Focus infirmerie de chantier

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    Quand l'infirmerie est-elle obligatoire sur le chantier ?

    Dès que l’effectif total d’un chantier, incluant les sous-traitants et les intérimaires, atteint 200 salariés, une infirmerie de chantier, avec présence effective d’un infirmier ou d’une infirmière, doit être mise en place. Au-delà de 800 salariés, un infirmier supplémentaire par tranche de 600 salariés doit être engagé (cette obligation répond à l’article R4623-32 du Code du travail, le chantier pouvant être assimilé à un établissement industriel).

    Lorsque l’amplitude des heures de travail ne permet pas une présence permanente de l’infirmier, des mesures spécifiques sont à mettre en œuvre, après avis du médecin du travail conformément à l’article R.4224-16. 

    • Dans le cas d’un chantier propre à une entreprise : 

    Pour les chantiers d’effectif inférieur, une infirmerie de chantier avec présence d’un infirmier pourra être demandée par le médecin du travail et le Comité social et économique (CSE) selon les résultats de l’évaluation des risques réalisée.

    • Dans le cas de l’intervention de plusieurs entreprises sur un chantier : 

    Le maître d’ouvrage fait établir par le coordonnateur SPS (sécurité et protection de la santé) un PGCSPS (plan général de coordination) prévoyant la mise en place d’une infirmerie de chantier dès la phase de conception. 

    Comment recruter un infirmier ou une infirmière ?

    Lorsque la création d’une infirmerie de chantier a été décidée, l’employeur recrute le personnel adéquat. Il peut l’embaucher directement ou faire appel à des prestataires extérieurs.

    Différents types de contrats sont possibles : contrat de travail temporaire (intérimaire), contrat à durée déterminée (CDD), contrée à durée de chantier (CDC) ou contrat à durée indéterminée (CDI).

    L’infirmier assure ses missions sous l’autorité du médecin du travail dans le cadre de protocoles écrits, datés et signés. Le médecin du travail peut donc être associé au recrutement, d’autant que le profil recherché est important pour la réussite de la mission et pour la sécurité des personnels du chantier.

    L’infirmier est recruté pour la durée du chantier, et lorsque le nombre d’infirmiers le permet, les heures de travail des intéressés sont réparties de manière à ce qu’au moins l’un d’entre eux soit toujours présent pendant les heures normales de travail des salariés.

    L’employeur, suivant les différents cas de figure du chantier, pourra être :

    • l’entreprise en propre qui a un effectif de 200 personnes sur un chantier ;
    • ou l’entreprise mandataire du chantier, le groupement d’intérêt économique (GIE), le représentant de la société en participation (SEP) etc… pour les chantiers soumis à coordination SPS.

    Sur quels critères se baser pour recruter l'infirmier(e) de chantier ?
    • Une expérience des urgences (sur des chantiers, en entreprise ou à l’hôpital) ;
    • Un bon sens relationnel vis-à-vis de l’encadrement et des compagnons ;
    • Un esprit d’initiative et une capacité à travailler en autonomie ;
    • Une bonne adaptabilité à des situations différentes ;
    • Une formation de sauveteur-secouriste du travail (SST) ;
    • Une expérience dans le secteur du BTP.

    Le rôle de l'infirmer : assurer les soins sur le chantier

    L’infirmier a pour rôle d'assurer les soins courants et d’urgence, mais pas seulement. Il est aussi le lien entre les salariés du BTP et le médecin du travail et s’assure enfin, de la disponibilité et du fonctionnement des équipements, matériels et médicaments.

    Il est tenu au secret professionnel qui couvre non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu’il a vu, lu, entendu, constaté ou compris.

    Voici les différentes tâches qui lui sont confiées :

    • assurer un rôle d’écoute et de conseil auprès des salariés et faire remonter les informations importantes au médecin du travail ;
    • appliquer et respecter la prescription médicale établie par le médecin prescripteur. Et il peut lui communiquer toutes informations susceptibles de concourir à l’établissement du diagnostic ou de permettre une meilleure adaptation du traitement en fonction de l’état de santé du patient et de son évolution;
    • gérer le stock de médicaments et de fournitures ; consommables indispensables (commande, renouvellement de commande, suivi des dates de péremption) ;
    • tenir le cahier ou le registre de soins, dans lequel sont notés les passages et les actes effectués ;
    • tenir le registre des accidents de travail bénins et collaborer à leur analyse ;
    • fournir des statistiques mensuelles à partir de ses observations (registre de soins et des accidents de travail bénins) permettant de définir des actions de prévention et d’information.
    Le registre des accidents de travail bénins

    Les accidents qui n’entraînent pas d’arrêt de travail ni de soins médicaux – et qui ne donnent pas lieu à une déclaration immédiate à la CPAM – doivent être inscrits sur le registre des accidents de travail bénins dans les 48 heures suivant l’accident. Ce registre (papier ou dématérialisé) doit être mis en place chaque année civile par l’employeur et conservé durant cinq ans (articles L441-4, D441-1 et suivants du Code de la sécurité sociale).

    La prévention des risques : une autre mission de l'infirmier

    L’infirmier assure une mission d’information et de prévention, ce qui suppose de :

    • participer à la vie du chantier et à la prévention des risques professionnels, en collaboration avec les responsables sécurité en hygiène-sécurité-environnement (HSE) et le médecin du travail. Cette mission se décline avec les actions suivantes :

    ○ une sensibilisation aux risques professionnels du chantier,
    ○ des visites du chantier,
    ○ une participation à l'accueil des nouveaux salariés sur le chantier,
    ○ l'animation des moments de prévention pour les travailleurs.

    • participer à des actions de prévention, telles que :

    ○ l'éducation à la santé et à la sécurité au travail en sensibilisant et en informant les salariés,
    ○ des actions d’information collectives en lien avec le médecin du travail,
    ○ l'éducation sanitaire sur différentes thématiques : alimentation et travail, aide au sevrage tabagique (promotion de la campagne nationale « mois sans tabac »), hygiène, sommeil…

    L’infirmier peut aussi participer au CISSCT (Collège interentreprises de sécurité, de santé et des conditions de travail).

    Dans le cas des chantiers soumis à coordination SPS, l’infirmier peut participer au CISSCT (Collège interentreprises de sécurité, de santé et des conditions de travail).

    Focus infirmerie de chantier Outre la dispense de soins, l'infirmier(e) participe à la vie du chantier et à la prévention des risques professionnels en collaboration avec les responsables sécurité en hygiène-sécurité-environnement (HSE) et le médecin du travail.

    L'infirmerie : des locaux accessibles et bien équipés

    Il n’existe pas de texte spécifique aux infirmeries d’entreprise ou de chantier dans le Code du travail. Il s’agit donc de recommandations.

    L’infirmerie doit être accessible

    • À proximité des lieux de travail, généralement sur la base vie, en évitant les sources de nuisances, en particulier de bruit ;
    • Avec un signalement par un fléchage visible de tous ;
    • Dans un endroit facilement accessible aux services d’urgence (Samu, pompiers, ambulance) : à proximité d’une entrée et de plain-pied. La largeur et la disposition des portes doivent permettre le passage d’un brancard (la largeur de la porte d’accès doit mesurer au moins 90 centimètres, idéalement 120) ;
    • Accessible aux personnes à mobilité réduite.

    L’infirmerie doit être bien équipée

    • Elle doit disposer de l’eau courante, de l’eau potable, de chauffages réglables, de la climatisation pour la saison chaude, de fenêtres avec stores ouvrant par coulissement pour pouvoir aérer facilement et régulièrement. L’éclairage (naturel et artificiel) doit être suffisant ;
    • Une bonne isolation phonique est nécessaire pour garantir le secret médical ;
    • Les revêtements du sol et des murs doivent être faciles d’entretien, pour permettre une désinfection et une décontamination régulières des surfaces ;
    • Elle doit être équipée d’une ligne téléphonique fixe et d’un téléphone portable, ainsi que d’un accès au Wifi. 

    Aménager différents espaces dans l'infirmerie

    Il est recommandé de distinguer trois espaces : la salle d’attente, la salle de soins et le bureau. Ce dernier doit être séparé de la salle d’attente mais peut, si nécessaire, être intégré à la salle de soins. Voici l’équipement recommandé pour chacune des pièces.

    En extérieur

    • Un lave-botte et un grattoir pour les chaussures à l’entrée de l’infirmerie ;

    Dans la salle d’attente

    • Quatre ou cinq chaises en vinyle ;
    • Des affiches avec les numéros d’urgence.

    Dans la salle de soins

    • Un évier avec paillasse (eau froide et eau chaude) ;
    • Un distributeur de savon bactéricide ;
    • Un réfrigérateur pour la conservation de certains médicaments, vaccins, kits réfrigérants, glace…
    • Une armoire fermant à clef pour le matériel de soins et les médicaments ;
    • Une patère pour le déshabillage des consultants ;
    • Un divan d’examen avec dérouleur d’alèses jetables en papier et un escabeau à deux marches ;
    • Un chariot (ou table roulante) à pansements ;
    • Un distributeur d’essuie-mains en papier jetable ;
    • Deux collecteurs en plastique spécifiques pour les déchets d’activité de soins à risques infectieux (DASRI), l’un pour les aiguilles et seringues usagées, l’autre pour les déchets mous : compresses, pansements, gants… Un bordereau de suivi de l’élimination des déchets d’activités de soins à risques infectieux doit être établi afin de garantir la traçabilité des emballages de collecte (formulaire Cerfa 11351-04) ;
    • Un distributeur de gobelets ;
    • Une lampe-loupe pour retirer les échardes et corps étrangers, avec une boîte métallique contenant les ustensiles nécessaires.
    • Un tabouret à roulettes ;
    • Une lampe sur pied mobile ;
    • Une poubelle à pédale ;
    • Un extincteur.

    Dans le bureau

    • Un bureau avec caissons aménagés, fermant à clef ;
    • Un fauteuil ;
    • Deux sièges en vinyle ;
    • Une lampe de bureau ;
    • Une corbeille à papier ;
    • Un vestiaire avec armoire destiné à l’infirmier ou à l’infirmière.
    • Des moyens de communication : téléphone fixe, portable, Wifi.
    • Un équipement informatique (fortement recommandé) : ordinateur et imprimante, gestion des données sécurisée ;
    • Des EPI apdaptés pour toute intervention sur le chantier : a minima un casque, des chaussures de sécurité et un gilet réfléchissant.

    Le matériel médical indispensable

    Le médecin du travail doit être consulté afin de déterminer la liste du matériel nécessaire aux secours en fonction des risques inhérents au chantier, ainsi que la liste des consommables (compresses, matériel de contention, bandes, gants, masques…) et des médicaments nécessaires. Il doit définir les modalités d’utilisation dans le cadre de protocoles de soins courants et d’urgence (écrits et datés) qu’il signe avec l’infirmier.

    L’infirmerie doit être équipée du matériel de base :

    • Tensiomètre ;
    • Stéthoscope ;
    • Glucomètre lecteur de glycémie avec bandelettes ;
    • Oxymètre de pouls ;
    • Thermomètre ;
    • Dotation en oxygène ;
    • Défibrillateur automatisé externe (DAE) ou défibrillateurs semi-automatiques (DSA) ;
    • Deux plateaux pour poser les instruments : ciseaux, pinces…
    • Deux haricots.
    Le contenu d'une boîte de secours
    • Couverture de survie isothermique ;
    • Coussin compressif hémostatique (type Chut ou Haemoband) ;
    • Sachets plastiques propres type congélation ou kit de récupération de membre sectionné ;
    • Paires de gants en vinyle à usage unique ;
    • Masques chirurgicaux ou FFP2 ;
    • Paire de ciseaux à bouts ronds ;
    • Garrot (si un sauveteur-secouriste est présent) ;
    • Pince à écharde ;
    • Compresses stériles (de 10 x 10 cm à 30 x 30 cm) en conditionnement individuel ;
    • Pansements absorbants stériles type américain ;
    • Rouleau de sparadrap déchirable type Micropore ;
    • Pansements auto-adhésifs (assortiment sous conditionnement individuel) ;
    • Bandes de gaze type Nylex (3 x 0,10 m) ;
    • Masques Pocket de réanimation (masques à usage unique pour le bouche-à-bouche) ;
    • Flacon rince-œil ou 10 liquides de bain oculaire type sérum physiologique (unidoses) ;
    • Sachets plastique pour les déchets. 

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