En résumé

    L’épaule est très mobile mais fragile.
    Le travail à bonne hauteur épargne l’articulation.

    Article paru dans PréventionBTP n° 272-Avril 2023-p. 30

    Trois os, quatre groupes musculaires et autant de tendons permettent au bras de se mouvoir dans toutes les directions de l’espace. Médecin du travail au BTPST de Voiron (Isère), le Dr Pauline Fouillard a consacré sa thèse de médecine à cette articulation complexe mais fragile. « Les TMS représentaient 80 % des maladies professionnelles reconnues dans l’échantillon que j’étudiais (poseurs de fermetures en Haute-Savoie) et parmi elles la majorité relevait du tableau 57 A (épaule). » Ces pathologies sont principalement des tendinites (inflammation de la coiffe des rotateurs) ou des tendino-bursites (inflammation de la bourse séreuse qui protège les tendons). L’arthrose (usure du cartilage) et la capsulite peuvent également limiter la mobilité de l’épaule. Il est essentiel de détecter ces pathologies précocement. « En consultation, je questionne toujours les salariés sur d’éventuelles douleurs de genou, dos ou épaule », indique le Dr Fouillard. Un tendon se répare en quelques semaines s’il est mis au repos sous anti-inflammatoire. Mais si on continue de le solliciter, la douleur risque de se chroniciser voire entraîner une rupture de la coiffe. Si cette dernière peut être réparée chirurgicalement, le retour à l’emploi après une telle intervention est souvent problématique. Un travail, conduit en 2016 par l’APST-BTP-RP au sein du RNV3P* chez les ouvriers du bâtiment, a conclu d’ailleurs que les pathologies de l’épaule donnent significativement plus de problèmes de maintien dans l’emploi (inaptitude, restriction d’aptitude…) que les autres TMS.

    Identifier les gestes à risque

    Toutes les professions du BTP peuvent être concernées. Certains gestes sollicitent plus l’épaule que d’autres : port de charges lourdes, tirage de câbles, pose d’enduit, serrage de banche… Les peintres, plâtriers, maçons, menuisiers, soudeurs, électriciens doivent donc être particulièrement vigilants. Surtout quand ils travaillent en rénovation, l’acheminement des matériaux étant plus compliqué. Autre danger pour l'épaule : l’amplitude articulaire, indique Ahmed Oudjani, ergonome au Sist-BTP 77. Le seul fait d’avoir les mains au-dessus des épaules crée une amplitude supérieure à 45 degrés. « L’usage de gazelles est un moyen de travailler à bonne hauteur. » Les efforts liés aux manutentions abîment également l’articulation. Le recours aux engins de levage s’impose quand c’est possible. « Du diable au palonnier à ventouses, tout ce qui favorise l’acheminement du matériel est à recommander », indique le Dr Fouillard. Les perches sont d’un grand secours pour peindre un plafond, à condition d’éviter les mouvements trop amples et trop rapides.

    Sensibiliser les opérateurs

    De nombreux dispositifs, comme des exosquelettes ou des systèmes de soutien de l’épaule, ont été développés. Mais « le plus efficace, conclut Ahmed Oudjani, c’est de sensibiliser les opérateurs. S’ils prennent conscience de leur corps, ils vont spontanément trouver des postures de repos, alterner l’utilisation d’une épaule puis de l’autre, modifier leur geste… ». Sans oublier que la priorité reste toujours d’adapter les postes aux conditions de travail.
    *Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles.

    Choisir le bon angle

    Tout mouvement dans lequel le bras s’éloigne de plus de 45 degrés de l’axe du corps sollicite la coiffe des rotateurs. Plus le bras est levé, plus les contraintes sont importantes. Le tableau 57 A, portant sur les affections de l’épaule a été modifié par le décret n° 2011-1315 du 17 octobre 2011. De nouvelles pathologies, comme la rupture de la coiffe et les enthésiopathies, ont été intégrées. Le tableau indique de manière précise les postures susceptibles d’entraîner la reconnaissance en maladie professionnelle (bras en abduction à plus de 60 degrés, plus de deux heures par jour). Ces durées sont réduites à une heure si l’abduction est supérieure à 90 degrés (bras au-dessus de la ligne des épaules).

    Quatre moyens de soulager les épaules de vos compagnons

    272 Santé - Protégez les épaules de vos salariés

    Bien analyser l’activité pour cibler la prévention.

    Les TMS de l’épaule comme tous les troubles musculo-squelettiques ont des causes multifactorielles qui relèvent notamment de l’organisation et des conditions de travail. Observer le travail et associer les compagnons dans une démarche participative pour trouver des leviers de prévention est essentiel.

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    Limiter les amplitudes articulaires

    Les tâches durant lesquelles le bras se situe au-dessus de la ligne des épaules doivent être limitées en durée et entrecoupées de pauses. Éviter les mouvements en abduction au-delà de 60 degrés. Le recours à des plates-formes permet de travailler à bonne hauteur. L’outil Orege (outil de repérage et d'évaluation des gestes) créé par l’INRS aide à repérer les gestes délétères. Autre ressource intéressante : la méthode Rula-Reba.

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    Éviter les efforts en hauteur

    Les lève-plaques et les palonniers à ventouses sont autant d’outils qui permettent de soulager l’articulation de l’épaule. Le plaquiste n’a plus qu’à fixer la plaque et le menuisier à installer l’huisserie sans devoir faire l’effort de les soulever et les maintenir en hauteur.

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    Alterner les tâches pour permettre le repos de l’articulation.

    Alterner les gestes répétitifs et exigeants pour l’épaule (par exemple poncer) avec des tâches ne nécessitant pas d’efforts excessifs et des positions articulaires néfastes. Lorsque le travail est fait en équipe, la polyvalence (alternance de différentes tâches dans la journée) est souvent plus facile à mettre en œuvre.

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