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CHANTIER DU MOIS

Des solutions pour libérer du temps de grue

À Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), la construction d’un hôtel à la pointe de l’île Seguin s’appuie sur des moyens techniques et la préfabrication pour fluidifier le chantier.

Date : 24/03/2025

L F

Loïc Féron

En résumé

● La coactivité, au centre des attentions.
● Des garde-corps préfabriqués, facteurs de productivité.

Reportage paru dans PréventionBTP n°293-Mars 2025-p. 15

Identité

Maître d’ouvrage : Emerige-Ardian-AOG
Architecte : Baumschlager Eberle Achitekten
Maître d’œuvre : Builders&Partners
BET structure : Khephren
Entreprise générale : GCC
CSPS : LM3-C
Effectif en pointe gros œuvre : 60 personnes
Début du chantier : août 2023
Durée : 32 mois
Coût : 42,2 millions d’euros (TCE)
OPPBTP : Samira Ghegediban, conseillère en prévention, et Pascal Beauchamp, ingénieur de prévention

Des solutions pour libérer du temps de grue

C’est l’effervescence à l’extrémité amont de l’île Seguin que se partagent les différents chantiers du projet Pointe des arts. Le futur pôle culturel et artistique sera composé d’un centre d’art, d’une salle de cinéma, de commerces, de bureaux et de cet hôtel 4 étoiles réalisé en entreprise générale par GCC pour le compte du maître d’ouvrage Emerige-Ardian-AOG. Tout en courbes et en terrasses, le bâtiment en R+8 avec sa toiture technique doit accueillir 230 chambres, des bars et restaurants, des salles de réunion, une piscine et un espace sauna. Le tout labellisé E+C, RT 2012 et Breeam Excellent.

Du traitement des eaux à la post-tension des bétons

Du fait de la situation de l’ouvrage, en bords de Seine, la gestion de l’eau a accompagné les phases de terrassement, de travaux d’infrastructure et de superstructure. GCC a procédé à un rabattement de nappe par pointes filtrantes et au traitement des eaux sur site avant leur rejet dans le fleuve. La superposition des tâches (pieux, radier, voiles par passe) et la coactivité qui en découle ont été au centre des attentions de l’entreprise et de Guillaume Challit, son responsable prévention sécurité (agence Ile-de-de-France). Le gros œuvre réserve d’autres difficultés de taille. La superstructure en béton armé (voiles, poteaux, poutres et planchers) s’organise autour d’un noyau principal, un hall d’accueil avec un escalier Chambord, une batterie d’ascenseurs et deux monte-charges desservant les étages, dont certains en double hauteur justifient la mise en œuvre de bétons précontraints par post-tension.

Les bénéfices du mât de coulage

Faute de place, ce chantier complexe ne dispose que d’une seule grue dont les interférences avec celles du chantier mitoyen sont gérées par le même système. « Avec l’appui de la maîtrise d’œuvre, GCC déploie des dispositifs et des moyens techniques qui déchargent la grue de certaines tâches, explique Salah Kadi, chef de groupe travaux GCC. C’est le cas notamment des bétonnages par pompage et de la pose des balcons avec garde-corps préfabriqués» Alimenté par une pompe depuis le pied du bâtiment, le mât de coulage facilite l’approvisionnement et la répartition du béton dans les étages, tout en libérant la grue pour d’autres secteurs du chantier. Quant aux balcons filants qui ceinturent le bâtiment, le mode opératoire de pose des garde-corps préfabriqués a été conçu pour ne solliciter que très peu la grue, juste le temps de les stabiliser.

Nous mettons en œuvre des dispositifs qui déchargent la grue de certaines tâches.

Trois points d’attention qui font la différence

Sur ce chantier situé au milieu de la Seine, la référence imposée à l’entreprise relative au risque de crue est le niveau atteint en 1910 (crue centennale). En matière environnementale, GCC a procédé au rabattement de nappe par pointes filtrantes (système de pompage) et au traitement de l’eau par une centrale (incluant cuves de décantation et filtres) avant rejet dans le fleuve via un long conduit longeant les berges.

Le dispositif de pompage des bétons permet, depuis une pompe positionnée au pied du bâtiment, d’approvisionner les étages. Le béton poussé en façade est ensuite distribué à partir d’un mât posé sur quatre pieds et d’un bras articulé à l’aide de manettes pour gérer les déplacements du tuyau (140 m2 par jour). « Sachant qu’il faut 4 à 5 heures pour réaliser un coulage, le mât permet de libérer la grue pour d’autres tâches et ouvrages », explique Salah Kadi, chef de groupe travaux GCC.

L’utilisation de boîtes de réservation, type Rezaboîte, pour les fluides (chaud/froid, VMC, plomberie) contribue à la sécurité du chantier et à son efficacité. La synthèse des réseaux et le dimensionnement de la gaine proprement découpée facilitent l’intégration. « L’intérêt des boîtes réside dans la protection contre les chutes mais aussi dans le gain de temps au moment du calfeutrement, explique Salah Kadi. Si les études sont bien avancées et les boîtes livrées, le système peut être rapidement déployé, contrairement aux réservations coffrées qui exigent du temps pour la mesure, la découpe, la pose et son décoffrage. »

Focus sur les actions de prévention

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Monte-charge

À partir du niveau R+4, un lift, installé dans la gaine d’ascenseur définitive, permet de desservir l’ensemble des étages. L’équipement, sécurisé par des portes grillagées, est conçu et aménagé pour transporter du matériel.

Système de pose des balcons et gain de temps de grue

La cadence de réalisation des planchers fait partie des défis à relever sur ce chantier, d’autant que le bâtiment comporte des arrondis et des décaissés qui compliquent les incorporations au niveau de la dalle. Dans ce contexte, le système de pose des balcons et de leurs garde-corps préfabriqués réduit le temps de grue de cette opération, décalée dans le temps.

Salah Kadi, chef de groupe travaux GCC

La stabilisation des éléments provisoires de coffrage

Pendant la phase de terrassement, une attention particulière a été prêtée à la séparation des flux entre engins et piétons et à la maîtrise de la coactivité lors de la mise en œuvre des pieux, des radiers et des voiles par passes. En phase de gros œuvre, la vigilance porte sur la protection des réservations, la stabilisation des éléments provisoires de coffrage et la prévention des chutes de hauteur en s’assurant notamment du bon usage des portillons sur les banches.

Guillaume Challit, responsable prévention sécurité pour l’agence francilienne de GCC

Une voie d’approvisionnement partagée

Ce chantier, situé à l’extrémité de l’île Seguin, impose de fortes contraintes, à commencer par la gestion de l’eau via une station de pompage et une unité de traitement pour éliminer les polluants. L’accès par une voie unique, partagée avec les entreprises des chantiers voisins, a nécessité de notre part une organisation rigoureuse pour fluidifier les approvisionnements.

Jean-Noël Chatillon, directeur du projet pour GCC

Le + prévention : Pose des garde-corps béton préfabriqués sur les balcons

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Incorporation du rail Halfen

L'une des particularités réside dans la réalisation de balcons filants. Pour supporter le garde-corps définitif préfabriqué en béton qui va y être fixé, un rail Halfen, implanté avec un appareil topographique, est intégré au balcon dans le coffrage de rive de plancher. Pour s’assurer qu’il ne bouge pas lors de la mise en œuvre du béton, il est boulonné à une platine métallique, qui assure un décaissé de 2 cm, nécessaire pour que le niveau fini soit en adéquation avec l’ensemble.