A44- Egoutier accédant aux réseaux d'assainissement

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    Champ d'intervention de l'égoutier

    Un égoutier passe en moyenne 3 à 5 heures par jour dans les réseaux d'assainissement. Visites d’inspection, travaux d’entretien, raccordement, curage... Parmi les principaux risques, on peut citer les risques d'infection (agents chimiques et microbiologiques), les manutentions dangereuses aux postes de relevage (chutes de plain-pied et de hauteur, noyades, charges lourdes…), les risques liés à la présence de gaz (asphyxie, intoxication, explosion), et aussi les risques liés à l’utilisation de l’électricité, à la circulation des véhicules (en surface), au bruit (résonnance) ou encore aux travaux de réfection de paroi au marteau à aiguilles (silice).

    Mécanisation et autosurveillance

    Un contrôle régulier de la conformité des rejets d’eaux usées et l'autosurveillance des réseaux constituent des leviers majeurs de la prévention des risques professionnels, non seulement pour optimiser la gestion des systèmes d'assainissement et la qualité des eaux, mais aussi pour réduire les interventions humaines. Le gestionnaire de réseau favorisera l’autocurage, la mécanisation des tâches (afin de limiter le nombre d’égoutiers exposés), l’intervention à distance et l’inspection télévisée des réseaux.

    Formation professionnelle obligatoire des égoutiers

    Toute personne intervenant en espace confiné doit avoir suivi une formation à la sécurité et une formation spécifique aux risques rencontrés. Dans le secteur de l’assainissement, le dispositif de formation Catec® (Certificat d’aptitude à travailler en espaces confinés), recommandé par la Cnam, est reconnu par la profession. Il comporte une partie théorique (connaissances, compétences, comportement) et une partie pratique en situation de travail, avec l'utilisation des équipements de protection et de contrôle d’atmosphère, la conduite à tenir en cas d’alarme, etc.

    En outre, la transmission des savoir-faire et des compétences techniques contribuent à l'identité et à la reconnaissance du métier d'égoutier, un enjeu important face aux risques psychosociaux et aux facteurs de risques professionnels

    Bien préparer l'intervention en égout : le plan de prévention

    Après inspection commune préalable du site et avant exécution des travaux, l'entreprise utilisatrice (régie communautaire ou entreprise privée) et l'entreprise intervenante (son délégataire) doivent établir un plan de prévention d'un commun accord. Il comprend l'analyse et la cartographie des risques identifiés pour chaque situation de travail, les caractéristiques techniques des ouvrages (importance du bassin versant et réseau amont, présence de sites industriels ou immobiliers, risque d’orage…), la nature des interventions et les moyens mis en œuvre (humains, matériels, équipements de sécurité), ainsi que les risques spécifiques d’interférences (circulation routière, chute ou glissade, risques électriques, bactériologiques…).

    Ces éléments s'accompagnent de documents complémentaires : plan de circulation, arrêtés de voirie, organisation des secours, consignes générales d’accès, procédures internes pour les interventions en espace confiné, attestations de consignation des énergies (électrique, fluide…), date de la dernière visite ou du dernier curage et observations…

    Le plan de prévention va prioriser les phases d’activités dangereuses et adapter les moyens de prévention spécifiques : mode opératoire, choix organisationnels, matériels, humains. Il prévoit aussi les modalités d’information du personnel sur les mesures de prévention et de protection appropriées, les postes de secours et les contrôles à effectuer : le contrôle de l'air et des effluents va caractériser la nature des agents pathogènes et chimiques. Le contrôle de l’atmosphère permet de mesurer le taux d’oxygène, la présence de polluants gazeux, l’explosivité (méthane, hydrogène sulfuré, monoxyde et dioxyde de carbone).

    L'organisation du travail

    Sur le terrain, le coordinateur du chantier désigne un surveillant en surface.
    Posté auprès du regard ouvert, il est prêt à intervenir en cas d’incident, capable de veiller au respect de toutes les consignes de sécurité, générales et spécifiques, et de procéder aux vérifications des équipements. Un ou deux agent(s) interviennent dans l’espace confiné. Ils sont en contact permanent avec le surveillant (par talkie-walkie ou interphone) et leurs détecteurs multigaz portables fonctionnent durant toute l’intervention. La durée du travail est limitée à une seule séance quotidienne de 6 heures au maximum, conformément au décret du 21 novembre 1942 encore en vigueur aujourd'hui.

    Préconisations de l'Anses

    L’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, préconise d'améliorer la coordination des équipes afin de limiter la coactivité au même endroit dans le réseau de collecte et de favoriser les rotations (réduction du travail cadencé et de la monotonie). L'Agence propose aussi d'augmenter la fréquence du curage, afin d’abaisser les niveaux en micro-organismes et en endotoxines.

    Les équipements de protection individuelle

    Avant de descendre en espace confiné, le surveillant vérifie l'état et le port des équipements de protection individuelle (EPI) par chaque opérateur. Les vêtements de travail couvrent tout le corps, avec une combinaison étanche jetable de type Tyvek® ; les bottes ou cuissardes de sécurité sont de classe S5 SRC (coques et semelles antiperforation, résistance aux huiles et hydrocarbures, tige hydrofuge), les gants étanches de type égoutier avec manchette en PVC-nitrile (contre l'abrasion, les coupures, déchirures, perforations, traitement antibactérien). Port du casque de chantier et de lunettes-masques antibuée (écran panoramique). Une lampe frontale ou portative complétera l'éclairage collectif (s'il existe). En présence d'engins bruyants (marteau-piqueur...), des protecteurs individuels contre le bruit (PICB) seront utilisés.

    Les protections respiratoires et antichute

    Porté à la ceinture ou à un col de chemise, le détecteur 4 gaz portable mesure le risque d'explosion, de toxicité, le défaut ou l'excès d'oxygène (gaz explosifs, O2, CO et H2S). Il doit être correctement préréglé (les seuils d'alarme basse et haute sont ajustables), avec centralisation, archivage et suivi des données. Le port d'un masque respiratoire de type FFP2 est indispensable. Certaines interventions nécessitent un appareil respiratoire isolant (ARI). Son utilisation ne doit pas gêner les moyens de communication (talkie-walkie). Dans tous les cas, il faut porter un masque autosauveteur à recyclage, en cas d'évacuation d'urgence (par exemple en cas d’alarme du détecteur, par manque d'oxygène ou contamination subite).

    L'équipe dispose d'un équipement de protection antichute complet : harnais, longes, enrouleur ou corde verticale de rappel avec bloqueur, treuil avec dispositif antichute. Le surveillant en surface porte un gilet haute visibilité et des chaussures de sécurité. Dès qu'il ouvre le regard, il le protège par un garde-corps et, si possible, le recouvre d’un tampon grillagé. Une signalisation temporaire adaptée est mise en place pour une intervention sur la chaussée.

    Entretien régulier des équipements de protection sur un lieu de stockage dédié

    Ces EPI sont portés, entretenus, vérifiés et remplacés selon les recommandations du fabricant et dans le respect des obligations du Code du travail, et stockés dans un local propre dédié : nettoyage des gants et bottes, contrôle des harnais, masques de fuite et casque ; révision et préréglage des détecteurs de gaz ; entretien et révision des masques de fuite et des masques respiratoires, remplissage des bouteilles d’air comprimé dans le local ARI. Le dispositif antichute est soumis à une vérification périodique par un organisme agréé.

    Comment optimiser la ventilation du réseau d’assainissement ?

    Vingt minutes avant la descente, ventilez de façon naturelle en ouvrant deux accès (tampon, puits…). Sur des ouvrages fixes, la mise en œuvre d’un dispositif de ventilation mécanique par soufflage d’air neuf est recommandée. Le contrôle de l’atmosphère de la zone se fait en trois points (en haut, au milieu, en bas) pendant une minute minimum pour chaque point. Si le détecteur ne déclenche pas d'alarme (sonore et optique + vibreur), vous pouvez mettre vos EPI et commencer à descendre, seulement après autorisation.

    Règles générales de sécurité pendant l'intervention

    Pour descendre et remonter, utilisez un harnais relié à un stop chute. La ventilation (naturelle/forcée) fonctionne pendant toute la durée de l'intervention. Utilisez les mains courantes pour progresser dans l’égout. La présence d’une chaîne de sûreté indique un danger. Pour franchir ce passage, attachez la longe du harnais à un élément solide. En cas d'odeur suspecte, si le niveau d'eau monte ou si le détecteur gaz déclenche l'alarme, mettre immédiatement le masque auto-sauveteur, évacuer calmement l’ouvrage et prévenir l’encadrement. Soyez toujours attentif aux bruits environnants et au niveau de l’eau. Il est interdit de fumer dans les égouts, afin de prévenir les risques d’explosion et de contamination.

    Base vie : des conditions d'hygiène strictes

    Des installations sanitaires et des vestiaires à double compartiment, propres et en nombre suffisant, sont mis à disposition du personnel à proximité des lieux de travail, à l'abri des émanations provenant des égouts. On veillera en particulier à l'organisation d’un circuit sale/circuit propre, l'affichage des règles d’habillage /déshabillage, l'hygiène des mains et l'hygiène corporelle (lavabos, douches chaudes, savon, serviette personnelle…), avant les pauses et en fin de service. Le nettoyage et la désinfection des vêtements de travail, gants et bottes, est systématique.

    Un suivi médical renforcé

    Les égoutiers font l'objet d'un suivi individuel renforcé (SIR) : examen médical d'aptitude à l'embauche, visite intermédiaire réalisée par un professionnel de santé (au plus tard 2 ans après la visite avec le médecin du travail), visite effectuée par le médecin du travail (au rythme qu'il a défini). Ce suivi médical s'accompagne de la tenue du DMST (dossier médical en santé travail), d'un recueil des expositions antérieures du salarié (curriculum laboris) et de la traçabilité des expositions par l’employeur. Les vaccinations recommandées par le ministère du Travail sont les suivantes : DTP, typhoïde, leptospirose et hépatites A et B.

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