Agir contre les troubles musculo-squelettiques, retour sur un webinaire de l'INRS
Responsables de près de 90 % des maladies professionnelles reconnues par l’Assurance maladie, les TMS sont un sujet majeur en matière de prévention. Comment les aborder ? C’était le sujet d’un webinaire organisé ce mardi 9 décembre par l’INRS.
Date : 11/12/2025
Cendrine Barruyer

© OPPBTP
Cela peut commencer par une gêne, une fatigue, un inconfort, une sensation de raideur… Lentement, insidieusement, l’inconfort devient douleur… À terme, les TMS risquent d’entraîner des pertes d’amplitude articulaire et un véritable handicap au travail. D’où l’importance de les détecter dès leurs premières manifestations, ou mieux encore, de prévenir leur survenue. Un enjeu crucial quand on sait que ces troubles représentent près de 90 % des maladies professionnelles reconnues par l’Assurance maladie.
Mais comment procéder ? Lors d’un webinaire organisé par l’INRS et suivi par près de 900 participants, Aude Cuny-Guerrier ergonome et responsable de laboratoire à l’INRS, Cécile Pasquet, ergonome, référente TMS à la Carsat Centre Val de Loire et Malika Jean-Louis, responsable QSE au sein du groupe Qérys (aménagement de l'habitat) ont répondu aux nombreuses questions des auditeurs.
Une démarche en quatre étapes
Premier constat : une démarche rigoureuse est nécessaire pour prévenir ces affections. Elle passe par quatre étapes clefs, l’engagement dans la démarche - le rôle de la direction est alors crucial -, l’état des lieux et l’analyse approfondie des postes, la transformation. Et bien entendu l’évaluation de l’intervention. Ces quatre étapes sont détaillées dans le programme TMS Pro proposé par l’Assurance maladie.
« Il n’y a pas de solution toute faite en matière de TMS, prévient Aude Cuny, car ces affections sont multifactorielles ». Attention donc à ne pas vouloir aller trop vite, à chercher la solution miracle ou encore à investir dans des outils sans avoir réalisé au préalable le plus important : une démarche diagnostique approfondie .
Les oratrices ont fait un focus particulier sur cet état des lieux qui conditionne la réussite de l’intervention. L’état des lieux c’est d’abord la recherche d’indicateurs. Ce peuvent être des indicateurs RH (absentéisme, turnover, accidentologie, plaintes…) ou des indicateurs de productivité (taux de rebut, nombre de pannes…). Ces indicateurs sont ensuite confrontés au terrain. « Chez nous (à la Carsat) on appelle cette étape le « dépistage », indique Cécile Pasquet. Cela consiste à identifier sur l’ensemble des situations de travail, les postes qui présentent le plus de facteurs de risque de TMS.
Bien choisir son animateur
Autre prérequis pour que l’intervention se déroule au mieux : le choix de l’animateur de cette démarche TMS, celui qui va la piloter en interne avec le soutien d’experts et consultants extérieurs (ergonomes, IPRP…). « Ce doivent être des personnes volontaires, disposant de la capacité à être neutres, à prendre du recul, à effectuer des observations sans jugement » indique Cécile Pasquet, qui ajoute qu’elles doivent également être à l’aise avec les outils informatiques. Quid des compétences dans l’analyse des situations de travail ? « Si ces compétences leur manquent, il existe des formations adaptées. » La Carsat dispose ainsi d’une offre de service pour former les personnes en charge de la prévention.
Pour les petites entreprises qui ne peuvent se permettre de mettre en place une démarche complexe, avec des COPIL, des groupes de travail, le tout piloté par un animateur en prévention, des solutions plus simples devront être développées. Des outils comme RITM3 (repères pour l'intervention en prévention des TMS, démarche pour analyser les situations de travail et élaborer un plan d’actions), peuvent aider la structure à lancer une évaluation et une action.
Un investissement rentable pour tous
Ces interventions ont un coût, à la fois financier mais également temporel. Car si l’on veut mettre en place des transformations pérennes, cela ne peut pas se faire à la va-vite. « Le temps c’est la clé. Il faut laisser du temps à la personne-ressource pour que la solution s’implante en entreprise » indique Malika Jean-Louis. Cet élément est également fondamental dans les premières étapes de la démarche. « Faire l’analyse prend du temps. Il ne faut pas faire l’économie de ce temps-là. » ajoute Cécile Pasquet. Quant aux coûts financiers, ils peuvent être pris en charge en partie par des aides : aide financière de la Carsat, contrat de prévention, et plus récemment subvention risque ergonomique du Fipu. Une partie des coûts reste toutefois à la charge de l’entreprise. Mais comme le rappelle Aude Cuny : « toute démarche de prévention entraîne un coût de mise en place mais cet investissement en retour s’associe à une amélioration des conditions de travail, une meilleure attractivité, une diminution de l’absentéisme et potentiellement une amélioration de la productivité ».
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