Laetitia Mathieu, entreprise GTB

    « À ce jour (27 avril, NDLR), nous avons retrouvé 70% de nos effectifs après un redémarrage progressif sur des chantiers sans risques.» Directrice générale de l’entreprise GTB (Groupement Travaux Bâtiments), basée à Montreuil, Lætitia Mathieu mesure le chemin parcouru depuis ce fameux 16 mars, après l’annonce du confinement par le chef de l’État : « Son discours nous a pris de court. Nous avons compris que la situation était grave.»

    L’entreprise de couverture plomberie et chauffage, spécialisée dans la rénovation, à Paris et sa proche banlieue, compte vingt-trois salariés : « J’ai demandé à celui qui réside dans l’Oise et se déplace en transports en commun de ne pas venir, ajoute la dirigeante. Le mardi nous avons interrompu tous nos chantiers, à l’exception de celui où un salarié intervenait seul dans un appartement. Le lendemain, nous avons vraiment tout arrêté après avoir saisi le niveau de panique générale quand nous avons constaté que le président de la Capeb, les principaux fournisseurs et les industriels avaient tous arrêté.»

    Après avoir réglé de nombreux dossiers administratifs la semaine suivante avec deux chargés d’affaires (dont son frère pour le volet plomberie et couverture), Lætitia Mathieu se retrouve seule dans l’entreprise, à une exception près, celle « d’un dépanneur qui s’occupait des urgences et pour lequel j’ai trouvé des masques au fin fond d’un tiroir !»

    Redémarrage des chantiers en cours

    Mi-avril, l’entreprise fait l’acquisition de 120 masques FFP2 pour envisager le redémarrage des chantiers, notamment dans des cours d’immeubles. Les salariés sont vite sensibilisés : « Je leur ai fait signer les affiches de l’OPPBTP, leur ai fourni des produits désinfectants, rouleaux de papier, gants, masques, savon et lunettes, explique Laetitia Mathieu. Je leur ai détaillé les procédures à appliquer, par exemple, en arrivant devant l’immeuble : “Tu appuies sur le digicode avec les gants. Tu évites l’ascenseur et prends l’escalier sans toucher la rampe. Arrivé sur le chantier, tu jettes les gants dans un sac poubelle, puis tu te laves les mains au savon avant de travailler“ ».

    Quand le client ouvre sa porte, il doit s’éloigner d’1,50 m, tout en montrant la pièce où le compagnon – muni d’un masque et de gants – doit intervenir seul. GTB demande ensuite au client de laisser un point d’eau disponible afin que le salarié puisse s’y laver les mains avec son propre savon et son papier essuie-mains qu’il transporte dans un sac. Au siège, chaque téléphone est personnel et régulièrement désinfecté et la distance sociale respectée.

    Le guide de l’OPBBTP m’a permis de faire l’inventaire des points à aborder, d’améliorer la précision des consignes transmises et de finaliser les équipements de protection, estime la dirigeante de GTB. Il m’est utile pour répéter, à l’infini s’il le faut, les gestes à respecter afin de protéger mes salariés et la clientèle.

    Laetitia Mathieu, dirigeante de l'entreprise GTB

    « Même si le masque n’est pas facile à porter toute la journée», les salariés sont de retour sur les chantiers sans coactivité, comme sur ce remplacement, dans une cave, d’un collecteur EP (eaux pluviales), eaux-vannes et eaux usées. Pourtant, des difficultés subsistent : « J’ai acheté vingt boîtes de masques chirurgicaux pour 700 euros, que nous facturons au client à prix coûtant, souligne Laetitia Mathieu. Par ailleurs, sur les chantiers où mes apprentis seraient utiles, ils sont remplacés par des compagnons, ce qui génère un coût supplémentaire. C’est une situation particulière, mais au final, je pense et j’espère que nous allons avoir du travail !».

    *Les informations au sujet de l’épidémie de Covid-19 évoluent rapidement. Ces propos ont été recueillis le 27 avril 2020.

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