En résumé
  • Une attention permanente portée à la sécurité et à la qualité de vie au travail.
  • Une entreprise à l’écoute de ses salariés.

Interview parue dans PréventionBTP n°294-Avril 2025-p. 34.

294 Grand Entretien SNIE

©Frédéric Vielcanet

La SNIE, bien implantée dans son territoire de Seine-et-Marne, n’hésite pas à porter la bonne parole de la prévention auprès des entreprises du BTP. Ses dirigeants sont à l’écoute de leurs collaborateurs, sur la sécurité et les conditions de travail comme sur bien d’autres sujets, avec bienveillance.

Parcours

Fabien Crief, diplômé de l’ESTP (conduite de travaux) (à gauche sur la photo).
1986. Intègre l’entreprise créée par son père André Crief comme conducteur de travaux puis devient responsable d’études (1992).
1993. Directeur commercial.
1994-1997. Directeur général.
Juillet 1997. Président du directoire (de la SA SNIE)
2017. Président de la SNIE devenue SAS, son frère Laurent Crief en étant le directeur général.

Joël Chêne
1985. Débute sa carrière à la SNIE en tant que dessinateur.
1994. Responsable du bureau d’études puis animateur qualité et président du CHSCT
2002. Directeur QSE et RSE et directeur associé
2022 (décembre). Président du Sist BTP Seine-et-Marne.
2025. Directeur général délégué de la SAS SNIE.

Quel est le cœur d’activité de votre entreprise?
Fabien Crief: La SNIE a été créée en 1966 par mon père André Crief. Je la dirige avec mon frère Laurent, et elle accueille aujourd’hui 494 salariés. Elle est spécialisée en électricité dans le bâtiment, et particulièrement dans le logement neuf, avec un développement depuis environ cinq ans dans le tertiaire. Nous avons également une activité de maintenance. Au fil des années, nous sommes devenus les installateurs les plus importants d’Île-de-France avec des interventions dans environ 9 500 à 10 000 logements neufs par an et en moyenne 240 chantiers ouverts. Autre particularité : nous intégrons tous les process : chiffrage, études, préfabrication, stockage, livraison, et tirage de nos plans. Nous n’avons pas la soupape de sécurité des entreprises qui sous-traitent beaucoup, mais nous assumons ce choix, la sous-traitance représente à peine 2 % de notre activité. On maîtrise tous les process et pour la prévention, ce n’est pas négligeable.

Justement, en matière de prévention, quelle est votre approche ?
FC.: La prévention est dans l’ADN de l’entreprise depuis sa création. L’humain est au cœur de notre entreprise, on ne transige pas sur la sécurité. Il m’arrive régulièrement de me déplacer sur des chantiers sur des sujets de prévention. Nous n’hésitons pas à envoyer des notes à nos clients, par exemple sur le sujet de l’hygiène avec des photos à l’appui… au risque parfois d’être impopulaires. Nous nous exprimons quand le rôle de CSPS n’est pas assumé. Le gros œuvre est maître de la sécurité mais quand la sécurité de nos salariés est en danger, c’est notre responsabilité. Et nous savons que l’attention portée aux conditions de travail des salariés, c’est ce qui paie à long terme. Cela se ressent dans la qualité de notre travail et donc la fidélité de nos clients. Un exemple : nous travaillons depuis plus de
quarante ans avec Kaufman&Broad.
Joël Chêne: Il y a une date clé pour nous sur la prévention, 1994. La prévention est arrivée par la mise en place du CHSCT, et a été initiée par le médecin du travail. Aussitôt les préventeurs, OPPBTP, Cramif, Inspection du travail, ont répondu présents aux invitations de l’instance, et depuis ils n’ont pas quitté la table, avec aujourd’hui une Commission santé sécurité et conditions de travail (CSSCT). Cette culture a grandi aussi grâce à l’appui de Fabien et Laurent Crief et avec l’aide des organisations professionnelles présentes, qui nous orientaient vers les pistes de progrès. Je préside aujourd’hui le Sist BTP Seine-et-Marne et cela m’amène également à promouvoir leur champ d’action sur tous les risques, pas uniquement sur la visite médicale.

294 Grand entretien - Fabien Crief, président, et Joël Chêne, directeur général délégué de la SNIE

La prévention fait pleinement partie de notre process d’amélioration continue.

Joël Chêne, directeur général délégue de la SNIE

Avec la prévention, la RSE est également au cœur de vos préoccupations…
F. C.: En effet, le travail de tous les jours pour la protection de nos salariés est en cohérence avec notre label engagé RSE, ISO 26 000 niveau exemplaire. Nous sommes aussi certifiés ISO 9001 depuis 2001.
J.C.: Dans le cadre de cette labélisation, nous organisons des réunions sur les attentes mutuelles qui engendrent un énorme travail de collecte de ce qui est dit par nos collaborateurs. Le rapport est étudié par le comité de direction et ensuite nous engageons un plan d’action. La prévention fait pleinement partie de notre process d’amélioration continue et la culture prévention est le domaine où nous obtenons le plus de scores, avec un niveau exemplaire. Nous sommes également ambassadeurs Afnor pour apporter notre témoignage et mettre la RSE à la portée des petites et moyennes entreprises.

L’écoute de vos collaborateurs a une grande place pour vous.
J.C.: Oui, c’est essentiel. Nous associons par exemple nos collaborateurs au choix des EPI. Et les services technique, qualité et prévention travaillent en étroite collaboration. En début d’année, nous avons changé de fournisseur de matériel électroportatif, après une période de test de trois mois, avec un suivi continu d’une personne du pôle technique et de la chargée de prévention avant de valider le produit.

Quels sont les principaux risques auxquels vos collaborateurs sont exposés ?
J.C.: Nous intervenons souvent en coactivité et, de par notre métier, la réalisation d’installations électriques courants forts et courants faibles, nos opérateurs sont exposés au risque électrique. Mais également au risque de chute de hauteur, aux TMS, avec des tâches qui nécessitent certains mouvements à genoux, les bras levés… Le risque routier et l’hygiène font également partie de nos préoccupations tout comme les risques spécifiques liés au personnel travaillant dans les bureaux. En 2023, le déplacement piéton est impliqué dans 33 % des accidents du travail puis viennent les manutentions manuelles (12 %) et les heurts (12 %). De manière générale, nous portons une attention particulière à la qualité de vie et aux conditions de travail, et ce dès l’intégration des collaborateurs. Les nouveaux arrivants passent une journée complète au siège et visitent les différents services, dont le service prévention. On leur présente tous les risques qu’ils pourront rencontrer sur un chantier.

Le but c’est d’être influenceur en matière de prévention, de donner un élan pour tendre vers cette culture prévention.

Joël Chêne, directeur général délégue de la SNIE

Quelles leçons tirez-vous des accidents survenus ?
J.C.: Tous nos accidents du travail sont analysés, restitués et il en ressort un support inspiré de la fiche accident du magazine Prévention BTP. Mensuellement, on partage avec les managers de proximité et on diffuse ces fiches, en expliquant ce qui s’est passé et ce qu’il aurait fallu faire. Notre approche est pédagogique et cela peut déboucher sur la mise en place de nouveaux modes opératoires. Des collaborateurs n’hésitent pas non plus à nous partager de bonnes idées ou matériels vus sur les chantiers.

Vous avez aussi su rebondir sur vos erreurs.
J.C.: En effet, en 2011 à la suite d’une injonction de la Cramif sur le port de charges et le déplacement sur chantier, engendrant une exposition aux TMS avec les manutentions dans les cages d’escalier, nous avons informé la maîtrise d’ouvrage de la nécessité d’agir. De là est née la charte Mesa, ou mise en service des ascenseurs définitifs en phase chantier, signée par certains maîtres d’ouvrage. Elle continue de vivre encore aujourd’hui. On en est fiers.

Vous partagez volontiers votre expérience autour des sujets de prévention. Comment ?
J.C.: Le but c’est d’être influenceur en matière de prévention, de donner un élan pour tendre vers cette culture prévention que toutes les entreprises n’ont pas forcément. Alexandre Chauveau, mon adjoint, participe aux Cap Prévention de l’OPPBTP. On voit qu’il y a de la souffrance chez les préventeurs qui se sentent isolés, car dans certaines entreprises, le poste y est développé mais pas forcément les moyens derrière ni la volonté. Lorsque nous y participons, nous partageons des bonnes pratiques que chacun peut s’approprier et dupliquer, et à moindre coût. Nous comptons aussi sur notre ancrage territorial. En 2006, dans le cadre de la charte de bonne conduite, la FFB Île-de-France Est nous a contactés pour être entreprise de référence sur le territoire pour le risque routier. Nous sommes la voix des entreprises, aux côtés de la Cramif, de l’OPPBTP, du Sist BTP et de la préfecture.

Certaines entreprises peuvent être frileuses à investir en prévention. Quel message leur délivrez-vous ?
F. C.: On ne calcule pas. C’est notre conviction qui nous guide. On sait combien nous coûtent nos accidents mais jamais on ne se positionne en calculant un retour sur investissement. Ce sont la sécurité et le confort de travail de nos collaborateurs qui comptent.

Vous êtes aussi à l’affût des innovations au service de votre performance et de la prévention.
J.C.: Après plusieurs mois de réflexions, d’études, fabrication et installation, la préfileuse industrielle du fabricant français Mecaspin est opérationnelle à l’atelier de préfabrication pieuvres. Actuellement, les opérateurs en binômes se forment à la machine et découvrent les nouveaux gestes. C’est une solution qui va réduire la pénibilité des opérateurs lors des tâches de tirages de câbles, tout en gagnant en performance. De plus, elle est issue d’un travail d’équipe avec les opérateurs et manager de l’atelier, la direction technique, le service informatique, les services généraux et le service prévention. Cette révolution de notre mode de production est une action forte de notre plan 2025, alliant à la fois innovation, performance, amélioration des conditions de travail et durabilité.

Des visites prévention sur les chantiers

294 Grand Entretien SNIE Alexandre Chauveau Alexandre Chauveau, adjoint au directeur QSE et RSE.


Régulièrement, le service prévention se rend sur les chantiers pour observer les conditions de travail des collaborateurs et pratique des audits prévention restitués auprès du manager. « Au cours des visites prévention, nous sommes dans une posture de dialogue avec le chef de chantier, explique Alexandre Chauveau (photo), adjoint au directeur QSE et RSE. Nous cherchons ensemble des solutions pour que le chantier fonctionne mieux, nous ne sommes pas des donneurs de leçons. En échangeant avec le manager sur les sujets de sécurité, nous lui expliquons qu’au-delà d’une personne blessée, un accident engendre aussi un manque de collaborateurs et une désorganisation. Alors que s’il avait pris un peu de temps pour mettre des éléments de sécurité en place, peut-être avec un petit coût financier, il aurait été vite amorti. » Un message qui passe bien.

Profil

La SNIE, Société nouvelle d'installations électriques, a été créée en 1966 par André Crief et comptait alors quatre salariés. Elle en accueille aujourd’hui 494. Spécialisée dans l'électricité d'incorporation dans le logement neuf individuel et collectif, la SNIE est devenue une référence dans son cœur de métier. Elle a développé de nouvelles activités : le tertiaire neuf de bureaux, les résidences hôtelières et les résidences spécialisées, ou encore les marchés émergents : logements connectés, infrastructures de recharge de véhicule électrique(IRVE), panneaux photovoltaïques…

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