Sur un site exigu, comment éviter les circulations verticales ?
À Belfort, la réalisation d’une résidence pour seniors s’appuie sur une organisation pointue et le Lean management pour limiter les déplacements de personnes.
Date de mise à jour : 29 nov. 2024 - Auteur : Loïc Féron
● La planification collaborative des tâches.
● La qualité du partage de l'information.
Reportage paru dans PréventionBTP n°289-Novembre 2024-p. 15
Photo : 289 Chantier du Mois C3B a03 principale
Crédit photo : Frédéric Vielcanet
Tous corps d'état
À Belfort, la réalisation d’une résidence pour seniors s’appuie sur une organisation pointue et le Lean management pour limiter les déplacements.
« C’est un chantier 100 % logistique que vous allez visiter », annonce Sébastien Caleiras, le directeur de travaux, au pied de la grue centrale. Ses 50 mètres de flèche couvrent la surface du site, particulièrement exigu, logé en plein centre-ville. L’entreprise franc-comtoise C3B, filiale de Vinci Construction, est ici mandataire de la construction d’une résidence pour seniors de six étages (et un sous-sol) comprenant 98 appartements, un restaurant et un espace bien-être (piscine, détente). De fait, l’exécution de ce chantier dans les délais et en sécurité est rendue possible par une organisation s’appuyant en second œuvre sur le Lean management. Côté gros œuvre, près de 60 % du béton coulé en place est bas carbone. Aménagée sur une demi-chaussée de la rue attenante, la zone de livraison et son quai de déchargement sécurisent l’approvisionnement des matériaux. À quinze kilomètres de là, une plate-forme logistique permet de réguler les approvisionnements en matériels et matériaux. « Nous disposons d’un homme logistique à plein temps sur le chantier, qui gère les besoins quotidiens en lien par talkie-walkie avec les chefs d’équipe », explique Rémi Raimboeuf, conducteur de travaux en charge du gros œuvre chez C3B.
Des interconnexions concrétisées par des dispositifs d’affichage
L’approvisionnement à la grue des postes de travail a pour résultat de limiter les déplacements verticaux et d’éviter, entre autres, les chutes de plain-pied. Détail d’importance : l’entreprise a gardé la grue durant trois mois après la fin du gros œuvre pour faciliter l’acheminement des matériaux. Ces interconnexions entre les phases du chantier et entre les entreprises sont concrétisées par des dispositifs simples d’affichage, d’une part des différentes séquences de travaux (via le Lean) mais aussi de bonnes pratiques partagées sous forme de photos dans la base vie et le couloir d’accès. « Sur ce type de chantier très cadencé, avec des travaux de maçonnerie répétitifs à risques, il faut rester vigilant à l’engagement constant des compagnons concernant la sécurité collective, observe Laurent Munsch, le coordonnateur SPS. Quels que soient les aléas météo ou d’approvisionnements, les conditions de travail de chaque compagnon dépendent de la qualité du partage de l’information, des relations entre collègues et de l’ambiance générale. »
Il faut rester vigilant à l’engagement constant des compagnons concernant la sécurité collective.
Le Lean management appliqué au second œuvre
Chef d’orchestre du chantier, l’entreprise C3B accorde une importance majeure à son rôle de mandataire, qu’elle assume dans la durée, au-delà du gros œuvre.
Pour organiser les interventions et valider les engagements de la dizaine de ses sous-traitants, elle a recours au Lean management via le Last Planner System (LPS). Cet outil de planification collaborative utilisé en second œuvre lui permet, par l’amélioration continue, d’optimiser ses résultats (économiques, techniques et en prévention).
« Nos sous-traitants sont mis à contribution pour créer leurs enchaînements de tâches sur le chantier », explique Aurélien Dieudonné, conducteur de travaux pour le second œuvre et en charge de cette partie Lean. C3B utilise des supports, essentiellement visuels, pour valider le zoning (trois zones de six ou sept logements chacune) et le sens d’avancement, décrire le détail des travaux à réaliser, évaluer le nombre nécessaire de salariés
et les risques associés à chaque séquence.
Des réunions hebdomadaires sont animées par le conducteur de travaux à l’aide de fonds de plans, de magnets et de couleurs par lot. « Reflet de la coactivité par zone, ces supports permettent de visualiser l’état d’avancement de la semaine, explique Aurélien Dieudonné. Nous disposons des prérequis des entreprises pour recaler la semaine suivante les tâches restant à exécuter, dans quelles zones et avec quels matériaux et outils à disposition. »