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Santé

TMS : une étude alerte sur la santé fragile des apprentis malgré le sport

Une étude pilotée par le CCCA-BTP analyse les relations entre l'activité professionnelle, l'activité sportive et la santé des apprentis du BTP. Malgré une pratique sportive répandue chez les jeunes en formation, leur forme physique réelle, plutôt fragile, invite à repenser la prévention des troubles musculo-squelettiques, premier risque professionnel du secteur.

Date : 29/07/2025

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Fabienne Leroy

TMS : une étude alerte sur la santé fragile des apprentis malgré le sport

© Adobe Stock

Quelque 3 306 apprentis du BTP, issus de huit régions et principalement de niveau CAP, ont participé à l’étude « Espace », à l’initiative du CCCA-BTP. Objectif : évaluer leurs pratiques sportives ainsi que leur niveau de santé et de forme physique.

Les métiers du BTP sont en effet physiquement exigeants. Dès l’apprentissage, les jeunes sont exposés à des contraintes posturales, des efforts musculaires répétés et des charges physiques, facteurs de risque de troubles musculo-squelettiques (TMS). Ces douleurs, qui touchent tendons, muscles ou articulations, sont la première cause de maladie professionnelle dans le secteur.

L’étude « Espace », réalisée par Proactif, rappelle que les TMS relèvent d’un modèle biopsychosocial : au-delà des gestes professionnels, ils dépendent aussi de la forme physique, de la fatigue chronique ou de l’état mental des jeunes.

Station debout prolongée, postures agenouillées… des facteurs de risque professionnel

Les positions debout prolongées, les postures agenouillées, les torsions des poignets et la manipulation d’objets légers (≤ 4 kg) ont été identifiées comme principaux facteurs de risque accru de TMS pour les apprentis, exposés à un niveau d’activité physique professionnelle certain.

L’étude par groupe métier montre que :

  • les métiers du gros œuvre sont davantage sujets à des efforts demandant de la force au travers de ports de charges réguliers,

  • les métiers du second œuvre et de l’énergie demandent majoritairement de l’endurance musculaire et de la mobilité articulaire pour des maintiens de positions contraignantes,

  • les métiers du bois et de la couverture demandent avant tout de la force et de l’endurance des membres supérieurs pour répondre à des tâches de préhension majoritaires,

  • les métiers des travaux publics demandent des qualités physiques diverses au vu de l’hétérogénéité de ses tâches.

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Le paradoxe : une activité physique élevée, mais une santé physique fragilisée

Contrairement aux idées reçues, 68 % des apprentis du BTP atteignent les niveaux d’activité physique recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), notamment via leur travail et la pratique de sports comme le football, la musculation ou la course à pied. Pourtant, trois quarts des jeunes interrogés estiment avoir une mauvaise forme physique, et plus de 80 % déclarent souffrir de douleurs corporelles significatives.

Ce paradoxe montre que l'activité physique, même régulière, ne suffit pas à compenser les contraintes professionnelles, surtout si elle n’est pas structurée ou adaptée aux réalités du métier.

L’étude révèle que près d’un tiers des apprentis n’ont pratiqué aucun sport en dehors du travail au cours des six derniers mois. Ceux qui en pratiquent le font en moyenne 4,8 fois par semaine, pour plus de deux heures par séance, mais souvent sans encadrement adapté aux spécificités du métier.

D’où l’enjeu d’accompagner ces jeunes vers une activité physique ciblée, avec un objectif : développer force, endurance, mobilité et récupération, en lien avec les contraintes propres à leur spécialité (maçonnerie, couverture, finition, travaux publics…).

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Mieux accompagner les jeunes : un levier clé de prévention des TMS

L’étude insiste aussi sur un aspect souvent négligé : l’état mental influence directement la santé physique. L’adolescence, moment charnière de la formation, est marquée par des bouleversements émotionnels, amplifiés par une immersion précoce dans un environnement professionnel exigeant. Mieux accompagner les jeunes dans cette période favoriserait une meilleure adaptation physique et mentale.

Autre point crucial : lutter contre les croyances dites nocébo, ces idées reçues qui limitent l’acceptation de certains mouvements ou efforts, en valorisant la capacité d’adaptation du corps humain. Des rapports scientifiques ont montré qu’il n’y avait pas de mouvement ou de geste intrinsèquement mauvais pour le corps, mais qu'il y avait de mauvaises préparations.

Former des « champions de leur carrière » : un nouveau regard sur la prévention

Les auteurs de l’étude appellent à changer de paradigme et mettre en place des plans d'action innovants. Plutôt que de considérer les apprentis uniquement comme des travailleurs en formation, il faut les former comme des acteurs de leur propre santé, avec les mêmes exigences que dans le sport de haut niveau : préparation physique spécifique en fonction du métier, attention à la santé mentale, gestion de la fatigue, alimentation et hygiène de vie.

En les aidant à prendre en main leur condition physique dès l’apprentissage, on les arme pour affronter durablement les exigences du BTP, tout en prévenant les TMS et les arrêts de travail précoces.

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