278 Dossier Hygiène art.4 GCC

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    « Aujourd’hui les équipes sont exigeantes sur le sujet de l’hygiène, et nous mettons les moyens pour qu'elles travaillent dans les meilleures conditions possibles », assure Valentin Lesquereux, ingénieur QPE au sein de GCC Île-de-France. Différentes structures que nous avons interrogées ont intégré pleinement cette dimension dans la préparation de leurs chantiers, en la conciliant avec les spécificités de leur activité.

    1. Une organisation anticipée et flexible

    « Nos chantiers de réhabilitation lourde en milieu urbain durent plus de quatre mois et peuvent mobiliser de trente à deux cents compagnons. La mise en place d’une ou plusieurs bases vie s’impose donc », indique Valentin Lesquereux. En amont, son équipe définit, avec l’encadrement et la maîtrise du chantier, l’emplacement de ce matériel en sachant qu’il y sera immobilisé un certain temps. « Les autorisations d’installation sur voirie nous étant rarement accordées, nous devons choisir une zone à neutraliser ou anticiper les travaux à faire pour installer la base vie correctement », poursuit Mathieu Picard, ingénieur travaux principal à l’agence IDF1. Avant l’accueil des compagnons, l’entreprise procède à un audit des installations avec les représentants du personnel. Lorsqu’il est matériellement impossible d'installer des bases vie dans l’existant, l'entreprise se tourne vers des logements ou des commerces en cessation d'activité. Chez Legros TP, PME de 45 salariés spécialisée dans les réseaux de signalisation et d’assainissement, le coût des bases vie mobiles est inclus dans la prestation globale. « Nous avons investi dans trois roulottes, et si nous avons plusieurs équipes, nous en louons d’autres », explique Nicolas Greffier, responsable matériel-achats et conducteur de travaux. L’important chantier de la T6, une nouvelle ligne de tram à Lyon, a nécessité une organisation particulière : « Il y a une base vie montée par un groupement d’entreprises, mais plus le chantier avance, plus on s’en éloigne. D'où le choix d’avoir notre propre module, auquel nous avons ajouté des W.-C. autonomes, pour éviter de le déplacer. » La coactivité donne aussi lieu à une mutualisation informelle : « Il nous arrive, avec leur autorisation, de recourir aux toilettes d’autres entreprises si elles sont plus proches que les nôtres. » Du côté du service travaux de proximité de Bec Construction Champagne, qui compte une douzaine de salariés et réalise des travaux de courte durée auprès de collectivités locales, bailleurs sociaux, maisons de Champagne et particuliers, la mise à disposition de locaux par leurs clients, lorsque les chantiers sont trop éloignés du dépôt est négociée, indique Fabien Ménochet, responsable technique. « La plupart sont coopératifs, et de notre côté, nous faisons tout pour conserver la propreté de ces lieux », ajoute Ryan Willems, maçon coffreur. Au sein d’Eurovia Nord Finistère, les obstacles liés aux métiers de la structure, spécialisée dans les travaux routiers, ont été source d’innovation. « Lorsque nous arrivons sur les chantiers, les bases vie ont souvent déjà été démontées, fait savoir David Raguenes, son responsable CSSCT. C’est pourquoi nous avons développé une base vie sur berce, autonome en matière d'équipements électriques, gaz et sanitaires. » Ces matériels, d’un coût unitaire de 28 000 euros, ont remplacé les anciennes cabanes de chantier devenues obsolètes.

    2. Des aménagements plus qualitatifs

    Chez GCC, les fours micro-ondes font désormais partie de l’équipement de base des réfectoires. Au-delà des aspects strictement hygiéniques, le confort progresse dans les installations sanitaires. Chez GCC, la mise en place d’un double service au déjeuner pallie le manque d’espace. « Sur certains chantiers, nous mettons même à disposition une cuisine avec une personne chargée de préparer les repas afin d’éviter les déplacements des équipes », précise Valentin Lesquereux. De son côté, Legros TP veille au bien-être des compagnons l’hiver en leur donnant les moyens de se réchauffer, de manger chaud et de se changer après l'effort physique. Des majors comme Bouygues Construction se veulent exemplaires en faisant rimer qualité des installations et attractivité, comme le souligne Yohann Valable, directeur adjoint matériel, en charge des installations de chantier : « fournir des bungalows mieux isolés et plus sobres grâce au pilotage centralisé, généraliser le séchage de vêtements, le passage couvert entre vestiaire et sanitaires, les lave-bottes, basculer vers des toilettes à l’anglaise, nous le devons tous à nos équipes et cela doit devenir des standards pour la profession ».

    3. La responsabilité partagée de l’entretien

    Qui dit hygiène, dit propreté. Celle des installations est indissociable de celle de leurs occupants, et passe aussi par leur implication. « Nous avons trois standards qui sont restés après le Covid: le nettoyage régulier, couvert par un contrat d’entretien de nos installations, le gel hydroalcoolique et le lave-mains », énumère Valentin Lesquereux. « Maintenir les lieux en bon état incite les compagnons à faire eux-mêmes des efforts, même si des rappels restent utiles tout au long du chantier », complète Mathieu Picard. Si Legros TP confie également l’entretien de ses installations à un prestataire qui intervient deux à trois fois sur un chantier d’un mois, l’entreprise compte sur ses compagnons pour préserver la propreté des lieux, sous la responsabilité du chef d’équipe et des conducteurs de travaux, qui veillent à cet aspect lors de leurs passages. « Les mentalités ont évolué, remarque pour sa part Fabien Ménochet, se laver les mains, utiliser le gel hydroalcoolique… sont autant de gestes devenus des réflexes depuis le Covid. »

    4. Objectif mixité

    La présence de femmes ou la volonté d’en recruter davantage sur les chantiers a également amené des entreprises à adapter leurs installations. Eurovia a ainsi investi dans un fourgon aménagé pour le personnel féminin avec vestiaire et sanitaires. « Utilisé par une chef de chantier, il accueille également nos stagiaires femmes quand nous en avons », précise David Raguenes. « Les femmes compagnons sont encore rares sur nos chantiers, indique quant à lui Valentin Lesquereux, chez GCC. Le cas échéant, nous avons des installations qui leur sont réservées, ainsi qu’au personnel de nettoyage féminin. » Chez Bec, les femmes se voient aussi attribuer des vestiaires et des toilettes bien entretenus, assurent Stéphanie Dejardin, grutière, et Émilie Chouquet, BTS Bâtiment en alternance. « L’encadrement fait le maximum pour préserver notre intimité, se félicite Stéphanie Dejardin.

    Maintenir les lieux en bon état incite les compagnons à faire eux-mêmes des efforts.

    Mathieu Picard, GCC.

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