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    « Cinq ans avant de consulter, pour une dermatose en lien avec son travail, est une moyenne chez les patients inclus dans l'étude Odermap (observatoire des dermatoses professionnelles), réalisée dans deux centres de consultation de pathologies professionnelles parisiens, constate Marie-Thérèse Le Cam, dermatologue-allergologue au service des pathologies professionnelles de l’hôpital de Créteil (Val-de-Marne). Il y a ceux qui sont pris en charge rapidement quelques semaines après les premiers symptômes et d’autres reçus plusieurs années après le début des lésions avec une évolution parfois douloureuse ».

    Test de l’outil RNV3PE

    C’est parce qu’elle avait remarqué que le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles et environnementales (RNV3PE) avait du mal à remplir sa mission sur le sujet des dermatites de contact professionnel (DCP), à identifier les produits allergènes, les nuisances créées et à surveiller les métiers et les secteurs à risque que Marie-Thérèse Le Cam s’est lancée dans un test de l’outil RNV3PE. L’opération a été baptisée projet Odermap. Elle l’a initiée avec sa collègue Marie-Noëlle Crépy, de l’hôtel-Dieu, à Paris.

    L’étude a été financée par l’Agence nationale de la Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Elle a été effectuée pendant deux ans entre juin 2019 et mai 2021. Le temps de la « mouliner », les deux dermatologues en ont rendu compte à Montpellier, à l’occasion du 37ème Congrès national de médecine du travail, début juin 2024. 

    100 patchs dans le dos pendant quatre jours

    L’étude a consisté à renseigner de façon précise un protocole concernant tous les patients reçus pendant deux ans. « Les lésions siégeaient le plus souvent aux mains et s'étendaient parfois aux avant-bras, plus rarement sur le visage ou les membres inférieurs. Il pouvait s'agir de réaction d'allergie ou d'irritation », précise Marie-Thérèse Le Cam.

    Cela a demandé beaucoup de temps de reports de données parce que les questionnaires du RNV3PE sont longs, se veulent très complets.

    « La majorité des patients a bénéficié d'une enquête allergologique avec réalisation de tests posés dans le dos, avec une lecture deux jours puis quatre jours plus tard pour détecter s’il existe un eczéma allergique en regard d'un ou de plusieurs allergènes présents dans les batteries de tests », indique Marie-Thérèse Le Cam.

    L’exercice a confirmé, en passant, que les deux centres de Paris et de Créteil traitaient des cas de dermatoses habituelles : des allergènes connus et des métiers également réputés pour les utiliser. 

    Allergies aux gants

    Dans le BTP, parmi les métiers touchés, il y avait eu des maçons, des carreleurs, des plombiers, des peintres. « L'eczéma allergique au ciment encore appelé "gale du ciment" a pratiquement disparu depuis la réglementation de 2005, limitant la teneur en chrome des ciments. Les résines parfois incorporées aux nouveaux ciments techniques peuvent être responsables d'allergie comme les époxys. Dans les peintures acryliques, la présence de conservateurs comme les dérivés isothiazolinone peuvent être responsable d'allergie de contact chez les peintres. Heureusement, le port régulier des gants de protection permet de protéger les mains des travailleurs et de limiter l'altération de la peau et le nombre de sensibilisations », raconte Marie-Thérèse Le Cam.

    Pour limiter le nombre d'allergies au latex, les gants de protection utilisés sont le plus souvent en caoutchouc synthétique comme le nitrile ou le néoprène, d'autant qu'ils résistent mieux aux solvants. « Les allergènes de contact retrouvés en milieu professionnel peuvent être multiples. Ils peuvent également se retrouver dans les produits du quotidien utilisés en dehors du travail », ajoute Marie-Thérèse Le Cam.

    Un reclassement ou une reconversion sur deux

    Tout cela peut se traiter avec des savons. A condition de pouvoir se laver les mains correctement sur les chantiers. Mais, le plus souvent, ces dermatoses demandent d’éloigner durablement celui qui en souffre de la source du mal.

    Dans leur étude, les deux dermatologues notent que les allergènes finissent par être très finement identifiés par leurs services. De plus, six mois après le diagnostic posé et les recommandations des médecins suivies, 70 % des patients ont vu leur qualité de vie améliorée. Mais un aménagement de poste s’était imposé pour 41% des personnes. 13% d’entre elles avaient même dû être reclassées ailleurs ou changer de métier.

    « Les résultats de notre étude ont été intégrés dans la base RNV3PE, commune à l'ensemble des centres de pathologies professionnelles et de l'environnement français et coordonnés par l'Anses. Cela a été un travail long et fastidieux, difficile à généraliser, en l'état, à l’échelle nationale, pour en faire un observatoire des dermatoses professionnelles, explique Marie-Thérèse Le Cam. Pour cela, il nous faudrait simplifier le recueil des données et homogénéiser nos pratiques au sein du réseau RNV3P. » Une deuxième étape, en quelque sorte, à l’étude de l’Anses.

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