De nouveaux outils pour améliorer la sécurité des camions-bennes

    ©Frédéric Vielcanet

    Pierre Picart, expert technique machines de la DGT, est un homme pressé. Nous parvenons à échanger avec lui, entre deux conférences avec ses homologues européens, pour nous entretenir sur les récentes évolutions : note technique, normalisation, portée européenne… Les enjeux sont nombreux.

    La note technique de juillet 2020 sur les ridelles, qui impose un retrofit sur la totalité du parc de camions-bennes, est-elle une réponse adaptée ?

    L’accident dramatique de Rochefort il y a quelques années a été le détonateur. Le constat est très simple : les bennes ne répondent pas aux exigences réglementaires. Il est donc nécessaire qu’au-delà de la mise en marché de camions-bennes neufs, les machines en service présentent aussi un minimum de risques. Il s’agit là d’un compromis, qui permet d’utiliser un certain nombre de machines existantes tout en améliorant la sécurité grâce à une alarme qui alertera l’opérateur.

    Il est difficile de mettre à niveau un parc existant. C’est pourquoi un délai de mise en conformité est accordé : il faut que les équipements soient disponibles et que les carrossiers puissent gérer la charge de travail. Nous agissons avec un principe de réalité, en concertation avec les organisations professionnelles.

    Qu’est-ce qui a décidé la DGT à accompagner la rédaction de la norme NF R17-109 sur les bennes basculantes mues hydrauliquement ?

    Les ridelles représentent une urgence, mais nous avons de nombreuses autres préoccupations, comme la visibilité à l’arrière des portes ou la sécurisation de la benne levée… qui nécessitent des prescriptions de sécurité. Jusqu’ici, les concepteurs constructeurs s’appuyaient simplement sur la directive Machines. L’objectif est que ce guide de conception les aide à répondre aux attentes de sécurité du législateur de façon très pragmatique.

    Comment s’est déroulé ce travail de normalisation ?

    La commission de normalisation intégrait des constructeurs, des utilisateurs, des assurances, des organismes de prévention, et le représentant de l’autorité en charge des machines : le ministère du Travail. Ensemble, nous avons cherché un consensus. C’est lorsque des personnes constructives se réunissent pour faire avancer la sécurité en étant à l’écoute des arguments de toutes les parties qu’on identifie des solutions acceptables par tous et qui vont dans le sens de la sécurité. Je crois que le sentiment général est la satisfaction à l’issue de cette première phase.

    Quelle est la prochaine étape pour cette norme ?

    La norme française est un guide avec une portée limitée dans un marché ouvert. Nous souhaitons la proposer au Comité européen de normalisation comme l’ébauche d’une future norme européenne. Dans quelques années, lorsque la norme sera publiée au niveau européen, tous les concepteurs constructeurs devront s’y conformer.

    Les ridelles représentent une urgence, mais nous avons de nombreuses autres préoccupations, comme la visibilité à l’arrière des portes ou la sécurisation de la benne levée.

    Pierre Picart, Direction générale du travail

    Ingénieur de formation, Pierre Picart est l’expert technique machines de la DGT. Il est un interlocuteur privilégié sur l’évolution de la réglementation, mais aussi le suivi du processus normatif au niveau européen.

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