En résumé

    Maçons, peintres, constructeurs de route… Professionnels du BTP, vous utilisez régulièrement des résines, colles, bases, acides et autres produits chimiques pour réaliser des travaux. Mais ces substances peuvent être inflammables et toxiques : elles peuvent être irritantes, corrosives, neurotoxiques, et provoquer des maladies graves et des cancers. Toutes les informations concernant leur dangerosité et les précautions à prendre lors de leur utilisation sont inscrites dans la fiche de données de sécurité (FDS) qui doit être fournie par le fabricant.

    L'utilisation d'un malaxeur électrique permet d'éloigner l'opérateur du mélange.

    Un risque important

    Ciments, solvants, résines, peintures, enduits, huiles, enrobés… Les professionnels du BTP utilisent un grand nombre de produits chimiques. Mais leur manipulation n’est pas sans risque. Qu’il s’agisse de substances pures ou de produits mélangés, ils peuvent être dangereux pour la santé.

    Certains sont inflammables et peuvent aussi être à l’origine d’explosions et d’incendies.

    Les produits chimiques peuvent pénétrer dans l’organisme par la peau, par inhalation ou par absorption accidentelle. Toxiques, corrosifs, abrasifs et/ou cancérogènes, ils peuvent irriter la peau, les voies respiratoires, impacter l’appareil reproducteur, le système nerveux, provoquer des maladies, des cancers… Ils peuvent aussi être à l’origine d’intoxications et d’asphyxies.

    Du peintre au constructeur de route, en passant par le menuisier, tous les professionnels du BTP sont concernés par ce risque trop souvent sous-estimé. Il existe pourtant diverses mesures de prévention. Elles passent en premier lieu par une meilleure connaissance de chaque produit utilisé. Toutes les informations concernant la dangerosité du produit sont inscrites dans la fiche de données de sécurité (FDS) qui doit être fournie par le fabricant.

    Utiliser de la peinture acrylique diminue l'émission de polluants. Utiliser de la peinture acrylique diminue l'émission de polluants.

    Un risque fréquent mais sous-estimé

    Selon l’enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer), en 2017, plus de 57 % des salariés du BTP ont été exposés à au moins un produit chimique dont plus de 30 % à au moins une substance chimique cancérogène. Plus de 29 % des salariés du BTP ont par ailleurs été exposés à au moins trois produits chimiques.

    Toujours selon cette enquête, en 2017, ce sont 80 % des ouvriers du gros-œuvre du bâtiment, des travaux publics, du béton, de l’extraction, conducteurs d’engin du bâtiment et des travaux publics, et 72 % des ouvriers du second œuvre qui ont été exposés à au moins un agent chimique.

    Si l’on compare les données, entre 2010 et 2017, l’exposition à au moins un produit chimique cancérogène a augmenté significativement dans notre secteur. La majorité des professionnels du BTP sont aujourd’hui exposés à au moins un produit chimique. Ce risque est donc important mais il reste largement sous-estimé par les artisans et par les compagnons souvent par méconnaissance du danger ou de la difficulté à le mesurer.

    Compte tenu du caractère invisible de ce risque peu palpable et de ses effets souvent différés dans le temps, il est insuffisamment pris en compte par les professionnels du BTP, contrairement à d’autres risques à effet immédiat comme notamment le risque de chutes de hauteur.

    Les professionnels du BTP ne prêtent pas suffisamment attention aux pictogrammes qui figurent sur les emballages, ils ne se procurent pas systématiquement les FDS et ne sont pas, par conséquent, en mesure de se protéger correctement.

    Evaluer la dangerosité des produits

    Pour se procurer la FDS, on peut la demander au fabricant. Il est également possible de la récupérer sur des sites spécialisés comme la plate-forme quickfds.com.

    L’OPPBTP propose également un outil qui permet d’évaluer le risque chimique : il s’agit de l’espace e-prevention qui indique, en fonction du type de chantier et des produits utilisés, les précautions à prendre.

    L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) propose, quant à lui, le logiciel Seirich (Système d'évaluation et d'information sur les risques chimiques en milieu professionnel) qui fournit, en fonction des données indiquées, une notice par poste de travail.

    La réglementation européenne encadre les risques liés aux produits chimiques, et notamment la fabrication et l’utilisation des substances chimiques (règlement n° 1907/2006 dit Reach) ou encore la classification et l’étiquetage des substances et mélanges (règlement n° 1272/2008 dit CLP).

    Des progrès ont été faits dans le domaine de la prévention du risque chimique. Les industriels cherchent à développer des produits de substitution moins dangereux ou inoffensifs comme les décapants à base de produits végétaux (colza, soja, tournesol) pour remplacer les décapants à base de dichlorométhane, un solvant chloré cancérogène.

    L’objectif est que les professionnels du BTP soient informés des diverses alternatives qui s’offrent à eux. De plus en plus de peintres par exemple utilisent de la peinture en phase aqueuse plutôt que de la peinture en phase solvant.

    Les défis à venir

    La prévention des expositions aux agents chimiques et en particulier aux agents cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques est à améliorer. En outre la prise en compte de la poly-exposition et de leur effet combiné demeure un challenge scientifique et réglementaire. Par ailleurs, parmi les risques émergents, l’utilisation de nanomatériaux a connu un essor important depuis les années 90 et entre aujourd’hui dans la composition de nombreux produits de la vie quotidienne mais également dans certains produits utilisés pour la construction (peinture, béton…). Néanmoins pour ces produits, aucune information concernant leur possible effet sur la santé n’est disponible.

    Un autre risque émergent est l’exposition professionnelle aux perturbateurs endocriniens. Ces substances chimiques peuvent être d’origine naturelle ou synthétique, leur fonctionnement au sein de l’organisme entre en concurrence avec le système endocrinien naturel et peut être à l’origine de dysfonctionnement. Cette exposition est actuellement très peu documentée et encore moins prise en compte.

    Utilisation de produits manufacturés et manque de connaissance des substances chimiques

    Dès qu’un professionnel du BTP utilise de la peinture, du ciment, de la résine ou des enrobés, il peut entrer en contact avec les agents chimiques que ces produits contiennent et courir des risques s’il n’est pas protégé.

    Méconnaissance des risques lors de l’utilisation de produits manufacturés

    Les professionnels du BTP utilisent une quantité importante de produits manufacturés contenant des agents chimiques dans leur activité. S’ils ne connaissent pas les dangers de ces substances, ils ne se protègent pas correctement et peuvent être en contact avec elles par inhalation, ingestion accidentelle ou contact avec la peau. Cela peut avoir des effets immédiats (irritations, par exemple) ou différés (maladies, cancers).

    La prévention de ce risque doit mettre l’accent sur la nécessité de connaître les produits utilisés, sur les dangers de certains agents chimiques et sur l’importance de se procurer les FDS qui donnent toutes les informations nécessaires concernant le stockage, l’utilisation du produit et les moyens de prévention (mesures d’hygiène, équipements de protection individuels adaptés…).

    Mieux connaître la gale du ciment

    Comme son nom l’indique, la gale du ciment se contracte au contact répété du ciment ou du plâtre. Elle touche donc en particulier les métiers de la construction. Vous êtes carreleur, maçon, chapiste, votre peau s’épaissit, craquelle, vous démange, il se peut que vous soyez allergique au bichromate de potassium présent dans le ciment. Cette maladie de peau appelée aussi « eczéma de contact » peut devenir chronique.

    Consultez le médecin du travail et faites faire des tests pour constater l’allergie. En effet, cette dermatose peut être reconnue comme maladie professionnelle. Un reclassement du salarié devrait alors être envisagé.

    Les produits à base de ciments sont considérés comme des mélanges dangereux. Ils doivent donc être manœuvrés avec précaution en respectant les règles générales de prévention prévues pour les agents chimiques dangereux. L'étiquetage des ciments, qui doit être fait selon les règles européennes en vigueur, informe sur les dangers liés à leur utilisation (notamment sur le risque de réaction allergique).

    Quand vous appliquez manuellement des produits à base de ciment, portez des gants étanches à l’eau et doublés pour absorber la transpiration.

    En cas de déchirure ou de pénétration du produit, rincez-vous les mains immédiatement et changez de gants.

    Le port de vêtements longs et de bottes en caoutchouc est également préconisé lors de bétonnages. En cas de contact prolongé avec la peau, rincez correctement la zone et les équipements souillés.

    En cas de sensation de brûlure ou de démangeaison (mains, genoux, jambes, pieds), consultez le médecin du travail.

    Irritations, brûlures, maladies, cancers… Les dangers des agents chimiques

    Les agents chimiques présents dans les produits manufacturés peuvent avoir des conséquences diverses et provoquer des irritations, des brûlures, des allergies et, sur le long terme, des maladies graves et des cancers.

    Irritations et allergies

    Certains agents chimiques sont abrasifs ou corrosifs, et peuvent provoquer des irritations ou des brûlures chimiques au niveau de la peau ou des muqueuses. Ils peuvent aussi provoquer des allergies, des rhinites et des asthmes professionnels.

    Les lésions peuvent être importantes et nécessiter des greffes de la peau. Le contact d’un agent chimique avec les yeux peut aussi avoir des conséquences graves.

    Cancers et maladies graves

    Les produits manufacturés peuvent contenir des substances classées CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) et peuvent, au bout de quelques années, provoquer des maladies graves et des cancers. C’est notamment le cas de l’amiante ou du plomb.

    La réglementation

    Mesures de prévention des risques chimiques

    Le Code du travail encadre le risque chimique dans son ensemble à travers l’évaluation des risques, la mise en œuvre des mesures et moyens de prévention, le contrôle de l’exposition professionnelle des travailleurs aux produits chimiques, ou encore l’information et la formation des travailleurs au risque chimique.

    Mesures générales de prévention des risques chimiques des travailleurs indépendants

    Fabrication, mise sur le marché et utilisation des substances

    • Article L4411-3 du Code du travail
    • Articles R4411-1 à R4411-86 du Code du travail
    • Règlement (CE) n° 1907/2006 du Parlement européen et du Conseil du 18 décembre 2006 concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH)
    • Règlement (CE) n° 1272/2008 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 relatif à la classification, à l'étiquetage et à l'emballage des substances et des mélanges (CLP)
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