Comment réussir un rendez-vous de liaison ?
Le rendez-vous de liaison, créé par la loi du 2 août 2021, permet de maintenir un contact entre un salarié et son entreprise durant un arrêt de travail long. Encore mal connu tant des employeurs que des compagnons, ce rendez-vous peine à se faire une place. Bien utilisé, ce dispositif pourrait pourtant jouer un rôle clé dans la prévention de la désinsertion professionnelle (PDP). Conseils.
Date de mise à jour : 28 avr. 2025 - Auteur : Cendrine Barruyer
● Un nouvel outil de lutte contre la désinsertion professionnelle.
● Une information du salarié sur les mesures mises en place pour favoriser son retour dans l’entreprise.
Article paru dans PréventionBTP n°294-Avril 2025-p. 30.
« Des rendez-vous de liaison ? J'en ai de temps en temps, mais uniquement à mon initiative. » Le constat du Dr Pascale Cavion, médecin du travail au SIST-BTP Lorraine, est largement partagé par ses confrères. Créé par la loi du 2 août 2021 et mis en place par le décret du 16 mars 2022, le rendez-vous de liaison vise à anticiper le retour en entreprise d’un salarié en arrêt maladie longue durée. Mais cet outil reste encore confidentiel. « Il y a une véritable sous-information des employeurs, note le Dr Cavion, entre ceux qui ignorent son existence et ceux qui en ont entendu parler mais n’osent pas l’utiliser par crainte d’une réaction négative du salarié. » Pourtant, d’après les textes, quand un salarié est en arrêt de plus trente jours, son employeur doit proposer ce rendez-vous.
Risque de désinsertion professionnelle
Cet entretien n'est pas un rendez-vous médical mais un rendez-vous destiné à maintenir un lien entre le salarié pendant son arrêt de travail et son employeur. À cette occasion, l’employeur doit informer le salarié qu'il peut bénéficier d'actions de prévention de la désinsertion professionnelle, d'une visite de préreprise avec le médecin du travail et de mesures individuelles d’aménagement, d’adaptation ou de transformation du poste de travail. Ou encore de mesures d’aménagement du temps de travail afin d’accompagner la reprise du travail. D’autres intervenants, comme le médecin du travail ou le référent handicap, peuvent être conviés. « Parfois, le salarié me contacte avant d’accepter l’invitation. Je le rassure sur le fait qu’il a tout intérêt à honorer ce rendez-vous mais qu’il a également le droit de ne pas donner suite. Je lui parle du risque de désinsertion professionnelle et lui explique que s’il faut aménager son poste cela va prendre du temps », indique le Dr Jean-Marc Plat de l’APST-BTP06. Quelques exemples ? « J’étais allé en entreprise gérer une inaptitude. Incidemment l’employeur mentionne le cas d’un compagnon en arrêt depuis plus d’un an et dont il n’a aucune nouvelle. Je lui ai suggéré d’organiser un rendez-vous de liaison. Nous avons ainsi pu lancer toutes les actions pour aménager son poste. Il est revenu après quelques mois sur un temps partiel thérapeutique, sans manutention. S’il s’était présenté en visite de reprise sans ce travail de préparation, j’aurais été contraint de mettre des restrictions. » Autre cas, une situation de risques psychosociaux. L’employeur ne connaissait pas la raison de l’arrêt et le médecin était soumis au secret médical. Lors de l’entretien, le salarié a pu échanger librement avec l’employeur. « À la suite de ces échanges, nous sommes en discussion avec l’employeur pour affecter le salarié dans un autre service. Sans ce rendez-vous, la situation se serait probablement terminée par une inaptitude », ajoute le Dr Plat. Le rendez-vous de liaison peut être réalisé à la demande du salarié, même si pour l'instant c'est exceptionnel. Mais le Dr Plat pense que ce n’est qu’une affaire de temps. « La visite de préreprise est entrée dans les mœurs et nous avons de plus en plus de demandes émanant de salariés. Il en sera de même pour le rendez-vous de liaison. »
Les freins au rendez-vous de liaison
- Côté salariés, « Pendant des décennies, la seule relation entre l’employeur et l’employé pendant un arrêt maladie était le contrôle patronal », note le Dr Plat. Certains salariés redoutent donc que cet entretien vise à accélérer la reprise du travail. Or, il s'agit d'un temps d’information. Il ne modifie nullement la suspension du contrat de travail, effective pendant toute la durée de l’arrêt.
- Côté entreprises, toutes n'en voient pas l’intérêt, mais « quand l’employeur connaît les cellules PDP, il est souvent convaincu de l’importance de ce rendez-vous », rassure le Dr Plat.
- La solution : informer ! Le SPST joue un rôle essentiel. « En consultation, nous parlons aux salariés de ces nouveaux rendez-vous. Sur le terrain, quand nous venons faire les fiches d'entreprise, nous sensibilisons l’employeur. »
4 points à savoir avant d’organiser un rendez-vous de liaison

Lancer une invitation
Tout salarié en arrêt maladie de plus de 30 jours (continu ou discontinu) peut être invité à un rendez-vous de liaison. Le courrier précisera que le salarié est libre d’accepter ou pas l’entretien. En cas d’acceptation, l’employeur dispose de 15 jours pour proposer une date. L’entretien peut aussi être sollicité directement par le salarié.

Ne pas oublier le SPST
L’employeur doit informer son service de prévention et de santé au travail 8 jours avant la tenue du rendez-vous. Le SPST peut être présent ou pas. Il sera alors représenté par un membre de l’équipe pluridisciplinaire ou par un membre de la cellule PDP. Son rôle sera purement informatif : présentation de tous les outils visant à maintenir les salariés en emploi.

Discuter et informer
Ce n’est pas un rendez-vous médical mais un rendez-vous qui vise à :- Maintenir un lien entre employeur et employé pendant un arrêt durable.- Présenter les multiples dispositifs mis en place pour prévenir l’usure et la désinsertion professionnelle (formations, aménagement de poste, essai encadré, visite de pré-reprise, visite de mi-carrière, RQTH, cellules PDP…).