Sur un chantier NGE, la simulation numérique au service d'une opération complexe

La bascule entre l'achèvement d'une zone et sa mise en exploitation fait partie de ces phases sensibles. Tout comme les interactions entre le génie civil (réalisation du radier) et la pose des poteaux de la charpente métallique, alors même qu'intervient déjà le second œuvre. « Sur 130 mètres de long par 40 de large, ce n'est pas seulement un découpage longitudinal mais aussi transversal du chantier qui a été effectué », commente Michel Charroin. Simuler l'avancement du chantier permet, non seulement de programmer des horaires décalés, mais aussi de prévoir les interventions des engins (de levage, de pose des poteaux) positionnés dans la maquette numérique. « Si par exemple la charpente rattrape le génie civil, on peut recaler le planning et donner de nouvelles consignes pour éviter que des équipes travaillent sous la charpente métallique au moment où elle est posée ».

L'ensemble des données a été produit par NGE et par les cotraitants et sous-traitants (pour les éléments dimensionnant comme le clos couvert) choisis pour leur pratique du numérique. « Chaque corps de métier a un représentant, un projeteur BIM qui modélise sa maquette selon des standards définis au préalable par le BIM Manager et le maître d'œuvre », explique Abdessamad Belmahjoub, lui-même mobilisé à 100 % sur ce chantier d'exception. Grâce à la réalité augmentée, les équipes peuvent comparer l'état du chantier, sur le terrain, à la maquette du projet terminé, sécurisant l’exécution des travaux et évitant les reprises. « Par exemple, depuis leur tablette, les chefs de chantier voient le coffrage en train d'être réalisé se projeter sur le mur et où placer les réservations, détaille l'ingénieur BIM. La tablette a aussi un usage de vérification de la bonne exécution des travaux. » L'intégration dans la maquette numérique des engins (grues, éléments de levage), des équipements ferroviaires et même des gabarits de trains permet de mieux dimensionner les opérations, d'éviter les interférences et d'organiser en conséquence les circulations.

Parmi les outils mis à disposition des équipes, un module Ressources a par ailleurs facilité la gestion des flux (approvisionnement, livraison, exécution) avec une vision en temps réel de l’avancement. « Cette solution réduit le stockage et le nombre d'opérations de reprise de matériels et matériaux, sources potentielles de heurts », commente Michel Charroin. Un autre module permet un suivi centralisé et géoréférencé des remarques et des réserves. Disponibles au même moment pour tous les corps d'état, ces informations incluant les points de vigilance relatifs à la sécurité peuvent très facilement être partagées lors d'un point d'étape, quand une équipe succède à une autre. Enfin le récolement s'est effectué par drones et scan 3D, évitant d'exposer le personnel aux risques ferroviaires et électriques sur le site en exploitation. « La superposition des données ainsi recueillies avec le modèle BIM offre un niveau élevé d'information, tel que demandé par le client, conclut le directeur Grands travaux industriels de NGE. En phase ultérieure d'exploitation, la maquette numérique lui fournit toutes les dates de maintenance, de contrôle et de vérification ». Une sorte de mode d'emploi clés en main, mais numérique, du bâtiment.