Bruno Magnin, directeur santé sécurité de Bouygues Bâtiment International

    ©Bouygues Bâtiment international

    Quelle a été la réaction à l’arrivée du coronavirus en Asie ?

    L’activité de Bouygues Bâtiment International en Asie a été frappée de plein fouet fin janvier-début février, particulièrement à Hong Kong mais aussi à Singapour, en Thaïlande, en Birmanie ou aux Philippines. Des mesures ont immédiatement été prises sur nos sites pour protéger la santé et la sécurité des personnes. La principale est le port du masque chirurgical par tous et en permanence. La production chinoise étant déjà partiellement à l’arrêt, nos services d’achats se sont mobilisés pour assurer la fourniture en quantité nécessaire. Moyennant quoi, à une exception près, les chantiers se sont poursuivis dans une première phase bien maîtrisée.

    Quelle est cette exception et qu’est-ce qui l’a justifiée ?

    Une de nos filiales à Hong Kong a été arrêtée pendant quinze jours quand un de nos collaborateurs a été testé positif au coronavirus dans le cadre d’une contamination intrafamiliale. Ce collaborateur ayant une mission transverse au sein de la filiale, c’est toute l’activité de cette filiale qui a été stoppée par précaution. Elle a repris lorsqu’il a été constaté qu’aucune autre personne de l’entreprise n’avait à son tour été contaminée.

    Certains de vos chantiers ont-ils été affectés plus tardivement ?

    Fin mars, Singapour a été confronté à une recrudescence des cas positifs. Les mesures que nous avions prises fonctionnaient bien jusqu’alors, mais l’État qui rencontrait des difficultés d’approvisionnement en masques nous a enjoint de ne plus rendre obligatoire le port du masque chirurgical sur chantier. Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Trois semaines plus tard, des cas positifs sont apparus sur nos chantiers comme dans d’autres secteurs de l’économie. Les autorités ont alors décrété l’arrêt de toute activité industrielle jusqu’au moins début juin. Cela reste un cas atypique en Asie.

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    Peut-on comparer la gestion de la crise en Asie et en France ?

    Le parallèle avec ce que nous vivons à l’international est très enrichissant. Les mesures mises en place en France avec quelques semaines de décalage sont totalement en adéquation avec celles prises en Asie. Autrement dit, les entreprises françaises, à commencer par Bouygues Construction, adaptent les dispositions sanitaires qui ont fait leurs preuves en Asie. La différence est, qu’en Asie, nous avons dû mettre en place ces mesures également dans nos bases vies où une partie du staff et des compagnons réside, parfois en famille. Espaces de vie communs, sanitaires, restauration, chambres…, même si les mesures sanitaires sont les mêmes, c’est tout un écosystème qu’il faut repenser.

    Quelles différences observez-vous dans l’appréhension de la crise ?

    J’ai été impressionné par la réactivité des équipes managériales des filiales du Groupe en Asie qui ont tout de suite vu ce qui arrivait, savaient comment la situation allait évoluer et en ont pris la pleine mesure. Je suis frappé a contrario par le temps qu’il faut en France pour comprendre que le port du masque est incontournable. En Asie, depuis l’épisode du Sras, les gens sont très sensibilisés. Dans le monde du travail comme ailleurs, il est admis que le port du masque est une protection collective efficace dès lors que tout le monde le porte. De la même façon, la prise de température est acceptée avant d’entrer dans un lieu de travail, dans un restaurant ou tout autre espace public. Nous avons intégré cette mesure dans les dispositifs d’accès à nos chantiers français, accompagnée d’une autoévaluation santé destinée à identifier de possibles cas symptomatiques.

    Comment la coactivité est-elle traitée sur vos chantiers asiatiques ?

    En comparaison avec la France, il y a sur nos chantiers à l’international un volume de main-d’œuvre plus important pour une même tâche, ce qui complexifie la gestion de la coactivité. Cela nous contraint à organiser les postes de travail en décalant les équipes et en les isolant par secteurs, en organisant les accueils avec des marquages au sol pour éviter tout attroupement. Cela suppose beaucoup de personnel de supervision pour encadrer ces moments clés, mais surtout pour repenser toute l’organisation du chantier jusqu’aux modes opératoires. 

    Les mesures prises en France sont-elles à la hauteur de ce qui se fait à l’étranger ?

    Aujourd’hui oui, absolument. Et le guide de préconisations réalisé par l’OPPBTP est de nature à aider les entreprises à protéger leurs salariés de la meilleure des façons. Reste que, par rapport à ce qui se fait en Asie, il nous faut beaucoup plus informer les personnes qui découvrent ces mesures et doivent se les approprier comme des éléments clés pour leur protection. C’est aussi le rôle de l’encadrement que d’accompagner les personnes tous les jours sur le lieu de travail, de faire de la pédagogie et de la vérification.

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