L’accueil des nouveaux arrivants : comment réussir cette étape clé ?
Les premières semaines sont décisives pour transmettre la culture et les méthodes de l’entreprise, notamment sur les questions de prévention.
Date de mise à jour : 29 nov. 2024 - Auteur : Paul Falzon
©DR
- Former à la sécurité les personnes arrivant dans l’entreprise est essentiel.
L’accueil doit inclure une présentation détaillée des risques liés au poste.
Dossier paru dans PréventionBTP n°289-Novembre 2024-p. 6
Outils, machines, équipements de protection : les premières semaines dans l’entreprise sont celles où le nouvel arrivant va découvrir son environnement de travail, les méthodes déployées dans son équipe et les spécificités de son poste. Spécialisée dans les travaux électriques, la SNIE (500 personnes) fait de l’accueil un moment clé. Durant toute une journée, le nouveau salarié va rencontrer les différents services (bureau d’études, atelier, logistique, chantier), et découvrir les process de l’entreprise, notamment en matière de sécurité. La journée se conclut par la remise du livret d’accueil, des EPI et de l’outillage, et un échange avec les chefs d’équipe. Pour son directeur des ressources humaines, François Carmeille, cet accueil répond à « un enjeu fort de fidélisation » sur les pratiques de l’entreprise, à commencer par la formation et la sécurité : « La prévention fait partie de notre ADN : il est primordial de montrer aux salariés que la direction est véritablement moteur sur le sujet pour réussir à les embarquer. » Comme la SNIE, de nombreuses entreprises du BTP développent des politiques d’accueil structurées, et souvent articulées autour de la santé et de la sécurité au travail.
Au sein de Bouygues Bâtiment Île-de-France, ce temps dédié à la prévention est planifié dès les premiers jours de présence du salarié dans les filiales, sans attendre la journée d’intégration organisée une à deux fois par an. « Notre objectif est que les nouveaux collaborateurs puissent acquérir au plus vite les bons gestes sur chantier, et savoir vers qui se tourner sur ces questions », témoigne sa directrice Prévention Sophie Clerc.
Accueil : choisir un format attractif
Pour faire passer les bons messages pendant l’accueil, la question du format est primordiale. Animateur HSE au sein de l’entreprise Vonthron (38 salariés), Mikaël Ballias a proposé à sa direction de « dépoussiérer » l’intégration pour y mettre plus de pédagogie. Plutôt que de remettre un gros livret d’accueil, dont quarante pages théoriques sur la prévention, l’entreprise a créé, avec l’aide de l’OPPBTP, un parcours découverte de moins d’une heure, rythmé par sept ateliers et autant d’échanges avec le formateur. Résultat, « on rend les salariés acteurs de leur sécurité, et on les intéresse aux pratiques de l’entreprise », se félicite Mikaël Ballias. Sentiment d’appartenance à l’équipe, productivité, fidélisation : les sujets liés à l’accueil sont décisifs. Mais le choix de nombreuses entreprises du BTP d’aborder l’intégration via les questions de prévention traduit les enjeux particuliers à la filière. « Comparé aux autres secteurs, le BTP présente des spécificités : la forte proportion des intérimaires dans les équipes, la variété des chantiers qui modifient la nature de l’activité, et les approches de prévention qui varient beaucoup d’une entreprise à l’autre », souligne Olivier Macaire, responsable de pôle formation en Santé et sécurité au travail à l’INRS.
Des entreprises planifient un accueil spécifique à la sécurité dès les premiers jours.
L’organisation d’un temps dédié à la prévention s’impose donc comme une étape incontournable dans l’accueil des embauchés. Et ce, quel que soit leur profil : salarié, intérimaire, encadrant, stagiaire ou apprentis –en se rappelant que pour ces derniers, l’entreprise partage la responsabilité de cette formation avec les CFA (lire PréventionBTP n° 275, p. 6). La question de l’accueil est si importante que le législateur s’en est emparé. Selon le Code du travail (article L4141-2), former à la sécurité les personnes arrivant dans l’entreprise est une obligation pour l’employeur. Pour les salariés en CDD, les intérimaires et les stagiaires affectés à des postes de travail présentant des risques particuliers pour leur santé ou leur sécurité, un accueil et une formation renforcée à la sécurité, doivent être organisés par l'entreprise utilisatrice. Et ce temps dédié à la prévention est à la portée de toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. « Un point essentiel est d’apporter au nouveau une présentation claire de son environnement de travail et des équipements disponibles dans l’entreprise. Il faut ensuite prendre le temps d’expliciter les risques spécifiques à son poste, en s’appuyant par exemple sur les analyses réalisées pour le document unique d’évaluation des risques, et détailler les moyens de prévention mis à disposition », poursuit Olivier Macaire.
Prolonger l’effort d’intégration
L’enjeu est ensuite de capitaliser sur les messages délivrés durant l’accueil. « Si le salarié n’entend parler de sécurité qu’à son arrivée, le risque est qu’il en déduise que ce n’est pas une priorité pour l’entreprise. Il est important de poursuivre ce dialogue, au quotidien via les quarts d’heure sécurité sur chantier, ou lors d’échanges spécifiques sur les questions de santé et de sécurité », propose Michel Bridot, chargé de mission pour la Carsat Alsace Moselle (lire p. 8). Après la journée d’accueil, la SNIE a fait le choix d’un suivi au long cours des nouveaux. Les mois suivants, ils sont accompagnés par un tuteur, un salarié plus expérimenté de son équipe, éventuellement aidé par un formateur interne. « Le suivi du salarié sur le temps long est un enjeu majeur pour s’assurer que les messages délivrés lors des temps d’accueil ont été entendus, et que le salarié respecte les procédures demandées sur chantier, résume François Carmeille, directeur des ressources humaines de la SNIE. À terme, nous envisageons la mise en place d’entretiens de suivi d’intégration pour bénéficier des retours terrain. »
Comparé aux autres secteurs, le BTP présente des spécificités qui rendent l’accueil sécurité encore plus décisif.
Olivier Macaire-INRS