Le logo de PréventionBTP avec le texte : "un service OPPBTP"
Dossier

La grue, un matériel sous surveillance

Face à l’intensification de leur utilisation, la sécurisation des grues passe par un examen d’adéquation approfondi, de la formation et des vérifications.

Dernière mise à jour le : 03/07/2025

L F

Loïc Féron

La grue, un matériel sous surveillance

En résumé :

La grue est l’équipement incontournable du chantier.
Un ensemble de mesures à respecter pour assurer la sécurité.

Dossier paru dans PréventionBTP n°295-Mai 2025-p. 6

Seul le casque de chantier pourrait peut-être contester à la grue son statut de symbole du BTP. « Par sa présence répétée, visible de loin, la grue est devenue un indicateur de la performance d’une ville ou d’une région en expansion », estime Manuel Martin, responsable du pôle Métiers à l’OPPBTP. De façon plus pragmatique, le rôle fondateur de la grue est d’aider au levage et d’éviter le port de charge. En termes de cadences comme de sécurisation de la pose d’éléments lourds, la grue est un incontournable du chantier. Ce rôle facilitateur et les bénéfices qu’en retirent les entreprises justifient la multiplication de son usage dans tous les métiers du BTP (bâtiment, ouvrage d’art, génie civil, terrassement). « La grue est un appareil de levage et de manutention essentiel, indispensable pour réduire les maladies professionnelles, renchérit Arnaud Krebs, responsable du levage à la direction technique de l’OPPBTP. Cet équipement n’est cependant pas anodin, il peut aussi générer des risques. »

Des accidents peu fréquents mais graves

295 Dossier - La grue, un matériel sous surveillance

L'enjeu en matière de prévention est de permettre aux grutiers d'effectuer des levages dans de bonnes conditions de stabilité et de prévenir les risques de chute de charge.

L’accident survenu à Toul (Meurthe-et-Moselle) il y a trente ans reste dans les annales. L’obstination d’un chef de chantier à maintenir l’activité malgré un vent violent, et malgré les alertes répétées du grutier, s’est soldée, ce jour-là, par le basculement de la grue sur un collège et le décès de six élèves. Le grutier sera amputé d’une jambe. Ce drame va marquer une prise de conscience, un avant et un après, et donner lieu à des mesures réglementaires. En 2004 sont pris une série d’arrêtés relatifs aux vérifications des appareils et accessoires de levage, au carnet de maintenance et à l’examen approfondi des grues à tour. « Depuis les années 1990, l’utilisation de grues s’est développée massivement jusqu’au doublement de leur nombre, commente Manuel Martin. Chaque année, cinq grues en moyenne se retrouvent à terre, c’est peu au regard des 3000 grues en activité mais évidemment trop. » Dans la grande majorité des cas, les accidents du travail (AT) liés à un appareil de levage impliquent des grues à tour. Ils ont pour point commun leur gravité. Les risques les plus courants sont la chute de charges, les heurts ou coincement avec une charge en mouvement, le contact avec une ligne aérienne et l’effondrement de la grue dû au vent associé à un défaut de montage et/ou à une méconnaissance réglementaire.

Une bonne grue pour un bon usage

« Un bon chantier, une bonne grue » : l’application de cette maxime commence par l’examen d’adéquation, essentiel pour s’assurer du choix approprié de l’engin de levage et garantir la sécurité. « Il faut mettre l’examen d’adéquation des appareils et des accessoires de levage au centre de la réflexion des utilisateurs », recommande Arnaud Krebs, qui cite parmi les points clés à examiner la hauteur sous crochet – avec la capacité de levage et la portée – et la coactivité entre grues fixes et engins mobiles. « Le sujet des interférences fait l’objet d’un travail de recherche avec les concepteurs d’équipements de sécurité, précise-t-il. Nous allons d’ailleurs procéder à une révision de notre fiche prévention sur ce sujet avec l’intégration dans la supervision des équipements interférents, par exemple, les nacelles grande hauteur et les pompes à béton grâce à des capteurs» Concernant le montage et l’installation d'une grue GMA (grue à montage automatisé) ou d'une grue GME (grue à montage par éléments), l’OPPBTP a conçu, à l’intention des entreprises, un guide spécifique de 120 pages. L’ouvrage décrit les cinq étapes qui valident et formalisent le montage, depuis les études permettant le choix de la grue jusqu’aux vérifications avant utilisation. « Tout au long de ces cinq étapes, les missions techniques M sont le meilleur moyen pour le chef d’entreprise de s’assurer du respect des règles actuelles, explique Manuel Martin (lire encadré ci-contre). Leur coût, inférieur à 2 000 euros, reste modique au regard du montant des opérations de construction. »

Les PME adaptent les modes constructifs à leur équipement

L’enjeu primordial en prévention est de permettre aux utilisateurs de réaliser des levages dans de bonnes conditions de stabilité et de portance, et de prévenir les risques de chute des charges. D’autant que celles-ci sont manipulées à des rythmes très soutenus. Comme le rappellent les préventeurs de l’OPPBTP, « un coup de grue dure en moyenne trois minutes, répété vingt fois par heure, jusqu’à deux cent cinquante fois par jour et plus pour certaines grues. » Une distinction s’impose par ailleurs entre l’usage de grues très puissantes et « intelligentes » et celui d’appareils de levage plus petits (de type GMA) utilisés par les PME/TPE. « Dans le premier cas, le mode constructif détermine le choix de l’outil, explique Manuel Martin, alors que dans le second, c’est l’inverse, les PME adaptent leur mode constructif au format et aux capacités de la grue qu’elles possèdent» Enfin, il faut rappeler le rôle prépondérant du grutier, dont la présence au moment du montage est conseillée pour une bonne intégration, dès la prise en main, des opérations à exécuter en cours de production. 

3

Trois missions techniques incontournables pour le montage et l’installation :

  • L’étude environnementale (vent et effets de site).
  • La stabilité de la grue sur les fondations.
  • Les vérifications réglementaires de (re)mise en service.

Voir aussi