Le stress des dirigeants : quels moyens pour agir ?

Surcharge de travail, difficultés économiques, gestion administrative, retard sur les chantiers, accidents… les sources de stress sont nombreuses pour les dirigeants du BTP : 53 % d'entre eux sont touchés par le stress, selon le dernier baromètre de la Capeb. « Le stress que chacun gère au quotidien, ou croit gérer, devient vite un stress silencieux et chronique, qui agit sans que l'on s'en rende compte et produit, à moyen ou long terme, beaucoup plus de cholestérol, de troubles cardiovasculaires, de douleurs chroniques, de troubles du sommeil et de troubles de l'humeur », souligne Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien cofondateur du dispositif national Apesa France (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë, lire l'encadré ci-dessous). « S’il n’existe pas de remède miracle, des stratégies permettent de mieux gérer le stress, tant sur le plan personnel, qu’au niveau de l’organisation », rassure le Dr Philippe Rodet, urgentiste et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet (lire ci-dessous les illustrations 4 moyens de gérer efficacement le stress). Et depuis la loi du 2 août 2021 sur la santé au travail, le chef de l'entreprise adhérent à un service de prévention et de santé au travail (SPST) peut bénéficier de l'offre de services proposée aux salariés. Un signe de l'attention portée à la santé des dirigeants.

Stresseurs et satisfacteurs

Dès 2009, Olivier Torrès, professeur à l’université de Montpellier, avait créé le premier observatoire sur la santé des chefs d’entreprise et des entrepreneurs, Amarok (lire l'encadré ci-dessous et notre interview à paraître dans le numéro 301 de PréventionBTP (décembre 2025 – Janvier 2026). Objectif : étudier scientifiquement les relations entre la santé des entrepreneurs et la santé de l'entreprise, importantes dans les PME. Le dispositif Amarok e-santé repose sur deux listes de stresseurs et satisfacteurs professionnels, ayant chacun un score moyen d’intensité ressentie. Si la balance est négative, s'engage alors la phase de détection du risque de burn-out. Si le seuil d'alerte est dépassé, un psychologue du travail est mis en relation. « Dans le secteur du BTP, les stresseurs les plus fréquents sont pour une grande partie les problématiques de RH : démissions, conflits, absentéisme. » À ce jour, l'observatoire a pratiqué plus de 28 000 diagnostics, dont 1 132 dans le BTP. 55 % ont une balance positive, ce qui indique plus de satisfaction que de stress chez les dirigeants. Toutefois, 7,6 % des dirigeants du BTP sont en risque d’épuisement sévère, un peu plus que les chiffres nationaux intersectoriels (7,3 %). La FFB au niveau national ainsi que des SPST du BTP font partie des partenaires d'Amarok. De son côté, Apesa était à l’origine positionnée sur la prévention du suicide en lien avec les épreuves subies par les chefs d’entreprise confrontés à des procédures collectives. L’association forme des acteurs du monde économique et des procédures collectives à repérer le mal-être d'un dirigeant. « Nous les formons à en parler directement pour enfin proposer un soutien psychologique de cinq consultations confidentielles et gratuites chez l'un des 1 850 psychologues libéraux de notre dispositif ». Plus de 15 000 chefs d'entreprise ont été repérés et pris en charge depuis 2013.