Coup de chaleur sur un chantier, savoir réagir
Savoir identifier les signes d’alerte du coup de chaleur et prendre aussitôt en charge la victime peut réduire drastiquement les conséquences de ce risque.
Date de mise à jour : 23 juin 2025 - Auteur : Cendrine Barruyer
● Le coup de chaleur est un phénomène rare mais grave.
● Avec le réchauffement climatique ce type d’accident pourrait devenir plus fréquent.
Article paru dans PréventionBTP n°296-Juin 2025-p. 34
Un collègue qui ne tient plus sur ses jambes, a des maux de tête, une peau qui devient rouge et chaude… tels sont les signes évoquant une déshydratation pouvant conduire au coup de chaleur. Cette réaction de l’organisme survient lorsque le corps n’est plus capable de réguler sa propre température. C’est une urgence. Le coup de chaleur peut entraîner des lésions temporaires ou permanentes des organes vitaux pouvant conduire au décès. Le coup de chaleur est directement responsable d'une dizaine de décès sur le lieu de travail chaque année. Ces chiffres sont sans doute sous-estimés, indique le Dr Françoise Arqué, membre du comité scientifique des 37es Journées nationales Santé au travail, dédiées à l’impact du réchauffement climatique sur les conditions de travail dans le BTP et médecin du travail au SRAS-Santé au travail de Toulouse. « Notre Carsat, qui est chargée de collationner les chiffres sur les accidents du travail, s’interrogeait par exemple sur les chutes de hauteur. Est-ce que la chaleur peut les favoriser en diminuant les réflexes d’équilibre ? »
Qui est à risque ?
Les campagnes nationales rappellent régulièrement que les personnes âgées et les nourrissons sont particulièrement fragiles. Pour autant, les adultes en bonne santé ne sont pas épargnés. C’est contre-intuitif mais les jeunes adultes sont à plus haut risque. « Nous nous sommes aperçus, lors de manœuvres militaires, que les jeunes soldats étaient plus sensibles au coup de chaleur que leurs aînés », constate le Dr Arqué. Les autres facteurs aggravants sont plus classiques : les addictions (drogues, alcool…), pathologies cardiovasculaires ou respiratoires, diabète, obésité, manque de sommeil… ainsi que certains médicaments courants (diurétiques, antihypertenseurs, antidépresseurs…). Dès lors, comment s’y retrouver ? « Le message à transmettre aux travailleurs est simple : vous avez une maladie chronique, vous prenez des médicaments, parlez-en à votre médecin du travail », indique Françoise Arqué. Inversement, le fait d’être sportif est un facteur protecteur : l’entraînement régulier améliore la capacité cardiaque et la réaction de l’organisme aux variations de température. De même, les jours de grande chaleur, en complément de l’hydratation régulière (eau fraîche), il est recommandé de consommer des fruits et légumes et de réduire les apports en protéines animales.
Réagir vite !
Devant les signes évoquant une déshydratation ou les premiers signes du coup de chaleur (maux de tête, soif intense, crampes, épuisement, vertiges, nausées, vomissements…), il ne faut pas attendre que les choses s’aggravent. On se met au repos dans un endroit frais et aéré, à l’ombre. On enlève ses vêtements et on se rafraîchit en faisant couler de l’eau fraîche sur le corps. Enfin, on s’hydrate avec de l’eau fraîche (mais non glacée). Si un collègue manifeste des signes de malaise, on intervient immédiatement en alertant les secours et on reste à côté de lui jusqu’à l’arrivée des secours.
Explorer les effets de la chaleur sur l’organisme
De nombreux travaux ont été réalisés sur les effets du soleil sur l’organisme. L’impact de la chaleur est moins connu. Le Sras Santé au travail de Toulouse et Santé BTP 34 s’engagent dans un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) afin d’explorer cette problématique. Mieux connaître les pathologies qui altèrent la gestion de la chaleur par l’organisme et évaluer l’impact de la chaleur sur ces maladies est l'un des objectifs. Par exemple, pour les pathologies cardiovasculaires, les équipes vont s’enquérir des traitements pris par les salariés, calculer le nombre de restrictions données, évaluer le « coût cardiaque » en fonction de la température. Toutes ces observations permettront d’enrichir les connaissances sur les effets physiques, physiologiques et physiopathologiques de la chaleur, indique le Dr Arqué. Ce travail se déroulera sur les cinq prochaines années.
4 façons d’éviter les coups de chaleur

S'acclimater, c’est important !
Le corps met huit à douze jours pour s’acclimater à la chaleur. Au terme de cette période, l’organisme réagit plus efficacement : « Le cœur s’accélère moins, des hormones sont secrétées pour aider aux mécanismes de thermorégulation », explique le Dr Arqué. Conseils : être vigilant au début des grosses chaleurs, au retour de vacances d’un salarié, et avoir une vigilance particulière quand un intérimaire arrive sur un chantier.

Ne jamais rester seul par forte chaleur
En cas de coup de chaleur, l’intervention des collègues de chantier est cruciale. Dans les équipes suivies par le Dr Arqué, un chef de chantier a ainsi été sauvé par ses compagnons : « Il était confus, il affirmait qu’il allait bien. Ses collègues ont appelé les secours, il a été hospitalisé 24 heures. Il s’en est sorti ! ». Conseil : veiller les uns sur les autres et ne jamais laisser un équipier seul par jour de grande chaleur.

Rafraîchir avant tout chose
Le refroidissement immédiat de la victime d’un coup de chaleur peut lui sauver la vie : la déplacer dans un lieu frais et ombragé, enlever ses vêtements et ses chaussures, la ventiler et l’asperger d’eau fraîche, appliquer des compresses fraîches au niveau de la tête, du cou, des aisselles… lui proposer à boire par petites gorgées régulières.