Sécurité, rapidité et innovation: un chantier bois exemplaire en Provence

Sur la zone d’activité d’Aix-les-Milles, à quelques encablures de l’aérodrome, un chantier hors normes est en cours pour le service de santé au travail Provence, maître d’ouvrage du projet. Il s’agit de la construction d’un bâtiment R+2 de 2 000 m² (extensible à un troisième étage de 800 m²) dans des conditions environnementales et de sécurité exigeantes. Pour le lot gros œuvre, c’est l’entreprise Mù Fangzi (petite maison en bois en chinois), qui a été sélectionnée.

La proximité de l’aérodrome a imposé une contrainte de taille : l’impossibilité d’utiliser une grue durant les heures de trafic aérien. « Nous avons donc réalisé l’ensemble du clos couvert et de l’isolation en 16 nuits de travail, entre le 6 et le 26 février », explique Pascal Di Stefano, dirigeant de cette PME de douze salariés. Une performance rendue possible grâce à une organisation millimétrée et une coordination sans faille. En journée, une équipe assurait la logistique des deux semi-remorques quotidiennes pour acheminer les éléments préfabriqués et préparer les opérations nocturnes, à partir de 19 heures. « Un seul et même grutier était responsable de l’ensemble des levées durant les 16 nuits afin de garantir une meilleure maîtrise des risques, avec des manœuvres de levage plus fluides et une meilleure réactivité », ajoute Pascal Di Stefano, dont l’entreprise fonctionne sur un rythme de quatre jours par semaine.

Des manœuvres de levage éclairées via des ballons en hauteur, avec des LED installées au sol en complément « pour un éclairage comme en plein jour et des conditions de sécurité optimales », précise le chef d’entreprise. Pendant l’assemblage des panneaux, les opérateurs étaient systématiquement équipés de lampes frontales et de lignes de vie accrochées via des sangles.

Des travaux de nuits éclairés par des ballons en hauteur et des LED au sol.

Autre particularité majeure du chantier : l’ensemble de la structure – ossature, planchers du rez-de-chaussée et de l’étage, cage d’ascenseur – a été réalisé en bois à partir de panneaux préfabriqués en atelier, fournis par Xlam (CLT pour les planchers et cage ascenseur) et Garcin Charpente Bois (ossature bois et murs extérieurs) à Sisteron. Ce choix, à la fois écologique et sécuritaire, permet de délocaliser une grande partie des opérations. Résultat : 80 % de la main-d’œuvre est mobilisée en atelier, et seulement 20 % sur le chantier, limitant ainsi les manutentions lourdes et les risques d’accidents.

Le recours à la préfabrication a aussi permis d’intégrer directement les garde-corps sur les panneaux bois (12 m x 2,5 m), une solution pratique pour faciliter leur installation et sécuriser l’assemblage sur site. Pour éviter les chutes de hauteur, des protections collectives ont été posées sur les ouvertures et les trous d’hommes systématiquement recouverts par des capots. Quant aux coursives, conçues pour faire le tour du bâtiment au rez-de-chaussée et à l’étage, elles ont permis de réaliser les façades sans avoir à poser d’échafaudages, réduisant là encore les risques.

« Le coût de l’ensemble des mesures de sécurité sur le chantier s’élève à 6 200 euros, auquel il faut ajouter 6 000 euros pour l’éclairage du chantier la nuit », précise le dirigeant. Une enveloppe modeste au regard des 2,2 millions d’euros du lot confié à Mù Fangzi (pour un montant total de 4,2 millions d’euros), « mais qui a considérablement amélioré les conditions de travail et la sécurité ». À ce jour, aucun accident n’est à déplorer.