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En résumé

● Les travailleurs de nuit et les travailleurs postés ont souvent une dette de sommeil.
● Des mesures simples améliorent la durée et la qualité du sommeil.
Article paru dans PréventionBTP n°264-Juillet-Août 2022-p. 28.

Refaire l'asphalte d'une autoroute, creuser un tunnel, réhabiliter un centre commercial ou étendre un site industriel, sont autant de travaux réalisés en horaires décalés soit parce qu'il convient d'éviter la coactivité ou maintenir la continuité du service de jour, soit parce que les engins fonctionnent 24 h/24 pendant toute la durée d'un chantier. Ces travaux imposent aux équipes un rythme artificiel qui affecte leur sommeil. La modification du rythme veille-sommeil peut entraîner des conséquences sur la santé, comme le rappelle un rapport de l'Anses* : troubles du sommeil, troubles métaboliques et risques probables cancérogènes, troubles cardiovasculaires et psychiques. À cela s'ajoute une fatigue accrue et une augmentation de l'accidentologie, tant sur le lieu de travail que lors des trajets. Préserver un temps suffisant de repos est essentiel pour conserver une vigilance optimale et limiter ces risques. Les salariés en horaires décalés font l'objet d'un suivi individuel adapté (SIA). Ils bénéficient, au moins une fois tous les trois ans, d'une visite médicale. « Pour les postes de sécurité, l'idéal serait de les voir tous les ans », indique le Dr Katy Mamou, médecin du travail à l'ACMS de Suresnes. Lors de l'entretien, le médecin explore l'état de santé général de la personne. Il interroge également sur les traitements en cours, notamment ceux qui pourraient affecter la vigilance. Mais surtout, les questions d'hygiène de vie sont centrales. Car, plus que pour tout autre salarié, le respect d'une alimentation saine et équilibrée et d'un sommeil suffisant en qualité et en quantité est essentiel. Le médecin s'intéresse enfin au poste de travail (horaires, luminosité…) et aux temps de pause (collations, siestes…).

Horaires décalés : s'adapter dans toutes les situations

Certaines situations ne permettent pas d'aménagements simples du poste. « Les opérateurs de tunneliers travaillent sur des machines qui fonctionnent en continu, note Katy Mamou. Ils ne peuvent pas, dans ces conditions, prendre une pause pour faire une sieste en milieu de nuit. » Ils n'ont d'autre choix que de multiplier les microtemps de repos, pour conserver un niveau de vigilance optimal. Le travail posté implique d'autres contraintes, puisque le salarié change régulièrement d'horaires. « C'est un peu comme s'il était en jet-lag permanent. » Le médecin du travail peut accompagner l'entreprise pour établir un rythme de rotation convenable. Et « tout salarié qui se sent fatigué, qui a des difficultés d'endormissement ou des insomnies récurrentes doit en parler au médecin du travail, insiste le Dr Philippe Beaulieu, somnologue au CHI Henri-Mondor à Créteil. Il faut soigner les troubles du sommeil avant qu'ils ne se chronicisent. » Une fois l'insomnie installée, il est difficile de la traiter alors qu'il existe, en amont, des moyens simples de prévenir la dégradation du sommeil. 
*Évaluation des risques sanitaires liés au travail de nuit, juin 2016.

La sieste, laquelle et comment ?

Pratiquer la sieste ne s'improvise pas. Conseils du Dr Philippe Beaulieu, somnologue au CHI Henri-Mondor à Créteil.

  • Avant le départ pour le travail ou avant de prendre son poste. Une sieste courte (moins de 20 minutes, hors temps de travail) est bénéfique pour avoir un niveau d’attention optimal.
  • En milieu d’activité, entre une heure et quatre heures pour les travailleurs de nuit. Un temps de repos qui peut être une micro-sieste (quelques minutes) ou simplement, un moment de calme les yeux fermés. On prend ensuite une petite collation, mais pas d’en-cas gras et sucré qui provoquerait un pic de glycémie suivi d’une somnolence.
  • Sur le trajet retour. En cas de fatigue, avant de prendre le volant, s’installer dans le véhicule et faire une micro-sieste. Au cours du trajet, si l’attention décline, se mettre sur le bord de la route pour se reposer. Le conseil vaut même si l’on est presque arrivé, les accidents du dernier kilomètre sont fréquents.
  • Dans la journée, une sieste cycle. Les travailleurs de nuit ou les travailleurs postés ont une dette de sommeil qu’une sieste cycle (1 h 30) comportant du sommeil lent profond, aidera à combler.

Quatre astuces pour rester en forme malgré des horaires décalés

264 - Les clés d'un bon sommeil

Repérer les signes de baisse de vigilance

Bailler est un signe d’alerte, mais ce n’est pas le seul : une raideur de la nuque, des yeux qui picotent, le besoin de s’étirer ou encore le sentiment d’avoir la tête lourde indiquent que la fatigue s’installe. Un temps de repos s’impose, même bref et même sans dormir (fermer les yeux et respirer paisiblement).

264 - Les clés d'un bon sommeil

Sanctuariser la chambre

Le sommeil diurne est plus léger et plus fragile que le sommeil nocturne. Il est donc encore plus important de protéger l’espace de repos : rideau occultant, silence, température modérée, literie de bonne qualité… L’utilisation d masque et bouchons d’oreille est recommandée.

264 - Les clés d'un bon sommeil

Bien éclairer au bon moment

La lumière est le principal synchroniseur de nos horloges biologiques. Le soir, avant d’aller travailler, s’exposer à la lumière vive stimule l’éveil. Pendant la nuit de travail, un bon éclairage (intense mais pas éblouissant) est indiqué. Sur le chemin du retour, s’il fait jour, le port de lunettes de soleil, limite la luminosité et prépare doucement le corps au repos.

264 - Les clés d'un bon sommeil

Modérer l'usage des excitants

Avant la nuit de travail, ou pendant les premières heures d’activité, les excitants – notamment la caféine –, aident à maintenir un bon niveau de vigilance. Mais mieux vaut éviter d’en consommer dans les quatre heures précédant le retour à domicile. Un dîner riche en protéines et sucres lents avant le départ est également un bon stimulant.

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