La visite de mi-carrière, nouvel outil de prévention
La loi du 2 août 2021 a mis en place un dispositif structuré pour lutter contre le risque de désinsertion professionnelle. La visite de mi-carrière, prévue à l’âge de 45 ans, est un des outils de ce dispositif.
Dernière mise à jour le : 21/11/2025
Cendrine Barruyer
En résumé :
- La visite de mi-carrière est obligatoire pour tous à 45 ans.
- Elle vise à anticiper le vieillissement du salarié et à le protéger du risque de désinsertion professionnelle.
«Encore une nouvelle visite, à quoi cela va-t-il servir ? »… Le Dr Françoise Arqué, médecin du travail au SRAS BTP de Toulouse, n’était guère enthousiaste quand la visite de mi-carrière a été annoncée. Aujourd’hui, elle est convaincue de son efficacité. « Cette visite nous rappelle l’importance de poser les bonnes questions au bon moment afin de permettre à chaque salarié de poursuivre sa vie professionnelle jusqu’à son terme, et dans les meilleures conditions. »
Un âge charnière
Inscrite dans la loi du 2 août 2021 entrée en vigueur le 31 mars 2022, la visite médicale de mi-carrière est obligatoire et concerne tous les salariés (CDI, CDD, intérimaires…). Programmée au 45e anniversaire, elle poursuit trois objectifs : établir un état des lieux de l’adéquation entre l’état de santé du salarié et son poste, prédire l’évolution des pathologies présentes pour évaluer les risques de désinsertion professionnelle et sensibiliser le travailleur à ces enjeux. Ce rendez-vous sert à anticiper la seconde partie de la vie professionnelle. « Cet âge charnière, c’est la période idéale pour faire le point, questionner le salarié sur ses difficultés, les possibilités d’évolution professionnelle qu’il envisage… », note le Dr Arqué. « La création de la visite de mi-carrière et les différents outils mis en place par la loi du 2 août ont permis de renforcer nos partenariats avec le service social de l’Assurance maladie et Cap emploi, et de fluidifier les échanges entre les acteurs de la prévention de la désinsertion professionnelle (PDP) », se réjouit de son côté le Dr Cyril Comte, médecin coordinateur de la cellule PDP chez Prevy, à Nîmes.
Une visite encore peu connue
La visite peut être organisée à la demande de l’employeur, du travailleur ou à l’initiative du SPST. En réalité, « la plupart du temps, c’est à l’occasion d’une visite de routine que le SPST s’aperçoit que le salarié est dans la bonne tranche d’âge », note le Dr Arqué. En effet, la visite est réalisée dans l’année civile des 45 ans, ou dans les deux ans qui précèdent, à l’occasion d’une autre visite médicale. Chaque SPST a protocolisé cette visite et établi des questionnaires. Celui du GNMST BTP* – à la rédaction duquel le Dr Arqué a participé – aborde des sujets clés : formation, diplômes, antécédents, poste actuel, compétences acquises, difficultés rencontrées (pénibilité, arrêts de travail…), état de santé, expositions professionnelles. Et surtout, la façon dont le salarié imagine la suite de sa carrière, ses doutes… Au terme de cette visite, le médecin ou l’infirmier note s’il a identifié un risque de désinsertion professionnelle. Le cas échéant, il met en place les mesures adaptées : rendez-vous avec l’employeur, mise en relation avec la cellule PDP du service, avec la Carsat, et avec les acteurs de la reconversion professionnelle.
*Groupement national multidisciplinaire de santé au travail du BTP.
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45 ans… ou même avant !
Faute d’accord de branche, le BTP suit la règle générale en matière de visite de mi-carrière. L’âge de 45 ans a été choisi par le législateur, car c’est à cette période que l’on compte le plus d’inaptitudes (pic à 46 ans selon la plupart des études). En 2023, le Dr Cyril Comte a lancé une étude sur vingt-cinq entreprises du BTP suivies par son service. « Dans ces entreprises, j’ai recueilli les situations d’arrêt de plus de trente jours. Nous nous sommes aperçus que la moyenne d’âge de ces salariés était d’environ 41 ans. » L’équipe du Dr Comte s’interroge donc sur la pertinence d’avancer l’âge de cette visite dans ce secteur d’activité, « car dès 40-41 ans, on observe déjà des signes d’usure prématurée au niveau des lombaires ou de l’épaule. »