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Banches : connaître les précautions d’utilisation
Mis à jour le : 11/09/2025
Les banches sont des éléments de coffrage de fabrication industrielle, couramment utilisés sur les chantiers de bâtiment ou de génie civil. Leur utilisation nécessite une attention particulière aux différentes étapes de mise en œuvre pour assurer la sécurité des opérateurs.

Sommaire
Principaux impacts prévention
Bien que ce matériel soit couramment utilisé sur les chantiers, il est nécessaire de connaître l'ensemble des risques qu'impliquent leur utilisation et comment les prévenir.
Chute de hauteur
Effondrement du matériel
Eléments constitutifs du coffrage
Matériels incontournables aussi bien dans la maçonnerie de bâtiments de grande taille qu’en génie civil, les banches sont des coffrages de fabrication industrielle, dont les caractéristiques sont définies dans la norme NF P 93-350 « Équipement de chantier - Coffrages verticaux industrialisés pour parois planes en béton ».
Les banches sont destinées à réaliser des murs en béton. Elles se composent :
du jeu de banches (les trains de banches), constitué de deux éléments coffrants positionnés face à face ;
des entretoises qui maintiennent un écartement égal à l’épaisseur du mur à obtenir entre les éléments coffrants.

Schéma d'une banche
Les éléments coffrants disposent :
d’une ossature, constituée notamment de raidisseurs, qui composent la structure principale du coffrage et permettent d’assurer sa rigidité sous l’effet de la poussée du béton. Les banches disponibles sur le marché peuvent résister à une pression du béton au coulage comprise généralement entre 9 et 15 tonnes/m² suivant leur structure ;
d’une face coffrante, constituée d’une peau de coffrage (métallique ou en bois) en contact avec le béton, renforcée par l’ossature elle-même et prenant appui sur des tiges traversantes ;
de dispositifs de maintien et de réglage (étais/vérins) qui, associés à l’ossature, permettent de mettre la peau de coffrage de niveau et d’aplomb ;
de dispositifs de stabilisation (ancrage, lests et/ou compas) qui assurent la stabilité de la banche sous l’effet du vent, aussi bien en cours d’exploitation que lors du stockage de l’équipement ;
de dispositifs de préhension qui permettent de recevoir les crochets des accessoires de levage comme des élingues ;
d'un poste de travail en hauteur comprenant une plate-forme permettant d’effectuer le bétonnage, sécurisé par des garde-corps (extérieurs, d’about et en face coffrante) ainsi que d’une échelle montée sur un marchepied, débouchant sur une trappe d’accès.
On distingue :
les banches de bâtiment, utilisées en bâtiment et en génie civil, adaptées aux ouvrages de formes simples, où le ferraillage n’est pas gênant pour le passage des tiges ;
les banches spécifiques « génie civil », nécessaires pour réaliser des murs en béton de forte épaisseur, avec un ferraillage important, des fondations à redans, des différences de hauteur coffrées, etc. Elles sont généralement composées, de peaux coffrantes en bois, de structures plus rigides pour s’adapter à des hauteurs plus conséquentes et de coffrages modulaires permettant d’effectuer des décalages entre les différents modules.

Les fabricants de banches proposent des panneaux, droits ou courbes, de différentes tailles et dimensions, pouvant être assemblés et superposés pour correspondre à la surface et la hauteur de coulage souhaitées.
Elles peuvent être composées :
d’un panneau principal (d’une hauteur de 2,80 m à 3 m) ;
d’une sous-hausse ou « mini-banche » (d’une hauteur de 1 m à 1,50 m) ;
d’une rehausse (d’une hauteur de 0,50 m à 0,60 m) ;
de panneaux d’angle et de panneaux dits « d’appoint ».
Les largeurs de panneaux vont de 0,30 m à 2,40 m-2,50 m. Toutes les configurations de montage et limites d’usage sont détaillées dans les notices d’utilisation des fabricants.

Nota - Les banches inférieures à 0,90 m de large ne peuvent être équipées de moyens de stabilisation et de plates-formes de travail. Elles doivent donc être accouplées et stockées horizontalement.
Mise en œuvre des banches
Préparation
La mise en œuvre des banches de coffrage passe nécessairement par une phase de préparation et d’anticipation des besoins en fonction des voiles à réaliser. Celle-ci s’inscrit dans le cycle de réalisation par niveau : on parle alors de rotations de banches. Ces rotations, analysées par niveau, permettent de lisser les cadences attendues et de prévoir le matériel nécessaire, l’effectif et l’amplitude de travail journalier.
Plan de rotation de banches
Nota - Cas des cotes bloquées
La réalisation des voiles en cotes bloquées nécessite des compléments de coffrage de petites dimensions, généralement en bois, afin de compenser les longueurs de banches. Afin d’éviter le recours à des coffrages improvisés, à la fois lourds, encombrants et difficilement manipulables, certains fournisseurs proposent des compléments de coffrage, intégrables aux banches, en version extensible et/ou réglable. Les modèles sont soit des panneaux complets, soit composés de charnières devant être complétées par des panneaux de coffrage.
Du dépliage à l’assemblage…
Les banches proposées par la plupart des fabricants sont dites « colisables » : l’ensemble des éléments (plate-forme, échelle, étais de réglage) se replient sur l’ossature de façon à faciliter le transport à plat des coffrages.
Les éléments de jonction et d’accouplement nécessaires à l’assemblage sont le plus souvent imperdables, indémontables ou intégrés aux panneaux de coffrage.
Le montage des banches consiste alors à régler les différents composants du panneau depuis le sol. L’ensemble est ensuite relevé à l’aide d’un moyen de manutention. Les assemblages complémentaires d’éléments doivent être réalisés au sol et non depuis le panneau déjà positionné.

Extension banche cote bloquée
Réalisation du voile
Après montage, la banche isolée ou couplée est positionnée à la grue à l’emplacement tracé sur la dalle en positionnant le futur mur (nota : il est nécessaire de s'assurer de la bonne stabilisation de l’ensemble des panneaux selon les préconisations du fabricant avant désélingage). Les différents niveaux de coulage sont tracés directement sur le panneau, et les accessoires pour les incorporations (tiges, réseaux, mannequins, etc.) sont positionnés à l’aide d’aimants. La banche est alors huilée à l’aide d’un produit de décoffrage. Les armatures sont ensuite positionnées. En cas de panneaux isolés, la 2e peau coffrante est alors approvisionnée pour fermeture de l’ensemble, serrage à l’aide des tiges puis verrouillage.
Le béton est coulé depuis la plate-forme supérieure, par passes et vibré au fur et à mesure à l’aide d’une aiguille vibrante jusqu’à l’arase supérieure. Après la prise du béton, généralement le lendemain du coulage, le voile est décoffré.

Banche colisée

Nota - Il est indispensable de prendre en compte les temps de prise du béton selon le type et la formulation des bétons utilisés. En effet, certaines formulations (béton autoplaçant, béton bas carbone, etc.) peuvent nécessiter des temps de prise plus longs et différer le décoffrage. Ces aspects sont à étudier en amont avec le bureau d’études et à prendre en compte dans la rotation des banches.
Risques liés à l’utilisation des banches
La mise en place des banches peut générer certains risques.
Renversement du fait du vent ou d’un choc
Les banches, manutentionnées individuellement avant assemblage, sont instables et offrent une forte prise au vent ou aux chocs. Par exemple, un choc provoqué par une charge suspendue ou une brise de 25 km/h suffit à renverser une banche non stabilisée. Les fabricants proposent des moyens de stabilisation adaptés, intégrés ou rapportés, pour éviter tout risque de renversement.

Banche soumise à un choc
On distingue :
les stabilisations par lests ;
les stabilisations par compas permettant d'accoupler deux panneaux de coffrage en face-à-face et de maintenir leur écartement. L'équipement intègre également un point d'élingage pour lever les banches accouplées d'un seul tenant ;
l'ancrage sur la structure en cours de construction, comme une dalle béton, ou sur un autre équipement prévu pour cet usage comme une plate-forme de travail en encorbellement (PTE).
Stabilisation par lests
Banche autolestée
Stabilisation des minibanches

Stabilisation par compas
Nota - Le recours à un ancrage sur un ouvrage béton doit faire l’objet d’une étude préalable de faisabilité validée par un bureau d’études. Pour vous aider dans l’étude de cette option, se reporter à la solution « Stabiliser des banches ou des préfabriqués par ancrage sur la structure en construction à l’aide de tirefonds ».
Stabilisation de banche par ancrage
Attention, toutes les banches doivent être stabilisées selon les préconisations décrites par le fabricant dans la notice d’utilisation du matériel AVANT désélingage.
Une vigilance est également à apporter quant au support d’appui de la banche. Celui-ci doit être stable, résistant et ne pas exposer le personnel à des risques de chutes ou de heurt lors de l’évolution des opérateurs autour de la banche (exemple : proximité de trémies, etc.).
Chutes depuis les passerelles de coffrage ou le plan de travail
L’utilisation des banches nécessite d’effectuer de nombreuses tâches en hauteur pour le serrage des panneaux, la mise en place de l’armature ou le bétonnage. Pour les phases de travail réalisées depuis le panneau, les fabricants intègrent des plates-formes de travail en hauteur munies de garde-corps, adaptées aux différents niveaux d’intervention et équipées de trappes. Les garde-corps sont mis en œuvre de manière sécurisée, soit depuis le sol au dépliage, soit depuis le niveau inférieur comme pour les protections côté face coffrante.
Les autres tâches de préparation, sur la face coffrante du panneau notamment, peuvent être réalisées depuis des postes de travail en hauteur comme des PIRL ou des PEMP dans le cas de grandes hauteurs.
Il existe également des solutions et accessoires permettant d’adapter les protections collectives aux configurations de banches tels que :

Garde-corps plate-forme banche
des passerelles de contournement pour circuler d’une face à l’autre et pour la mise en place des abouts ;
des rehausses de garde-corps ;
des élingues intégrées retombantes ;
des points d’élingage sur des bras articulés.
Passerelles de contournement
Rehausse de garde-corps
Élingue retombante
Heurt ou coincement des personnes lors des manutentions
Les banches sont régulièrement manipulées à la grue pour assurer leur rotation. Lors du levage de ces charges volumineuses, il peut exister des risques de heurt, liés notamment au balan des panneaux lors des manœuvres de la grue ou à des mouvements non maîtrisés de la charge. Il est alors nécessaire d'anticiper les risques que représentent ces charges en suspension pour le personnel au sol :
Prise en compte de la vitesse du vent : les manipulations de charges à la grue sont soumises à des règles strictes, liées au fonctionnement de la grue et aux poids et dimensions des charges à lever. Dans ce cadre, toute manipulation de colis est interdite au-delà d'une vitesse de vent de 72 km/h. En dessous, il faut se reporter aux abaques de charges indiquant les portées maximales en fonction de la vitesse du vent, du poids et des surfaces des charges ;
Elingage du colis : les panneaux sont munis de points d'élingage et peuvent être levés en étant accouplés. Il est cependant nécessaire de se reporter à la notice d'utilisation des banches, qui détaille les conditions d'élingage garantissant le maintien de l'équilibre de la charge suivant les configurations d'accouplement ;
Respect du cône de sécurité : ne jamais rester sous la charge en suspension et respecter le cône de sécurité autour de la charge, uniquement accessible aux personnes guidant la charge au sol.

Levage de banches : zones de sécurité
Troubles musculo-squelettiques (TMS)
La conception des banches a évolué pour devenir de plus en plus ergonomique. Cependant, certaines interventions (réglages, serrages, positionnement des accessoires, etc.) peuvent entraîner des contraintes physiques comme le port de charges, des postures contraignantes ou des vibrations, qui peuvent être sources de TMS. Une organisation spécifique et l'emploi de certains équipements peuvent néanmoins prévenir cette exposition :
Port de charges (mise en place des mannequins, etc.) : solidarisation des équipements à la banche, levage et mise en place d'appareil de levage, matériel et matériaux plus légers (mannequins en PVC, arrêts de coulage gonflable, etc.) ;

Mannequins PVC

Abouts de coffrage gonflables
Contraintes posturales/efforts (fermeture et serrage des banches, etc.) : utilisation d'une boulonneuse ou de blocs détentionneurs pour le serrage et le desserrage des tiges, d'un levier démultiplié pour le déplacement des banches, etc. ;

Boulonneuse pour serrage/desserrage des entretoises

Blocs détentionneurs

Levier démultiplié
Nota - L’emploi de boulonneuses à la place du marteau pour le desserrage des tiges permet également de limiter l’exposition aux vibrations et au bruit.
Vibrations : utilisation de béton autoplaçant, vibration du coffrage à l'aide d'un vibreur externe, etc.
Risque chimique
Utilisation d'huiles de décoffrage : les produits utilisés pour le démoulage des voiles peuvent être classés comme dangereux. La fiche de données de sécurité (FDS) du produit utilisé précise les risques, les conditions d'utilisation et les moyens de protection collective et individuelle à mettre en œuvre. L'usage de produits les moins dangereux possibles est à privilégier afin de réduire les risques. Le Synad (Syndicat des producteurs d'adjuvants béton) met à la disposition des utilisateurs une liste répertoriant les différents types d'huile (végétale, de synthèse, minérale, etc.) et leurs risques. Ce classement permet de choisir les produits de décoffrage les moins dangereux.
Pour limiter l'exposition au produit, il est également possible de privilégier une application par rouleau huileur plutôt que par pulvérisation ou d'investir dans des banches « sans huile », à peau inox, ne nécessitant pas l'emploi de produits de démoulage.

Huileur de banches à manche télescopique
Ciment : le port de protections individuelles au niveau de la peau et des yeux (lunettes de protection, vêtements, gants) permet d'éviter tout contact avec le ciment, qui est un produit agressif.
Quel est le rôle de chacun en prévention ?
Dans l’entreprise et sur le chantier, chaque niveau opérationnel (chef d’entreprise, encadrant de chantier, opérateurs, etc.) a un rôle à jouer dans la prévention des risques d’effondrement d'éléments préfabriqués en phase provisoire et tout particulièrement lors de la mise en œuvre des banches.
Mise en œuvre de banches - Exemple de répartition des rôles et missions dans l’entreprise
Chef d’entreprise | Encadrants de chantier (conducteur travaux/chef de chantier) | Opérateurs | Grutier |
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Réglementation et normes
Les banches ne sont pas spécifiquement encadrées par la réglementation.
Concernant, la norme NF P 93-350, elle est d'application volontaire et non obligatoire. Elle est disponible sur le site de l'Afnor ; son accès est payant.