseiller en prévention OPPBTP : François Charmy.

« C’est un chantier 100 % logistique que vous allez visiter », annonce Sébastien Caleiras, le directeur de travaux, au pied de la grue centrale. Ses 50 mètres de flèche couvrent la surface du site, particulièrement exigu, logé en plein centre-ville. L’entreprise franc-comtoise C3B, filiale de Vinci Construction, est ici mandataire de la construction d’une résidence pour seniors de six étages (et un sous-sol) comprenant 98 appartements, un restaurant et un espace bien-être (piscine, détente). De fait, l’exécution de ce chantier dans les délais et en sécurité est rendue possible par une organisation s’appuyant en second œuvre sur le Lean management. Côté gros œuvre, près de 60 % du béton coulé en place est bas carbone. Aménagée sur une demi-chaussée de la rue attenante, la zone de livraison et son quai de déchargement sécurisent l’approvisionnement des matériaux. À quinze kilomètres de là, une plate-forme logistique permet de réguler les approvisionnements en matériels et matériaux. « Nous disposons d’un homme logistique à plein temps sur le chantier, qui gère les besoins quotidiens en lien par talkie-walkie avec les chefs d’équipe », explique Rémi Raimboeuf, conducteur de travaux en charge du gros œuvre chez C3B.
Des interconnexions concrétisées par des dispositifs d’affichage
L’approvisionnement à la grue des postes de travail a pour résultat de limiter les déplacements verticaux et d’éviter, entre autres, les chutes de plain-pied. Détail d’importance : l’entreprise a gardé la grue durant trois mois après la fin du gros œuvre pour faciliter l’acheminement des matériaux. Ces interconnexions entre les phases du chantier et entre les entreprises sont concrétisées par des dispositifs simples d’affichage, d’une part des différentes séquences de travaux (via le Lean) mais aussi de bonnes pratiques partagées sous forme de photos dans la base vie et le couloir d’accès. « Sur ce type de chantier très cadencé, avec des travaux de maçonnerie répétitifs à risques, il faut rester vigilant à l’engagement constant des compagnons concernant la sécurité collective, observe Laurent Munsch, le coordonnateur SPS. Quels que soient les aléas météo ou d’approvisionnements, les conditions de travail de chaque compagnon dépendent de la qualité du partage de l’information, des relations entre collègues et de l’ambiance générale. »
Il faut rester vigilant à l’engagement constant des compagnons concernant la sécurité collective.
Le Lean management appliqué au second œuvre
Chef d’orchestre du chantier, l’entreprise C3B accorde une importance majeure à son rôle de mandataire, qu’elle assume dans la durée, au-delà du gros œuvre.
Pour organiser les interventions et valider les engagements de la dizaine de ses sous-traitants, elle a recours au Lean management via le Last Planner System (LPS). Cet outil de planification collaborative utilisé en second œuvre lui permet, par l’amélioration continue, d’optimiser ses résultats (économiques, techniques et en prévention).
« Nos sous-traitants sont mis à contribution pour créer leurs enchaînements de tâches sur le chantier », explique Aurélien Dieudonné, conducteur de travaux pour le second œuvre et en charge de cette partie Lean. C3B utilise des supports, essentiellement visuels, pour valider le zoning (trois zones de six ou sept logements chacune) et le sens d’avancement, décrire le détail des travaux à réaliser, évaluer le nombre nécessaire de salariés
et les risques associés à chaque séquence.
Des réunions hebdomadaires sont animées par le conducteur de travaux à l’aide de fonds de plans, de magnets et de couleurs par lot. « Reflet de la coactivité par zone, ces supports permettent de visualiser l’état d’avancement de la semaine, explique Aurélien Dieudonné. Nous disposons des prérequis des entreprises pour recaler la semaine suivante les tâches restant à exécuter, dans quelles zones et avec quels matériaux et outils à disposition. »
Focus sur les actions de prévention

Accès
Pour se rendre dans la zone travaux, les compagnons franchissent un portillon avec contrôle d’accès par badge, avant de suivre un cheminement fléché et balisé par un tapis rouge.
Un échange pragmatique entre les entreprises
Le fait que les chefs de chantier des corps d’état secondaires assistent aux réunions sur l’avancement favorise un échange pragmatique entre les entreprises. L’objectif poursuivi est de responsabiliser les salariés et de faire vivre cet état d’esprit tout au long du chantier. Le Lean management permet, quant à lui, d’en réguler l’avancement en évitant la coactivité.
Joachim De Brito, responsable SSE chez C3B
Des recettes à matériaux à chaque étage
Il faut souligner la qualité organisationnelle de ce chantier urbain dont la principale difficulté réside dans le stockage. Sa situation enclavée engendre beaucoup de livraisons en flux tendus, de manutentions de matériels et d’élingage. C3B dispose heureusement de processus de sécurité éprouvés. Pour l’approvisionnement dans les étages, notamment des menuiseries intérieures et extérieures, il est prévu de disposer des recettes à matériaux à chaque étage.
Nous essayons de profiter au maximum de la grue pour éviter les déplacements verticaux.
Laurent Munsch, CSPS, bureau Socotec.
L’importance des briefings de poste
La question est de savoir comment faire participer activement les compagnons à la prévention. Nous privilégions les briefings de poste avec les chefs d’équipe et faisons en sorte d’impliquer les sous-traitants avec les chefs de chantier. À titre d’exemple, nous leur organisons des quarts d'heure sécurité dédiés à la prévention. Nous mettons tout en œuvre pour assurer la coordination avec les corps d’états secondaires via le Lean management.
Sébastien Caleiras, directeur de travaux chez C3B
Le + prévention : Des équipements efficaces et sûrs

Un quai de déchargement avec platelage amovible
Un quai de chargement sécurisé, avec platelage amovible et potence antichute sur deux postes, a été installé sur la zone « livraison » prise sur une demi-chaussée. « Cet équipement vient de notre parc matériel, explique Sébastien Caleiras, directeur de travaux C3B. Cette solution, qui répond à l’exiguïté du site, est mise ici en application grâce aux retours d’expérience et aux synergies entre les filiales de Vinci Construction.