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Santé

Exosquelettes dans le BTP : une étude évalue les impacts sur la santé des opérateurs

L'intégration des exosquelettes dans le secteur du BTP fait encore débat parmi les professionnels. Pour certains, ces dispositifs représentent une solution évidente aux contraintes physiques, tandis que d'autres soulignent les limites en termes d'impact sur la santé. Une étude commandée par Hilti relève les effets positifs relatifs à la santé des opérateurs ainsi que certaines limites d’utilisation.

Date : 14/02/2025

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Fabienne Leroy

Exosquelettes dans le BTP : une étude évalue les impacts sur la santé des opérateurs

© Hilti

La société Hilti a commandé une étude visant à évaluer l'efficacité de ses exosquelettes dans la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) dans le BTP. L’objectif de cette étude, réalisée en collaboration avec l’Institut de thérapie manuelle et de physiothérapie (ITMP) et soutenue par l’OPPBTP(1), est d’évaluer les effets à moyen terme de l'utilisation de ces exosquelettes sur la santé des opérateurs et d’analyser les facteurs d’acceptation de cet équipement.

Pascal Girardot, ergonome à l’OPPBTP : « Comprendre pourquoi les exosquelettes sont souvent rejetés… »

Selon Pascal Girardot, ergonome à l’OPPBTP, il existe de nombreuses études évaluant l’intérêt d’un exosquelette dans une situation donnée : certaines ont été réalisées en laboratoire et d’autres en conditions réelles sur de courtes durées. Cependant, malgré des résultats positifs initiaux, l’expert souligne que ces équipements sont souvent abandonnés après quelques semaines. Les raisons de ce rejet restent à explorer, notamment en ce qui concerne leur impact à moyen terme, encore peu étudié.

L’étude, lancée par Hilti en collaboration avec l’ITMP et l’OPPBTP, impliquant 150 utilisateurs sur trois à douze mois, permet de constater des améliorations notables quant à l’intégration de ces équipements. Les résultats montrent, en effet, une réduction des douleurs du tronc et des membres supérieurs sans effets négatifs sur le reste du corps. Toutefois, l’étude souligne l’importance d’analyser les conditions d’usage et ouvre la voie à de nouvelles recherches, conclut Pascal Girardot.

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Une étude basée sur les retours d’expérience des utilisateurs d'exosquelettes

L’exosquelette étudié(2) a été développé pour assister les opérateurs dans les tâches où les bras, voire les coudes, sont élevés au-dessus de la hauteur des épaules, comme c’est souvent le cas pour les plaquistes, électriciens ou maçons.

Ces dispositifs visent à soulager les articulations des épaules et du dos lors de longues périodes de travail dans des positions contraignantes. Le programme d’étude a été mené auprès de salariés dans des entreprises de taille variable, allant des PME à de grands groupes comme Eiffage et Bonglet, et s’est concentré sur une période d’utilisation allant de six à douze mois.

Les résultats de l’étude reposent principalement sur les retours d’expérience des utilisateurs. L’objectif était de déterminer si l’exosquelette améliore la santé des opérateurs sans effets secondaires néfastes, tout en étudiant l'impact potentiel sur la productivité des travailleurs.

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Résultats : des douleurs réduites lors des tâches contraignantes

Les résultats montrent des améliorations notables pour les opérateurs utilisant l’exosquelette, en particulier en ce qui concerne les douleurs au niveau des membres supérieurs et du rachis. En effet, les opérateurs ont rapporté une diminution des douleurs aux épaules et dans le bas du dos, ce qui confirme l’efficacité de l’exosquelette pour soulager les contraintes mécaniques associées à des tâches de travail difficiles.

Cependant, les résultats varient en fonction de l’intensité et de la durée d’utilisation. En moyenne, les opérateurs ont utilisé l'exosquelette 120 minutes par jour, mais la durée d’utilisation a varié de 10 minutes à plus de 5 heures, en fonction des tâches et des chantiers. Dans certains cas, l’utilisation était intermittente en raison de la nature changeante des travaux.

Exosquelette : prévoir une phase d’accompagnement soignée

L’étude suggère que certaines conditions d’utilisation optimales doivent être réunies pour garantir le succès de l’intégration des exosquelettes dans le quotidien professionnel. Elle propose ainsi une phase d’accompagnement soignée et un diagnostic préalable des besoins spécifiques des travailleurs.

Bien que la productivité des opérateurs n’ait pas été altérée de manière significative, l’objectif principal de cette démarche reste la prévention des TMS. Dans cette optique, l’exosquelette pourrait devenir un élément important dans la lutte contre les troubles musculo-squelettiques dans le secteur du BTP.

Ainsi, tout en soulignant la nécessité de poursuivre les recherches pour affiner l’utilisation de ces équipements, cette étude ouvre la voie à une adoption plus large des exosquelettes, dans une logique de prévention et de sécurité au travail.

Retrouvez l'étude détaillée ici

Exosquelettes : des effets indirects positifs

L’étude met également en lumière des effets indirects positifs, notamment une meilleure communication sur la sécurité et la prévention des TMS au sein des équipes. Les échanges entre les compagnons ont été encouragés par l’introduction de l’exosquelette, ce qui renforce l’importance de l’intégration de ces dispositifs dans une démarche globale de sécurité au travail.

(1)Auteurs de l’étude : Xavier Dufour (ergonome, kinésithérapeute, directeur de l’Institut de thérapie manuelle et de physiothérapie (ITMP) ; Pascal Girardot, Ergonome (OPPBTP).

(2)EXO-01 développé par Ottobock en partenariat avec Hilti.

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