276 Dossier - L'analyse d'accident : un outil d'apprentissage

    ©Gael Kerbaol/INRS

    Médecins du travail, préventeurs, représentants du personnel, formateurs… quatre mille personnes ont assisté au webinaire de printemps de l’INRS sur la démarche d’analyse des accidents du travail. L’occasion pour Anne-Sophie Valladeau de rappeler sa finalité : déployer des mesures correctives adaptées après chaque événement quel que soit son niveau de gravité.

    L’INRS part du principe qu’un accident de travail n’est pas une fatalité, il provient d’un enchaînement de faits sur lesquels il faut enquêter. Pourquoi insistez-vous sur ce point ?

    La faute individuelle reste encore très prégnante dans la tête des entreprises sur les causes d'accident. Certaines entreprises rejettent la faute sur l’opérateur, qui n'aurait pas respecté la consigne ou pas mis ses EPI, bref aurait fait n'importe quoi. On essaie de faire évoluer les mentalités : s’il y a eu un accident c'est qu'il y a eu un dysfonctionnement au niveau de l'entreprise. Les personnes ne font pas exprès de se blesser.

    Pourquoi est-ce important d’analyser un accident ?

    Un accident n’est jamais dû au hasard. S’il n’est pas analysé, il y a un risque de réitération ou de survenue d’un accident encore plus grave, potentiellement mortel. L’analyse doit améliorer le fonctionnement de l’entreprise, il ne s’agit pas de définir des responsabilités civiles ou pénales ou de rechercher d’éventuels coupables. Cette règle permet de garder la parole libre dans l’entreprise.

    Comment conseillez-vous de procéder pour identifier les causes d’un accident ?

    Il existe deux grandes règles : s’attacher aux faits, et ne pas réaliser l’enquête seul. Le processus de recueil des faits, d’analyse des causes et la mise en place de mesures correctives nécessitent des échanges au sein d’un petit groupe de travail. L’enquête permet de distinguer les causes directes et les causes profondes que l’on peut organiser sous la forme d’un arbre des causes. C’est une représentation graphique facultative mais aidante, car elle met en valeur les faits issus de l’enquête d’accident, qui seraient sinon noyés dans un texte.
    Attention, suivre cette démarche nécessite du temps ! Ce n’est pas possible pour toutes les entreprises selon leur taille et leur structure. Pour les TPE, nous avons donc développé une boîte à outils intitulée « Agir suite à un accident du travail ». Elle est accessible gratuitement en ligne et permet de se questionner sur les circonstances d'un accident, via un guide d’enquête, de sélectionner les causes retenues dans une liste prédéfinie. Comprendre l'accident c'est très bien mais, pour éviter qu'il ne se reproduise, il faut vraiment corriger le fonctionnement de l'entreprise. C’est pourquoi, grâce à la boîte à outils il est possible de choisir dans une liste les actions correctives les plus pertinentes à mettre en œuvre et d’éditer un plan d'action (téléchargeable). L’entreprise conserve ses données et son historique, en toute confidentialité – nous-même n’y avons pas accès. ●

    Il existe deux grandes règles : s’attacher aux faits, et ne pas faire l’enquête seul.

    Anne-Sophie Valladeau, expert conseil à l'INRS

    Longtemps chargée de prévention en entreprise dans différents secteurs industriels et logistiques, Anne-Sophie Valladeau a rejoint l'INRS en 2005, où elle conseille les entreprises sur la mise en œuvre de la prévention des risques professionnels.

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