La sécurité pour tous chez Solewa, du sol… à la toiture solaire
Spécialiste du photovoltaïque dans le Grand Ouest, Solewa Wewise a pour objectif de mener la sécurité au travail vers une culture à part entière.
Date de mise à jour : 27 mai 2025 - Auteur : Fabienne Leroy
Solewa, créée en 2006, a connu une croissance soutenue et rapide (+ 40 % par an) liée au développement de la filière photovoltaïque française. Dotée d’un siège social au Mans, l’entreprise – devenue filiale du groupe Butagaz en 2021 – n’a cessé de recruter. Elle compte désormais 160 salariés répartis dans cinq agences qui opèrent sous la marque commerciale Wewise. Avec une clientèle composée à cent pour cent de professionnels (dont 80 % dans le secteur agricole et 20 % en industrie-tertiaire), la société se fixe pour objectif d’installer un gigawatt-crête d’ici à 2030 (l’équivalent de 250 000 foyers en puissance installée).
L’entreprise Solewa, dirigée par Alioune Sow, directeur général (à droite), s’appuie sur une équipe composée, de gauche à droite, de Serge Compaoré, responsable HSE, Arnaud Denis, technicien QHSE, et Quentin Pourreau, directeur RH et QHSE.
Objectif : zéro accident
Cette politique s’accompagne d’objectifs très ambitieux en matière de sécurité… « Nous souhaitons devenir un acteur reconnu en gestion de ressources humaines et de la sécurité, tout en restant un opérateur de qualité », souligne Alioune Sow, directeur général. Pour y parvenir et atteindre le zéro accident, l’entreprise parie sur un projet collectif incluant tous les salariés. « Tous les métiers, y compris nos services de la communication, la vente, jusqu’à l’exploitation et la maintenance, sont intégrés dans ce projet RH global », explique Quentin Pourreau, directeur RH et QHSE. À titre d’exemple, le service HSE, qui compte trois personnes, examine les contrats de vente aux clients. Si les protections collectives (garde-corps, filets…) ne peuvent pas être installées sur un chantier en raison de la configuration des lieux, d’autres solutions seront étudiées. En cas d’impossibilité de respect des standards sécurité de l’entreprise, le contrat sera refusé.
Stop aux glissades sur les bacs de toiture
L’entreprise constate déjà les effets positifs des actions mises en place. Elle ne déplore qu’un seul accident sans arrêt de travail sur l’année 2024, en dépit de conditions météorologiques difficiles et de la croissance de l’activité. Les bacs de toiture antidérapants (plus coûteux) sont majoritairement prescrits grâce à une politique d’incitation, objectif : 5 % de bacs lisses contre 16 % en 2023. Les commerciaux sensibilisent les clients sur les risques de chutes des techniciens en cas d’utilisation de bacs lisses et leur font bénéficier des conditions tarifaires avantageuses du service achat. En outre, ce bac antidérapant permet de travailler en cas de pluie ou de givre léger, ce qui limite les retards de chantier.
Prévention : des groupes de travail impliqués
C’est en 2019 que le projet de culture prévention a vu le jour. Déjà très engagée sur la sécurité, la direction générale a décidé de passer à la vitesse supérieure. « Dans ce secteur en forte croissance, il est important de renforcer la culture managériale et sécurité », relève Quentin Pourreau. Ce domaine cumule en effet des risques majeurs (chute de hauteur, risque électrique, routier) avec quelques salariés intérimaires et peu expérimentés, augmentant le risque d'accidents. Des groupes de travail regroupant l’ensemble des fonctions et des agences de l’entreprise ont été constitués pour caractériser les risques, avec l’idée de favoriser leur appropriation par l’ensemble des salariés. Ce travail a permis de définir plusieurs outils dont « Les risques majeurs et les règles qui sauvent ». Une nouvelle étape vise à intégrer cette culture sécurité au niveau du management intermédiaire, donc des chefs d’équipe, des chargés de maintenance et des conducteurs de travaux. D’où la mise en place de la formation Prév’action encadrement par l’OPPBTP.
Former les futurs techniciens poseurs de panneaux photovoltaïques
« Aujourd’hui, nous travaillons sur l’applicabilité des règles qui sauvent en poursuivant la sensibilisation des équipes en accord avec les règles communes à Wewise », reprend Quentin Pourreau. Une sensibilisation d’autant plus importante que la jeune filière du photovoltaïque peine à recruter, et embauche des personnes issues d’autres branches d’activité. C’est la raison pour laquelle l’entreprise a coconstruit deux formations avec les acteurs de la formation et les représentants de la filière solaire, au Mans et à la Roche-sur-Yon. Son objectif : former les demandeurs d’emploi sur les aspects de prévention, le raccordement électrique, la pose des sécurités collectives, le port du harnais… Enfin, une académie de formation interne à la marque Wewise a pour but de former l’ensemble des salariés sur un socle HSE commun.
Focus sur une action
Une culture de sécurité s’est imposée chez Solewa Wewise avec plusieurs outils pratiques, dont les règles qui sauvent.
La politique de prévention de l’entreprise se décline en plusieurs outils pratiques mis à disposition des salariés sur les cinq sites de Solewa. Serge Compaoré, responsable HSE, a participé avec l’OPPBTP à la mise en place de ces outils, dont il explique le fonctionnement.
En quoi consistent les règles qui sauvent ?
Cet outil, sous format d’une carte de visite, décline sur l’une des faces, les risques majeurs de l’entreprise. On y trouve, par ordre d’importance, les chutes de hauteur, le risque électrique, le risque routier, les heurts d’engins et les charges en mouvements, la manutention manuelle et enfin, le défaut de protection individuelle.
Comment cette carte fonctionne-t-elle ?
Sur l’autre face de la carte, cinq questions sont posées avec l’objectif d’assurer la minute d’arrêt sécurité au quotidien. Exemple de question : « Les accès et l’environnement de mon poste de travail me permettent de travailler en sécurité ? ». Si le salarié répond « non » à l’une des cinq questions, il doit contacter son responsable. C’est écrit en rouge sur blanc sur la carte.
Quels retours en avez-vous aujourd’hui ?
Nous avons des remontées plus fréquentes, c’est-à-dire trente et une en 2024, contre dix en 2023. Et nous avons un objectif ambitieux pour 2025 avec vingt-cinq remontées par mois, soit une alerte mensuelle par équipe*. En fait, chaque alerte correspond à une prise de conscience d’un risque par une équipe, qui doit donner lieu à un retour d’expérience.
*Solewa emploie 130 techniciens photovoltaïques mainteneurs et électriciens chaque jour sur les chantiers dont plus de la moitié en interne.
L'outil décline les cinq risques majeurs de l'entreprise.
Serge Compaoré, responsable HSE
Après une école d’ingénieur à Poitiers, l’École nationale supérieure des sciences applicatives et du risque, Serge Compaoré, 45 ans, a occupé plusieurs postes de responsable QHSE dans le groupe Sade CGTH pendant douze ans. Il a ensuite rejoint Eiffage Énergie Systèmes Nouvelle-Aquitaine en tant que responsable de la filiale Poitou-Charentes. Puis, il a intégré Solewa en 2023.
Photo : La sécurité pour tous chez Solewa - Serge Compaore
Crédit photo : Emmanuel Gabily

● Trois groupes de travail ont été constitués pour identifier les risques majeurs en lien avec le document unique (ou DUERP). Ils ont défini des outils comme les règles qui sauvent mais aussi des moyens à déployer pour ancrer la culture sécurité (leadership).● Une formation de l’encadrement au leadership a été mise en place, avec tous les chefs d’équipe, les mainteneurs et conducteurs de travaux. Objectif : s’assurer de l’adhésion et de l’applicabilité des règles qui sauvent (40 personnes formées).● Plusieurs livrables à disposition des équipes concrétisent ces actions : affiches sur les risques majeurs et cartes supports pour les règles qui sauvent, chasse aux risques digitale 360°, support de formation d’accueil SSE pour tous les nouveaux arrivants…