Les risques liés à la présence de plomb dans le BTP
Les risques d’intoxication au plomb des peintures

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Régulièrement présent dans des peintures plutôt anciennes (essentiellement avant 1949 mais potentiellement jusqu'à 1994), le plomb peut être dangereux lorsqu’il est réduit à l’état de poussières. Inhalées ou ingérées. Les particules de plomb (toxiques) peuvent pénétrer dans le sang et avoir des conséquences sur la santé.
Date de mise à jour : 17 févr. 2024
En résumé
Le plomb a largement été utilisé dans le secteur du second œuvre en tant que pigment de peintures (rouge, orange, jaune, blanc, ...) ou en tant qu'anti-corrosion (minium de plomb). Ces peintures sont présentes dans de nombreux bâtiments, habitations datant d’avant 1949 mais son utilisation a perduré jusqu'en 1994 voire après pour certaines situations, solutions techniques (voir marquages sur les pistes d'aéroports par exemple).
A l’état de poussière, le plomb est toxique et peut impacter le système nerveux, les reins et les capacités reproductives.
Les professionnels intervenant lors des activités de rénovation ou de démolition (peintres, plaquistes, démolisseurs…) sont particulièrement concernés par ce risque.
La peinture au plomb concerne les logements, monuments historiques, ouvrages d’art…
Certaines peintures au plomb appréciées pour leur tenue, imputrescibilité, aux pigments-couleurs profonds,... ont largement été utilisées dans des bâtiments (logements, habitations, sites professionnels, ouvrages d’art ou de monuments historiques) datant d’avant 1949 mais également bien après (jusqu'en 1994).
Si un salarié ou un artisan intervient sur un matériau qui contient du plomb, il peut s’intoxiquer. Le plomb à l'état de particules, poussières, peut être inhalé ou ingéré, contaminer rapidement le sang et se fixer sur les tissus.
Parmi les professionnels les plus exposés lors de ces travaux, on retrouve bien évidement les peintres et les démolisseurs. En perçant, grattant ou ponçant ces différents matériaux, de la poussière toxique peut se dégager. Pour éviter toute absorption, il faut se protéger avec des gants et un masque et appliquer des mesures d’hygiène strictes également vis-à-vis de la gestion des tenues et matériels.

Le risque plomb est présent lors de la réfection d'étanchéité de toitures-terrasses.
La plombémie
Le plomb fait partie des agents CMR (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques). Une intoxication au plomb peut impacter le système reproductif. Elle peut aussi avoir des répercussions sur le système nerveux, la moelle osseuse, les reins ... (le développement des facultés mentales chez les jeunes enfants).
En cas d’exposition au plomb, des mesures du taux de plomb dans le sang doivent être effectuées (plombémies). Le Code du travail définit des valeurs limites de plombémie en milieu professionnel. Pour les personnes exposées au plomb et à ses composés dans l’exercice de leur travail, les valeurs limites à ne pas dépasser sont fixées à 400 microgrammes par litre de sang (µg/L) pour un homme et à 300 µg/L de sang pour une femme.
En cas de plombémie supérieure à 200 µg/L de sang pour un homme ou à 100 µg/L de sang pour une femme, une surveillance médicale doit être mise en place.
Il existe un 'bruit de fond' (généralement de l’ordre de 15 à 20 µg/L) qui définit un taux de plomb résiduel du fait de la présence de plomb dans l’environnement.
Plomb : des mesures de prévention strictes
Pour tous travaux en présence de plomb, le chef d’entreprise doit appliquer les mesures prescrites dans le Code du travail.
Il s’agit dans un premier temps de vérifier la présence de plomb dans le bâtiment en demandant au donneur d’ordre un repérage du plomb avant travaux. Si les résultats sont positifs, l’entreprise définit la façon dont elle va intervenir. Pour minimiser les risques, les méthodes qui ne dégagent pas de poussières sont priorisées (on privilégiera en premier lieu l'utilisation d'un décapant chimique plutôt que celle d’une ponceuse). Si les techniques alternatives ne sont pas possibles, il s’agit de chercher à limiter les dégagements de poussière grâce à des systèmes d’aspiration (captage à la source en premier lieu) ou d’humidification.
Les salariés et artisans devant intervenir dans des travaux exposant au plomb doivent avoir suivi une formation.
Les mesures d’hygiène (se laver les mains, se changer, se doucher) doivent faire l'objet d'une attention soutenue. Celles-ci viennent en complément du port d’équipements de protection individuelle (masque, gants, voire tenue jetables …). En outre le plomb fait l’objet d’une politique de gestion des déchets réglementée.
Travaux de démolition, de rénovation
Les risques concernent principalement les professionnels qui interviennent pour effectuer des travaux de démolition et/ou de réhabilitation dans des bâtiments construits avant 1949 (voire 1994 et parfois au-delà).
Intervention sur matériau contenant du plomb et absence de protection
Le risque qu’un salarié ou un artisan s’intoxique au plomb est particulièrement important en cas de travaux de démolition ou de rénovation dans les logements, habitations et bâtiments anciens. Les interventions sur les matériaux contenant du plomb doivent faire l’objet de mesures de protection adaptées.
Par exemple, si un maçon démolit un crépi contenant de la céruse et qu’il ne porte pas de gants, de la poussière de plomb peut se déposer sur ses mains. S’il ne les lave pas correctement et les porte par la suite à la bouche (en mangeant, fumant,...), il peut ingérer accidentellement des particules de plomb. Certaines pourront être éliminées par les urines mais une grande partie pénétrera dans son organisme et se fixera principalement sur le squelette.
Les mesures d’hygiène et les équipements de protection individuelle sont particulièrement importants pour limiter le risque d’intoxication. Les politiques de prévention passent par une information des salariés et par l’installation, sur les chantiers à risque, d’unités de décontamination avec douche obligatoire.
Des conséquences pouvant être graves en cas de contamination
L’intoxication par le plomb est particulièrement connue parce qu’elle peut impacter le développement des facultés intellectuelles chez les jeunes enfants. Un salarié du BTP peut ramener au domicile des poussières de plomb et contaminer son entourage si des mesures rigoureuses de prévention ne sont pas mises en œuvre. Cette intoxication peut également avoir des conséquences importantes chez les adultes, notamment chez les professionnels fréquemment exposés au plomb sur leur lieu de travail.
Les intoxications au plomb peuvent se traduire par des maux de tête, des vertiges, un manque d’appétit, de l’insomnie, une irritabilité, des coliques ou vomissements,…
Le saturnisme (intoxication par le plomb) peut avoir des conséquences importantes sur l’organisme et impacter la fabrication des globules rouges (faiblesse musculaire allant parfois jusqu’à l’anémie), altérer la fonction rénale de façon chronique, engendrer des troubles neuropsychiques en atteignant le système nerveux, pouvant aller jusqu'à altérer le système de reproduction.
Le plomb a un caractère toxico cumulatif : une fois qu’il est stocké dans l’organisme, il continue à produire ses effets longtemps après l’exposition et ce, même à faibles doses.
La demi-vie du plomb dans le sang et les organes mous est d’environ 30 jours quand elle est de 10 à 30 ans dans les os. Ainsi, 94 % de la charge en plomb dans l’organisme se situe dans le squelette. Tout au long de la vie, le plomb est donc petit à petit relargué dans le sang, relargage favorisé pendant la grossesse et le vieillissement (avec la diminution de la masse osseuse, voire lors de l’apparition d’ostéoporose). Aussi, il est essentiel de combattre cette croyance populaire selon laquelle une mise au repos (absence d’exposition au plomb) suffit pour qu’un travailleur retrouve un état de santé « normal » après quelques semaines.
Réglementation liée aux risques d'intoxication au plomb
Obligation d’information et de formation à la sécurité des travailleurs susceptibles d'être exposés à l'action d'agents cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) : Article R4412-87 du Code du travail
Réglementation applicable à la prévention des risques liés à la présence de plomb et ses composés : consulter notre rubrique dédiée au plomb sur le Droit de la prévention.