100 minutes pour la vie, dix ans de défis pour la prévention

Près de 100 000 défis lancés et 800 000 questions jouées sur cinq semaines, entre janvier et février 2022 : pour son dixième anniversaire, la campagne 100 Minutes pour la vie a fait mouche auprès de plus de 12 000 apprentis issus de 137 établissements de formation aux métiers du BTP en France.

Si l’approche ludico-pédagogique reste la même depuis l'origine, le dispositif a connu plusieurs évolutions, notamment le passage au tout-numérique il y a un an. Loin du format d'origine : la simulation d’un jeu TV avec des équipes en compétition. « Il s’agissait de présenter de manière originale l’OPPBTP et les fondamentaux de la prévention aux apprenants des cursus de formation initiale du BTP », explique Gérald Leroy, chef de projet formation initiale à l’OPPBTP.

Une première version consistait à répondre à des questions sur des situations de travail présentées par deux mascottes de dessin animé. La deuxième empruntait à la science-fiction : les participants se retrouvaient dans un laboratoire de physique nucléaire avec la possibilité de se projeter de 15 minutes dans le futur, afin de pouvoir visualiser des accidents sur chantier et définir les mesures à adopter pour les éviter. Dans les deux cas, « les correspondants de l’OPPBTP animaient eux-mêmes l’événement au sein des CFA », précise Gérald Leroy.

Une appli pour jouer et échanger

La crise sanitaire a rebattu les cartes, avec la mise au point d’un nouveau concept basé sur des questions et défis à relever au moyen d'une appli dédiée. « Cette formule a l’avantage de pouvoir être proposée à l’ensemble des apprenants ciblés, tous niveaux confondus, du CAP au BTS », souligne le chef de projet. Mis au point avant l’élaboration du plan stratégique @Horizon 2025 de l’OPPBTP, l’outil rejoint une des priorités d'action de l'organisme sur la formation initiale.

« De 16 000 participants, nous sommes passés à 17 000 pour la première édition numérique en juin 2021 », indique Gérald Leroy. Un chiffre satisfaisant dans la mesure où cette formule implique un investissement accru des établissements pour inciter les élèves à participer. Quant à l’édition 2022, elle s’est tenue dans un contexte marqué par un fort absentéisme dû à la Covid tant du côté des élèves que des enseignants. « Cependant, les participants ont davantage progressé dans le jeu », fait valoir Gérald Leroy, la mise en place de classements régionaux ayant contribué à l’attractivité de la compétition.

Une cible élargie

Par ailleurs, au-delà des prix en jeu, le sentiment d’apprendre est fréquemment mis en avant par les apprentis dans une enquête de satisfaction menée auprès de 1 700 utilisateurs.

La prochaine édition sera celle d’une ouverture vers de nouveaux publics : l’OPPBTP s’est rapprochée du CCCA-BTP pour promouvoir l’opération auprès des filières BTP.

Témoignages

Johan Dubois, formateur couverture/zinguerie/SST/étanchéité, CFA BTP Marly (59), 1^er enseignant au classement national 2022

« Mon parcours personnel m’a fortement sensibilisé aux sujets de prévention, en tant qu’ancien sapeur-pompier par ailleurs victime d’un accident du travail. C’est donc un aspect que je mets en avant auprès de mes élèves, et une bonne raison de les entraîner dans le challenge 100 minutes pour la vie tout en participant moi-même. Tous les jours, je leur transmettais les défis, et à l’occasion, quand je les croisais dans la cour, je leur proposais de jouer une “battle” de façon spontanée. Si un certain nombre a malgré tout décroché en chemin, l’un de mes apprentis, Hugo Delemer, est arrivé 4^e et d’autres apprentis de l’établissement se sont classés parmi les premiers au niveau régional. Pour l’édition prochaine, un bon moyen d’impliquer davantage le personnel enseignant serait de prévoir un challenge formateurs ! »

Mickaël Cobigo, formateur technique travaux publics, CFA TP Ploërmel (56), 2^e enseignant au classement national 2022

« Au-delà du côté sympathique de se lancer des défis, le challenge 100 minutes pour la vie a de vrais mérites pédagogiques en ouvrant les yeux des apprentis sur des situations à risque qu’ils ne perçoivent pas a priori comme dangereuses. Lorsque nous avons reçu le règlement de l’opération, nous nous sommes inscrits ensemble avec les apprentis et, après leur avoir expliqué les règles, je leur ai proposé de faire une première série. Par la suite, j’ai continué à les motiver en prenant un temps pour se défier à la fin de chacune de nos séances, ce qui donnait lieu à des échanges. L’aspect numérique permet d’intégrer plus de questions, sur plus de sujets et sur une durée plus longue, et la désignation de vainqueurs au niveau régional a entraîné un regain d’implication des jeunes. »