L'entreprise BGC a formé des chargées de prévention en interne.

    ©Frédéric Vielcanet

    Profil

    Identité : BGC (Bâtiment et Génie Civil)

    Activité : Construction et rénovation de bâtiments industriels et commerciaux

    Création : 2005

    Chiffre d’affaires : 25,9 millions d’euros

    Nombre de salariés : 35

    Lieu : Sainte-Marie aux Chênes (Moselle-57)

    Ingénieur de prévention : Michel Szymkowiak

    ● Site : www.bgc-france.fr

    Depuis plus d’un an, le chantier de Mailly-le-Camp (Aube) mobilise les équipes de BGC. Sur ce camp militaire, l’entreprise générale construit trois bâtiments destinés à l’entretien et la maintenance d’engins blindés. Ce n’est là qu’une des nombreuses commandes du ministère de la Défense avec lequel BGC réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires. L’entreprise basée près de Metz exerce principalement son activité dans le quart Nord-Est de la France. «Nous suivons nos clients jusqu’en région parisienne sur ce secteur d’activité porteur, explique Patrick Robert, son président. Nous avons aussi construit à Toulouse un bâtiment dédié aux parachutistes et d’autres ouvrages à Montauban et dans le Larzac.»

    Ancien de chez SAE (Groupe Eiffage), Patrick Robert développe au sein de BGC une culture d’entreprise générale basée sur la rigueur. «La particularité de l’entreprise est son indépendance, tant en matériel qu’en ressources humaines», analyse le dirigeant. Depuis les engins de manutention jusqu’aux bungalows, BGC possède 95 % de son matériel. «En plus de l’aspect économique, cette autonomie joue en faveur à la prévention des risques. L’affectation de matériels de manutention à une équipe diminue le stress et le risque de TMS.» L’entreprise, qui dispose d’un camion-grue et d’un porte-engins, confie à des prestataires l’entretien et la maintenance jusqu’à la visite générale périodique.

    Une main-d’œuvre fidélisée

    Le management des ressources humaines distingue également BGC des majors. «Dans le bâtiment, un tiers de la valeur ajoutée réside dans la main-d’œuvre, estime Patrick Robert. Chez nous, 98% des heures travaillées sont effectuées en CDI. Les messages passent mieux auprès des trente-cinq personnes qui composent l’effectif. Les modes opératoires comme les bonnes pratiques sont mieux appliqués.» Pour son recrutement, BGC prend quatre ou cinq jeunes par an en stage ou en alternance. Au bout d’un an, ils sont le plus souvent embauchés directement en CDI. «En faisant évoluer tout le monde en même temps», BGC parvient à fidéliser son effectif et à réduire le turn-over.

    En relation étroite avec les CSPS

    Depuis sa création en 2005, l’entreprise BGC a mené plusieurs contrats de progrès avec l’OPPBTP mais le décès, en 2015, d’un de ses chauffeurs a été le déclencheur de nouvelles actions. L’audit, réalisé par un jeune diplômé en hygiène et sécurité, a donné lieu à un livre blanc et au recrutement d’un responsable QSE. «Après une expérience avec une personne qualifiée en prévention mais sans connaissance technique, j’ai préféré former des chargées de prévention en interne», explique Patrick Robert. Depuis deux ans, Isabele Matila, chargée de prévention de niveau 1 (bientôt de niveau 2), gère la partie administrative en relation avec la DRH. Célia Amrani est, quant à elle, conductrice de travaux et chargée de prévention de niveau 1 dédiée aux chantiers (lire plus bas). Formée en alternance, Alexia Leclere pourrait devenir la troisième chargée de prévention. «Être chargée de prévention fait partie de leur mission d’ingénieure de travaux, précise le dirigeant très satisfait de cette polyvalence. Le travail effectué en relation avec le coordonnateur SPS sur le chantier est par exemple indispensable. C’est un facteur de sérénité pour tout le monde, pour nos équipes comme pour le maître d’ouvrage.»

    Des «ions positifs»

    Innovation, fidélisation, prévention et formation sont ce que Patrick Robert appelle des « ions positifs » pour l’entreprise. L’ensemble du personnel suit au moins une formation une fois tous les deux ans. «100 % de l’effectif est titulaire des CACES® associés aux engins courants de l’entreprise, c’est la seule façon d‘avoir une connaissance du risque que peuvent générer ces engins.» En janvier de chaque année, une semaine est consacrée à des formations à la sécurité, à la SST ou à l’AIPR. Plusieurs thématiques ont été identifiées comme les trajets (arrimage et chargement pour les chauffeurs de camion), les circulations de chantier (gestion des livraisons, balisage), les interventions extérieures et la production (accueil sécurité). « Nous concentrons actuellement nos efforts sur les trajets et le risque routier, ainsi que sur l’accueil et la formation des jeunes à la prévention des risques, conclut le chef d’entreprise. Il y a encore du travail à faire sur les comportements. »

    L'entreprise BGC est spécialisée dans les travaux de gros œuvre, de construction ou de rénovation de bâtiments industriels ou commerciaux.

    BGC, entreprise de bâtiment et de génie civil. BGC, entreprise de bâtiment et de génie civil. ©Frédéric Vielcanet

    Bilan performance

    « L’impact économique de la prévention est difficile à mesurer, en revanche, je sais très bien ce que l’entreprise perdrait sans cette démarche de prévention, explique Patrick Robert, le dirigeant de BGC. Le travail des chargées de prévention réduit les risques professionnels mais aussi l’encombrement intellectuel. Il libère du temps pour tout le monde. La prévention est aussi un argument commercial. Les gains pour les CSPS et le maître d’ouvrage sont évidents. »

    Dans la moyenne nationale en 2010. Les taux de fréquence et de gravité des accidents du travail de l’entreprise BGC sont respectivement passés à 20 (au lieu de 50) et à 0,5 (au lieu de 5) en 2020.

    Elle conjugue rigueur avec humanité et conviction

    Après une formation d’Ingénieur travaux (master en génie civil à l’Université de Lorraine), Célia Amrani a intégré l’entreprise BGC. Elle est chargée de prévention sur le chantier de Mailly-le-Camp.

    Célia Amrani, chargée de prévention chez BGC Célia Amrani, chargée de prévention chez BGC ©Frédéric Vielcanet

    Comment se sont passés vos débuts en prévention ?

    Durant mon stage de fin d’études chez BGC, j’ai débuté dans les bureaux sur des réponses aux appels d’offres et des études de prix mais aussi sur la préparation de chantier en termes de sécurité. J’ai fait mes premiers pas en prévention avec les PPSPS, les tableaux d’analyse de risque et les plans d’installation de chantier. Il était déjà question du positionnement des matériels, des cheminements, des circulations d’engins. En fin de stage, j’ai été affectée au suivi de chantier, d’abord à Toulouse, puis à Paris et à Mailly-le-Camp.

    J’ai développé une forme de conscience qui me fait alerter les personnes sur leur sécurité et je sens qu’elles sont réactives.

    Célia Amrani

    En quoi consiste votre rôle de chargée de prévention sur ce chantier ?

    Je m’occupe de l’accueil des nouveaux arrivants sur le chantier et plus généralement des contacts avec les entreprises, par exemple dans le cadre des livraisons. Identifier les zones de stockage, aménager les circulations, éviter les encombrements, c’est beaucoup d’anticipation. Quand une entreprise doit intervenir sur le chantier, nous échangeons la veille sur les moyens matériels et la coactivité. L’avantage du quart d’heure sécurité est de réunir tous les matins les responsables de chaque entreprise, y compris les référents Covid, pour leur exposer les risques.

    Comment voyez-vous la suite de votre mission ?

    Mon métier d’ingénieure m’aide en prévention et je souhaite reproduire ce principe de veille et de dialogue sur d’autres chantiers. La prévention est maintenant ancrée en moi, je ne pourrai plus fermer les yeux face à certaines situations. J’ai développé une forme de conscience qui me fait alerter les personnes sur leur sécurité et je sens qu’elles sont réactives.

    Son parcours

    Diplômée de l’Université de Lorraine, Célia a débuté ses études d’ingénieure travaux en Algérie. Accueillie chez BGC en stage de fin d’étude en 2018, elle est aujourd’hui conductrice de travaux et chargée de prévention de niveau 1.

    L’entreprise BGC détient 95 % de son matériel en propre ce qui lui garantit disponibilités et indépendance.

    L’entreprise BGC détient 95 % de son matériel. L’entreprise BGC détient 95 % de son matériel. ©Frédéric Vielcanet

    Les livraisons sur le site de Mailly-le-Camp (ici les camions à béton) sont régies par un document harmonisé des organisations de livraison (DHOL).

    Les livraisons sur le site de Mailly-le-Camp. Les livraisons sur le site de Mailly-le-Camp. ©Frédéric Vielcanet

    Organisé chaque matin, le quart d’heure sécurité permet de faire le point sur les événements marquants de la journée à venir et de rappeler les consignes de prévention.

    Au sein de BGC, le quart d'heure sécurité se tient tous les matins Au sein de BGC, le quart d'heure sécurité se tient tous les matins. ©Frédéric Vielcanet

    Sur le chantier, les cheminements piétons sont clairement identifiés ou balisés pour éviter les croisements et risques de heurts avec engins.

    Des cheminements piétons identifiés Des cheminements piétons identifiés. ©Frédéric Vielcanet

    Le travail effectué en amont, au niveau des méthodes, facilite l’installation du chantier et la mise en œuvre des travaux dans le respect des mesures de sécurité.

    Travaux dans le respect des mesures de sécurité. Travaux dans le respect des mesures de sécurité. ©Frédéric Vielcanet

    La présence d’une chargée de prévention sur le chantier permet un contact et un suivi plus régulier avec les entreprises sous-traitantes.

    Suivi régulier avec les sous-traitants grâce à la chargée de prévention. Suivi régulier avec les sous-traitants grâce à la chargée de prévention. ©Frédéric Vielcanet

    La méthodologie appliquée

    ● Quand l’entreprise se saisit d’un dossier de construction, une grande partie passe en méthode. Le bureau d’études compte deux personnes : une pour les calculs de prix et une autre pour réaliser des plans de synthèse en BIM.

    ● Avec le concours de jeunes projeteurs, l’ingénieure mène une réflexion globale sur le recours à la préfabrication. L’utilisation de prémurs, prédalles et poutres à assembler réduit la part de la main-d’œuvre et améliore les conditions de travail. Les escaliers préfabriqués en amont pour les intégrer dans les modes opératoires et les utiliser en phase chantier.

    ● En tant qu’entreprise générale, BGC a la responsabilité d’aménager le plan d’installation de chantier, de faciliter les circulations horizontales et prévoir les cheminements. Un canevas permet de poser les prémurs sans démonter les garde-corps installés avant toute utilisation.

    Article paru dans PréventionBTP n°249 de mars 2021, p. 22-25.

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