© Scriptoria
Pose traditionnelle de pavés : prévention des TMS
Dernière mise à jour le : 10/06/2025
Cette étude ergonomique s'intéresse à l’activité des paveurs dans la phase de pose traditionnelle nécessitant un haut niveau de savoir-faire. Malgré une mécanisation partielle, la pose de pavés reste une activité fortement manuelle et comprend des situations de travail physiquement contraignantes dans lesquelles le risque de développer des troubles musculosquelettiques (TMS) est important. Des pistes de prévention sont proposées.
Cette solution vous présente les résultats d'une étude ergonomique* menée sur des chantiers, dans le cadre du dispositif Fipu (Fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle) financé par la Cnam. Elle a été complétée par les experts de la direction technique de l'OPPBTP pour identifier les situations de travail à risque de troubles musculosquelettiques (TMS). Elle vise aussi à proposer des solutions pour améliorer les conditions de travail, réduire voire éliminer les TMS. Pour en savoir plus sur le dispositif Fipu, ses aides financières et les équipements subventionnés,consultez notre boîte à outils TMS/Fipu.
*Cabinet Solutions productives

Sommaire
En quoi consiste l’activité des paveurs en pose traditionnelle ?
La pose traditionnelle de pavés se caractérise par un haut niveau de savoir-faire, détenu par un nombre restreint d’entreprises et de salariés aujourd’hui en France, et par la qualité technique et patrimoniale des ouvrages réalisés.
Les types de pavage et techniques de pose traditionnelle sont variés. Seront évoqués ici la pose de pavés en granit de différents calibres, de pavés en béton et de dalles en granit de petites dimensions.
Trois phases sont classiquement distinguées sur un chantier :
La préparation du chantier et du support : dépose des pavés existants le cas échéant, préparation du lit de pose, livraison des matériaux, barriérage, préparation des pavés…
La pose : approvisionnement du (ou des) poste(s), ajustement du lit de pose, pose (avec ou sans taille/découpe), mise à niveau des pavés posés.
La finalisation de l’ouvrage : joints, nettoyage et repli…
L'étude ergonomique s'intéresse à la phase de pose elle-même, les deux autres phases étant souvent davantage mécanisées et pouvant être réalisées par d’autres opérateurs que les paveurs.
Exemples de matériaux posés par les paveurs :
La phase de pose est organisée en un cycle comprenant trois grandes étapes qui se répètent :
Différents types de pavés et dalles.
réapprovisionner le poste en pavés à poser, en devant parfois choisir les pavés adéquats dans un stock,
poser et le cas échéant, tailler ou découper les pavés à poser,
mettre à niveau les pavés posés, un par un et par groupes de pavés.
Les phases de pose de pavage.
Trois grandes situations de travail et des risques de TMS
Dans chacune des trois grandes situations de travail de la phase de pose, les paveurs peuvent être exposés à des facteurs de risque de TMS, et en particulier en lien avec les manutentions manuelles, les postures pénibles et les vibrations pour ce qui est des facteurs biomécaniques. Des facteurs d’une autre nature pourront également être retrouvés (cf. paragraphe 2).
Exemples de sollicitations :
Les différentes sollicitations lors des phases de travail.
Quels sont les facteurs de risques de TMS liés aux étapes de travail des paveurs ?
Réapprovisionner le poste
Une certaine quantité de pavés à poser (stock « primaire ») est déposée à proximité immédiate du lieu de pose avec un conditionnement qui varie selon les types de pavé et l’organisation du chantier, par exemple en big-bag ou en tas (pavés granit), sur palette (pavés béton, dalles).
En pose traditionnelle, le paveur dispose un petit stock de pavés accessibles sans déplacement, à proximité de son poste de travail. Ce stock au poste sera donc positionné à portée de main du paveur (à moins d’un mètre), en général au sol pour que la hauteur de prise soit sensiblement la même que la hauteur de pose et ainsi moins solliciter l’épaule (y compris lorsque les pavés sont approchés à l’aide d’une brouette). L’objectif est de positionner et calibrer ce stock à poste de manière à éviter les manipulations inutiles (« sur-manipulations ») en écartant la nécessité de manutentionner les pavés de nouveau vers un autre emplacement au fur et à mesure de l’avancement.
Le stock sera reconstitué autant que nécessaire et son emplacement suivra l’avancée du paveur.
Traditionnellement, pour reconstituer ce stock sur poste, le paveur va chercher, plus ou moins loin, le nombre et le type de pavés qui lui sont nécessaires pour constituer son stock à pied d’œuvre dans le stock principal ou dans un stock intermédiaire (par exemple parmi les pavés approchés dans le godet d’un chargeur, sur une palette ou parmi des pavés pré-déposés le long du lit de pose). Il rapporte ensuite vers son poste les pavés dans ses bras, en seaux ou dans une brouette lorsque le chantier le permet et selon la distance à parcourir.
Des cumuls de poids significatifs
Sur les situations illustrées ci-dessous, on voit des cumuls de poids portés très significatifs :
À gauche, à raison de 83 pavés posés par m², ce sont plus de 200 kg de pavés à porter (et tenir à la main) par m², à multiplier par le nombre de manipulations successives de chaque pavé ;
Au centre, l’opérateur porte 8 pavés dans le seau (≈ 20 kg) et 4 dans les mains (≈ 10 kg) ;
À droite, le paveur s’apprête à porter 15 pavés en béton (≈ 45 kg).
Réapprovisionnement du stock d'appoint à poste.
Contraintes physiques relevées
Les contraintes physiques identifiées à cette étape sont relatives aux manutentions et aux postures sollicitantes. Elles sont principalement déterminées par :
le poids des pavés ;
l’adéquation entre la surface à paver et le temps alloué (prévu et réellement disponible) pour le réaliser, le travail à la hâte réduisant les marges de manœuvre des paveurs pour l’aménagement de leur poste ;
la distance à parcourir en portant les pavés et la qualité du trajet entre le stock principal (ou intermédiaire) et la zone de pose ;
le nombre de manipulations successives des mêmes pavés ;
le moyen de stockage principal ou intermédiaire (dans le godet d’un chargeur, au sol, en big-bag…) déterminant la posture de l’opérateur pour se saisir des pavés, et la sollicitation de son dos (flexion du tronc plus ou moins importante) et de ses épaules (hauteur de prise) ;
l’homogénéité ou non des pavés qui peut entraîner la nécessité de choisir certains pavés dans le stock, et donc augmenter le nombre de manipulations de pavés.
Pratiques de prévention observées sur chantier : stock tampon approché avec engin.
Poser les pavés
Le type de pavés et l’environnement déterminent largement l’activité de pose, deuxième étape de ce cycle, cependant un certain nombre de points communs peuvent déjà être relevés.
Les pavés sont disposés sur un lit de gravier ou sable selon le plan de pose (quinconce, arc, éventail, queue de paon…). Plusieurs compagnons peuvent poser en même temps en se répartissant les zones de pose. Les alignements sont généralement matérialisés au cordeau sur piquets.
Dans certains cas (bordures de zone de pose par exemple) et selon les types de pavés et le plan de pose, des découpes ou tailles des pavés peuvent être nécessaires ; elles sont principalement effectuées au marteau et au coin à fendre ou bien à la découpeuse.
Pose de pavés granit ; pose de pavés béton ; pose de dalles granit.
Le paveur est généralement positionné sur le lit de pose, ou en bordure de la zone de pose, mais pas sur les pavés qu’il vient de poser. Il dispose les pavés face à lui après les avoir pris dans le petit stock d’appoint qu’il s’est constitué à portée de main. Celui-ci peut être disposé sur le côté, derrière ou devant lui sur la zone déjà pavée.
Le temps de pose de chaque pavé est lié au schéma de pose. Il est proportionnel à la complexité de ce dernier : la pose de chaque pavé sera plus longue sur un pavage en arceaux qu’en rang droit. Par ailleurs, avec l’expérience, le temps et le nombre de manipulations du même pavé avant son positionnement définitif se réduisent. Le compagnon progresse latéralement ou vers l’arrière.
Les contraintes physiques lors de la pose sont principalement liées aux postures pénibles. Deux types de postures sont majoritairement rencontrées : à genoux ou debout. Les deux sont associées à une flexion du tronc sur les cuisses et donc, pour de nombreux opérateurs, à une sollicitation de la région dorso-lombaire. Celle-ci est en rapport avec l’amplitude de la flexion du tronc associée à la manipulation de charges, du fait du bras de levier.
Travail à genoux : une posture prolongée fréquente.
Lors de la pose du pavé, les mains se trouvent au niveau du sol. L’angle de flexion du tronc sera différent selon que le paveur est à genoux ou debout et selon les caractéristiques de l’opérateur.
En position debout, le paveur a plus de liberté de mouvements qu’à genoux, la posture est donc privilégiée pour les avancements plus rapides, en rangs droits par exemple, et lorsqu’il y a nécessité de se déplacer pour se réapprovisionner.
En revanche, pour des agencements plus complexes amenant le paveur à se déplacer plus lentement, celui-ci préfère être plus « proche » de l’emplacement de pose pour mieux positionner le pavé et donc il se place plutôt à genoux (sauf difficulté individuelle).
Outre les préférences personnelles de chacun selon ses caractéristiques individuelles et ses pratiques professionnelles, la posture de travail est donc déterminée par le type de pavage et les contraintes de temps.
La position à genoux, provoque un point d’appui sur les genoux qui nécessitera de les protéger par des genouillères. La flexion dorsale, lorsque l’opérateur se penche en avant, est moins importante (en amplitude et en fréquence) que lorsque l’opérateur pose ses pavés en position debout, mais elle est associée à des rotations du tronc et des inclinaisons latérales pour aller chercher les pavés dans le stock d’appoint en arrière ou sur le côté, qu’on rencontre moins en position debout du fait d’une plus grande liberté de mouvements.
Pour l’opérateur travaillant à genoux (illustré ci-dessus), on note une alternance de postures entre le geste de pose et les mouvements de prise de pavés dans son stock au poste. L’amplitude de flexion du tronc sur la cuisse est particulièrement sollicitante lors de la pose du pavé, et l’est moins lorsque le paveur prend les pavés dans son stock. Cette dernière action est donc un temps de moindre contrainte et de « récupération ».
Analyse des postures.
L’alternance entre ces actions peut être considérée comme un facteur protecteur du risque lié à la posture. Dans le graphique ci-après (chronogramme de l’activité du paveur observé), on remarque cette alternance de postures durant la séquence de pose (cadre bleu, sur une durée d’environ 2 mn) ; les postures considérées comme « à risque » représentent plus de la moitié du temps.
Chronogramme de l'activité du paveur.
Manipulation de pavés et contraintes posturales
Les manipulations de pavés sont nombreuses dans cette étape. Chaque pavé est souvent manipulé plusieurs fois : pris, posé, repris, repositionné… Et les manipulations effectuées lors de la pose s’ajoutent aux manutentions de l’étape précédente d’approvisionnement. Différents facteurs déterminent le nombre de ces manipulations multiples : l’expérience du paveur, le type de pavé, le plan de pose, le nombre de découpes…
Compte tenu des poids unitaires des pavés (variables selon les types de pavés mais a minima 2 kg l’unité), ces manipulations répétées entraînent des cumuls de poids porté sur la journée très significatifs, de plusieurs tonnes par opérateur et par jour. Ceci constitue un facteur de risque de troubles musculosquelettiques du membre supérieur (main, poignet, coude, épaule) et du dos.
Lors de la découpe ou taille des pavés, si la découpe peut se faire au marteau (pavés granit principalement, ou béton), l’opérateur sera généralement positionné à genoux, sans changer de position avec la pose. En revanche, lorsque la coupe se fait à la découpeuse (pavés et dalles), l’opérateur est debout. Lorsque les découpes sont nombreuses et que les matériaux le permettent, une cliveuse est parfois utilisée, en position debout avec une flexion dorsale associée aux manœuvres à effectuer. Les contraintes posturales sont donc semblables à la pose, mais d’autres risques viennent s’ajouter :
Avec un marteau, ce sont principalement les vibrations liées aux chocs de l’outil sur le pavé (et le risque de blessures par projection d’éclats justifiant le port des EPI. Un à six coups de marteau sont nécessaires pour fendre un pavé granit 9x11, selon la découpe, l’expérience de l’opérateur, ou le pavé.
Avec une découpeuse, l’opérateur est exposé aux vibrations provoquées par l’outil, mais également aux poussières provoquées par la découpe. Par ailleurs, l’outil présente des risques significatifs pour la sécurité de l’opérateur : risque de rebond, de décalage de la machine, a fortiori si l’opérateur maintient le pavé à découper avec son pied, risque de blessures par projection d’éclats.
Exemples de découpes et de tailles de pavés granit, pavés béton et dalles
Pose de dalles en granit ou béton
La pose de dalles, en granit ou en béton, se distingue de celle des pavés par un poids unitaire des dalles ne permettant pas de manipulations manuelles semblables à celles vues plus haut, à un seul opérateur. La manutention est effectuée manuellement à plusieurs, avec des aides techniques ou de manière mécanisée.
Pour limiter le nombre d’opérateurs et faciliter le travail, la manutention des dalles est donc souvent mécanisée (mini-pelle équipée d’une ventouse par exemple). L’engin, guidé par l’opérateur, va donc approvisionner les dalles jusqu’à leur emplacement de pose.
Le paveur accompagne la manœuvre, oriente la dalle supportée par la ventouse et la met en place sur son lit de sable. Plusieurs manœuvres de la dalle et d’interventions sur le lit de sable sont souvent nécessaires pour chaque dalle afin de garantir la planéité, elles sont plus fréquentes dans la pose de dalles recyclées (moins régulières) que de dalles neuves.
Pose de dalle sur lit de sable.
La découpe d’une dalle est très majoritairement réalisée à la découpeuse ou à la cliveuse. La ventouse de manutention peut ne pas convenir aux dimensions d’une dalle une fois découpée ; le cas échéant, elle devra alors être positionnée manuellement par le paveur.
Compte tenu de cette mécanisation, les contraintes physiques sont davantage en lien avec les postures adoptées, et les efforts associés, pour accompagner la manœuvre et aplanir le lit de sable, qu’aux manutentions manuelles à réaliser. Des postures sollicitantes sont également déterminées par l’utilisation des équipements (découpeuse, cliveuse, ventouse).
Les contraintes physiques identifiées à cette étape sont relatives aux manutentions, aux postures sollicitantes et aux vibrations. Elles sont principalement déterminées par :
Le type de pose qui entraîne des postures maintenues en flexion dorsale ;
Les positions de travail, à genoux ou debout, à l’origine de postures contraignantes (flexion du tronc, rotations et inclinaisons latérales) et d’appuis prolongés sur les genoux ;
Le nombre de manipulations et le poids des pavés à l’origine de cumuls de charges à manutentionner importants ;
Les découpes et tailles, provoquant une exposition aux vibrations, aux poussières, au bruit, à des postures contraignantes et aux risques liés aux machines utilisées ; le nombre de découpes et tailles est lui-même déterminé par la forme des zones à paver et le plan de pose.
Mettre à niveau les pavés posés
Dans la dernière étape du cycle de pose, l’objectif est d’ajuster la hauteur des pavés les uns par rapport aux autres et avec la bordure au fur et à mesure de l’avancement. Cette mise à niveau des pavés est donc réalisée plus ou moins fréquemment selon différents critères (le lit de pose, la nature de l’ouvrage, le type de pavés…) ; la fréquence de l’opération est en lien avec le nombre de pavés concernés.
Sur les chantiers observés, la mise à niveau est effectuée manuellement au fur et à mesure de la pose, sur quelques pavés en pose de pavés granit ou après la pose de chaque dalle. Elle est réalisée au marteau ou à la masse avec un tasseau de bois pour les pavés et directement sur la dalle, avec un outil différent.
La tâche ne sera mécanisée (cylindres ou plaques vibrantes) qu’après l’ensemble de l’ouvrage réalisé, donc après le cycle de pose décrit ici.
Les postures adoptées par le paveur seront similaires à celles de la phase de pose. Les postures à genoux seront privilégiées par rapport à la position debout tronc fléchi, l’opérateur devant se trouver au niveau de son ouvrage pour frapper plus efficacement et mieux évaluer les résultats de son travail de mise à niveau.
Exemples de contraintes physiques liées à la pose de pavés ou de dalles.
Les efforts physiques déployés, outre le maintien de la posture, tiennent principalement aux coups à porter avec le marteau ou la masse. L’intensité de ces coups sera plus importante en pose de dalle compte tenu de la masse unitaire de la dalle ; lors des observations menées, plus de 30 coups ont été dénombrés pour une dalle.
Cependant l’impact sur l’opérateur de ces coups qu’il porte avec le marteau ou la masse est d’abord lié aux vibrations qu’ils génèrent, en premier lieu dans la main et le reste du membre supérieur et, par diffusion, au haut du tronc. Le fait de frapper sur un tasseau de bois, intercalé entre marteau et pavé et destiné à répartir le choc sur plusieurs pavés voisins, provoque des vibrations moins importantes dans la main qui tient le marteau que lorsque le coup est porté directement sur la pierre, même s’il renvoie une partie des vibrations dans l’autre main, qui tient le tasseau et donne l’appui au paveur. Intercaler le tasseau permet également de taper plus fort sans risque de casser un pavé.
Les contraintes physiques identifiées à cette étape sont relatives aux postures sollicitantes et aux vibrations transmises aux membres supérieurs. Elles sont principalement déterminées par :
Le type de pose, contraignant à une posture maintenue en flexion dorsale, et principalement à genoux ;
La fréquence, le nombre et l’intensité des coups de marteau ou de masse à l’origine des vibrations ; c’est la main dominante, principalement utilisée pour manier le marteau, qui sera la plus exposée.
Autres risques identifiés lors de la pose de pavés
En dehors des risques liés aux manutentions manuelles, aux postures pénibles et aux vibrations particulièrement abordés ici, d’autres risques mentionnés précédemment appellent la mise en place de moyens de prévention :
Les risques de blessures graves en lien avec l’utilisation des outils mécaniques pour la découpe (découpeuse électrique ou thermique en particulier) ;
Le risque d’exposition aux poussières, et au bruit également lors de la découpe.
Des moyens de protection collective et le port d’équipements de protection individuelle permettront de réduire ces risques (cf. partie suivante).
Par ailleurs, les troubles musculosquelettiques ont toujours une origine plurielle et des facteurs, autres que les facteurs physiques, agissent systématiquement en facteurs aggravants.
Ce sera par exemple, selon les configurations de chantier :
Le travail sur la voie publique, qui confronte les paveurs avec les usagers (piétons, véhicules, riverains, commerçants…) fréquemment à l’origine de contraintes sur l’organisation (horaires, délais, emprise, fractionner l’activité, stationnement des engins…) contribuant à réduire les marges de manœuvre des équipes de paveurs et susceptibles de générer des tensions ;
Pour les chantiers en zones fréquentées (centre-ville), la durée des chantiers et la difficulté à clôturer de façon étanche font que ceux-ci peuvent être dégradés (barrières ouvertes et circulations sur la zone de pose) entre deux journées de travail, obligeant à refaire certains travaux et exposant les paveurs à une perte de sens de leur travail, ou à devoir se hâter pour terminer le chantier.
À ces éléments s’ajoutent tous les aléas organisationnels auxquels les équipes doivent faire face le plus souvent au prix d’une régulation coûteuse en termes de contraintes physiques (par exemple, travailler différemment ou plus vite pour compenser l’inexpérience d’un binôme ou un manque d’effectif, d’engin…).
De manière générale, il est établi que la réduction des marges de manœuvre des opérateurs sur les chantiers contribue à rendre ces régulations d’aléas plus complexes et souvent plus coûteuses pour les opérateurs et pour les entreprises.
Préconisations
Certaines de ces pistes correspondent à des pratiques de prévention observées sur des chantiers. Il est souhaitable de les généraliser pour prévenir les risques et améliorer les conditions de travail des paveurs.
Phase d’approvisionnement
Avoir les pavés à portée de main pour la pose sans avoir à déplacer manuellement le stock tampon lors de l’avancement : créer les conditions permettant une organisation facilitante du poste de travail ;
Utilisation d’un engin (godet du chargeur, fourche + palette, robot, …) pour présenter le stock tampon au plus près et permettre de le déplacer au fur et à mesure de l’avancement des travaux ;
Prédisposer, lorsque l’environnement le permet (avec un engin, le cas échéant avant même la préparation du lit de pose), des stocks tampons le long du lit de pose en prévoyant le type et le nombre estimé de pavés à poser sur la zone proche ;
Faciliter le transport lorsqu’il est inévitable, notamment en fin de zone à paver : aménager le trajet (couloirs d’accès au poste) et le chantier de manière à pouvoir approvisionner le poste à l’aide d’une brouette, ou d’une autre aide technique à la manutention (chariot adapté par exemple), sans dégrader le lit de pose.
Phase de pose des pavés
Organisation du travail :
« Le pavé pris est posé » : démarrer plusieurs lignes en même temps pour augmenter la probabilité de pouvoir placer le pavé pris dans le stock quelles que soient sa forme ou ses dimensions précises, et sans découpe ;
Réaliser des micro-pauses et alternances de postures lors de la pose pour réduire la durée d’exposition à une position contraignante, notamment grâce au réapprovisionnement d’appoint.
Équipements de travail :
Expérimenter différents types d’EPI pour protéger les genoux (par exemple, genouillères articulées…) et veiller à la qualité de ces EPI, puis à leur état de conservation ; s’attacher à ce que les genouillères ne gênent pas le travail en position debout ;
Envisager, avec les opérateurs, l’intégration d’exosquelette pour soulager les postures dynamiques prolongées en flexion du tronc ; il est prudent de se faire accompagner par un intervenant spécialisé dans cette démarche d’intégration ;
Travailler à l’abri des intempéries (pluies modérées, soleil) : disposer d’abris mobiles.
Pour la découpe :
Choix des marteaux, masses, maillets (anti-vibrations) ;
Privilégier la cliveuse manuelle (coupe-pavés) lorsque c’est possible ;
Sécuriser la découpe à la scie, privilégier les scies sur table aux découpeuses.
Mécanisation :
Pour la pose de pavés béton « mécaniques » : utiliser des engins de pose d’un ensemble de pavés (engin de pose, pince à pavés sur pelle…) ;
Pose de dalle : disposer d’équipements de manutention mécanisée (par exemple ventouse sur mini-pelle, adaptable aux différentes dimensions de dalles).
Mettre à niveau, finaliser
Organisation du travail :
L’organisation de la pose de pavés permettant l’alternance pose / mise à niveau, limitant la durée d’exposition aux contraintes (postures, vibrations) les plus sollicitantes ;
Un savoir-faire professionnel qui limite l’impact des vibrations en réduisant le nombre de coups portés.
Équipements de travail :
Tasseau de bois pour traiter plusieurs pavés en même temps, en vérifier l’ajustement et répartir les impacts de la masse ou marteau (gain en finesse et précision et réduction des vibrations) ;
Choix du maillet (léger, anti-vibrations).
Mécanisation :
Préférer les plaques vibrantes, ou les cylindres, radiocommandées aux équipements à conducteur accompagnant pour réduire l’impact des vibrations.
Certaines photos peuvent montrer des écarts aux règles habituelles de sécurité : elles reflètent la réalité des chantiers observés. Leur but n’est pas de montrer un exemple parfait, mais de représenter des situations réelles sur le terrain.
Pour en savoir plus
Sur le site preventionbtp.fr
Manutentions :
Pose de dalles et de pavage, manutentions manuelles à la ventouse
Une brouette électrique pour limiter le port manuel de charges
Découpe :
Supprimer les risques de la découpe manuelle avec un coupe-dalles
Découpeuse sans fil pour des coupes humides rapides du béton
Une découpeuse électrique avec dispositif anti-rebond et frein de disque
Une découpeuse béton sur batterie qui allie productivité et sécurité
Autres ressources :
Étude sur la prévention des TMS chez les poseurs de bordures et de pavés : J-P. Evenou, A. Heuzard, M. Joandrea, M. Hjajiel, D. Ochocki ; Prévention des TMS chez les poseurs de bordures et de pavés - Archives des Maladies Professionnelles et de l'Environnement, Volume 85, Issues 2–3, 2024.