Impact en prévention

    Les travaux de couverture en matériaux fragiles occasionnent un nombre important de chutes de hauteur, graves ou mortelles, à travers la toiture : elles représentent près de 30 % des cas sur les deux années écoulées et viennent s’ajouter aux chutes en périphérie de la toiture.

    Dans la majorité des cas, c’est la rupture d’une plaque, sur laquelle le travailleur avait pris appui (volontairement ou non), qui provoque l’accident. Cette rupture est brusque, rapide : elle surprend le compagnon qui n’a pas le temps de réagir.

    Dans un cas sur trois, la chute est mortelle : il est donc indispensable de préparer ces interventions et de respecter des règles de sécurité strictes pendant toute la durée de ces chantiers, tant lors de la phase de repérage que durant les travaux.

    Risque principal
    Chute de hauteur
    Risque fortement diminué

    Définition d'un support fragile en toiture

    Matériaux fragiles en couverture

    Les toitures fragiles sont principalement celles composées de plaques fibres-ciment neuves (avec fibres de cellulose) ou anciennes (souvent composées de fibres d’amiante, interdites à la vente depuis 1997).

    Mais les matériaux fragiles, concernent aussi les diverses plaques (planes, ondulées ou nervurées, teintées ou non, translucides) réalisées en verre (armé ou non), fibres asphaltées, résine de polyester (avec ou sans fibres de verre), polycarbonate (chlorure de polyvinyle et plus généralement les polymères thermoplastiques), les toitures traditionnelles en chaume, les tôles ondulées d’épaisseur inférieure à 80/100 de mm, neuves ou dégradées par le temps.

    Plus généralement, les toitures fragiles sont constituées d’un matériau qui, neuf ou après vieillissement (UV, intempéries) ne possède pas les caractéristiques de résistance nécessaires pour supporter la masse d’une personne et résister à la chute d’une personne.

    En outre, pour les travaux neufs ou de remplacement complet d’une couverture, on assimile les bacs métalliques auto-portants à des matériaux peu résistants jusqu’à leur fixation définitive.

    Enfin certaines plaques servent de sous-toiture :

    • Support de tuile de type « canal »
    • Panneaux de contreplaqué ou d’aggloméré support de revêtement d’étanchéité

    Elles doivent également être considérées comme fragiles, n’étant pas non plus conçues pour supporter un opérateur.

    Les lanterneaux d’accès en toiture terrasse sont également à inclure dans les matériaux fragiles, lorsqu'ils ne sont pas équipés de grille antichute.

    Charge admissible

    Les plaques en fibres-ciment, qui constituent la grande majorité des plaques employées (tout comme les plaques translucides), quel que soit leur âge, leur marque ou leur type, ne sont pas conçues pour résister au poids d'un homme : elle sont dimensionnées pour des charges de neige, de vent, mais pas pour l’appui ponctuel d’un opérateur. Les fiches techniques de ces matériaux rappellent notamment que les intervenants en toiture doivent travailler sans prendre appui directement dessus.

    Accès pour le repérage

    Le besoin de repérage en toiture se fait sentir très en amont du chantier : dès la phase devis, pour la réalisation du diagnostic et des mesures.

    La fragilité du support est souvent méconnue ou sous-estimée : les opérateurs circulent directement sur la couverture en matériau fragile.

    Sur les deux dernières années, 25 % des accidents liés à des toitures fragiles concernent une phase de repérage (ou de préparation de devis). Les accidents ont lieu, dans la grande majorité des cas, lors de travaux de courte durée.

    En tout premier lieu, cherchez à éviter les risques en supprimant le danger ou l'exposition au danger.

    A minima, lors de la première prise de contact, il est indispensable de se renseigner sur les possibilités d’accès en toiture et/ou de mesure à distance. Privilégiez le drone comme moyen de repérage.

    De nombreux prestataires proposent de réaliser pour vous cette phase par drone, accompagné d’un traitement des données pour réaliser le métré ou tout autre exploitation des images.

    <i>Le drone, couplé à une tablette tactile, effectue les prises de vue du bâtiment, qui sont instantanément transférées à un logiciel de maquettes 3D.</i> Il est possible d'utiliser un drone et un logiciel de gestion pour le métré de couverture.

    Ces solutions sont économiquement avantageuses, au regard du temps gagné et des risques évités.

    Si cette solution ne peut être retenue, des moyens de protection sont à mettre en œuvre, équivalents à ceux décrits dans les paragraphes suivants.

    DT - ESO

    Travaux de couvertures : préparation de l'intervention

    La préparation du chantier, la recherche de solutions d’accès, de moyens de sécurisation et de stockage sont des essentiels qu’il ne faut pas sous-estimer. Des aléas surviennent immanquablement sur les chantiers, l’anticipation des moyens nécessaires à l’intervention facilite leur gestion.

    Lorsque le site le permet, privilégiez l’intervention pour réaliser les travaux, par le dessous, au moyen d’un équipement adapté (échafaudage, PEMP, etc.).

    Si ce n’est pas possible, les mesures de prévention à mettre en œuvre sont semblables, que vous interveniez pour des travaux de réparation ou d’entretien, ou pour la pose ou le remplacement complet de la couverture en matériau fragile.

    Si des dispositions ont été prises à la construction du bâtiment, pour permettre d’effectuer en sécurité les travaux d’entretien de la toiture fragile (dispositifs permanents), elles doivent figurer dans le « Dossier de maintenance des lieux de travail » ou dans le DIUO (dossier d’interventions ultérieures sur l’ouvrage) et être respectées.

    Dans le cas contraire, les conditions d’intervention sont à définir pour garantir la sécurité des intervenants.

    Dans tous les cas, donnez la priorité aux protections collectives.

    Météo pendant le chantier

    Une toiture rendue glissante par la pluie, le gel ou un coup de vent peut engendrer des déséquilibres lors d’une intervention en toiture : définissez des restrictions d’accès en toiture selon les conditions météorologiques et avant toute intervention, vérifiez les prévisions météo.

    Accès à la couverture

    Si un accès sécurisé à la couverture n’est pas déjà existant, une tour d’accès avec escalier permet d’accéder en sécurité au poste de travail. En cas d’impossibilité technique, pour une intervention de courte durée et si son utilisation n’est pas répétitive, une échelle, avec stabilisateur, fixée en tête, en pied et dépassant le plancher d’accès de 1 mètre minimum, peut être envisagée (après évaluation des risques découlant de la fréquence de circulation, de la hauteur à atteindre et de la durée d’utilisation).

    Protections périphériques

    Sécurisez la périphérie de la toiture au moyen d’un échafaudage périmétrique (de préférence MDS – Montage et Démontage en Sécurité) permettant de couvrir toute la périphérie de la zone d’intervention (bas de pente et rives). Le montage/démontage et les vérifications de l’échafaudage doivent être réalisés par du personnel formé à cet effet. Equipez votre échafaudage d'escaliers extérieurs en aluminium en remplacement des plateaux-trappes, facilitant l’accès aux postes de travail.

    Dans les cas pour lesquels un échafaudage ne peut être implanté, des garde-corps en bas de versant et/ou en rives doivent être installés.

    Volées d'escalier pour accès échafaudage Volées d'escalier pour accès échafaudage

    Exceptionnellement, en fonction de la typologie du chantier, des échafaudages en consoles peuvent également être installés : la structure doit posséder les caractéristiques de résistance nécessaires et vous devrez valider les ancrages par une note de calcul.

    Circulation sur la toiture : dispositifs de circulation

    Des dispositifs, considérés comme des équipements temporaires de chantier, permettent de former des chemins de circulation sur la toiture. Ils reposent, par l’intermédiaire de la couverture (ou parfois directement sur les pannes), sur des éléments de la structure du bâtiment (plusieurs pannes). Ils sont généralement constitués de plaques métalliques manuportables et d’accessoires pour les assembler. Certains modèles sont équipés de garde-corps.

    Attention : après installation, aucun porte-à-faux ne doit subsister à l’exception de l’extrémité située au-delà de la panne faîtière.

    La mise en place sur la couverture de dispositifs de circulation n’évite pas toujours l’accident : le travailleur peut perdre l’équilibre (faux pas, effort, planchers de circulation trop étroits, vent, etc.), tomber dans le vide ou, cas le plus courant, prendre appui sur le matériau fragile et passer à travers la couverture.

    Selon les caractéristiques des équipements sélectionnés (notamment présence de garde-corps ou non), il peut être nécessaire de les compléter par un système d’arrêt de chute (avec harnais) dont les points d’ancrage ou les lignes de vie sont définis par l’encadrement.

    Des protections complémentaires peuvent être installées pour protéger les plaques (translucides ou non), tel que des grilles sur cadre métallique à installer directement sur la toiture en prenant appui sur des éléments structurels.

    Dans le cas d’une construction neuve, d’une rénovation complète de la toiture ou d’un simple remplacement, il est recommandé, afin de supprimer le risque de chute par rupture de plaques en matériau fragile, d’installer des matériaux de couverture de résistance suffisante pour supporter la charge ponctuelle d'un opérateur.

    En complément, si un lanterneau est présent sur la toiture, prévoyez son remplacement, dès le début des travaux si possible, par un produit résistant à l’essai dit «1200 joules». A minima, ce lanterneau devra être équipé d’une grille antichute (qu'il serve d'accès ou simplement de source d'éclairement).

    Protections collectives sous la toiture

    En complément des protections collectives sur la toiture, des dispositifs de recueil souples (filets de sécurité) peuvent être positionnés sous la zone de travail ou de circulation, si la configuration du bâtiment le permet (avec tirant d’air suffisant notamment) pour le recueil en cas de chute d’un intervenant. Cette zone doit être balisée :

    Utilisation d'une nacelle araignée pour la mise en place de filets en sous-face pour des travaux de couverture Utilisation d'une nacelle araignée pour la mise en place de filets en sous-face pour des travaux de couverture

    • Sous la toiture pour éviter tout risque de heurt (avec un tiers notamment) en cas de chute dans le filet (via le tirant d’air) ;
    • Sur la toiture, notamment si le filet ne couvre pas l’ensemble de la zone d’intervention, suivant l’organisation du bâtiment et des travaux.

    Vérification des équipements présents (crochet de service, point d’ancrage, filet)

    Utiliser un équipement défectueux, ou non vérifié, c’est prendre le risque qu’il ne remplisse pas son rôle de protection.

    Les équipements permanents présents sur le bâtiment, concourant à la protection contre les risques de chute de hauteur (tels que les crochets de service, lignes de vie, surfaces de recueil placées sous la couverture, garde-corps en périphérie, etc.) ne peuvent être utilisés qu’après avoir été vérifiés en vue de s’assurer de leur bon état de conservation et de solidité.

    Ces examens sont effectués par un bureau de contrôle ou une personne compétente, choisie par le chef d’établissement : le nom, la qualité de cette personne, ainsi que l’opération de vérification doivent être consignés sur le « registre de sécurité ».

    Approvisionnements / stockage

    Transport des plaques ondulées

    Le transport et le stockage des plaques ondulées en fibres-ciment peuvent être à l’origine de leur fissuration. Les fissures sont d’autant plus dangereuses qu’elles sont peu visibles. Il faut donc veiller au déchargement et à la réception avec attention de la marchandise.

    Stockage

    Les plaques en fibres-ciment sont conditionnées horizontalement en piles sur palettes dont la hauteur ne doit pas dépasser un mètre. Prévoir, sous ces palettes, des supports appropriés pour éviter des irrégularités d’appui ou des portées exagérées. La superposition de palettes et le chargement d’une palette par d’autre matériaux sont à proscrire, pour conserver le bon état des plaques.

    Préparation des plaques / manutention

    La manipulation des plaques requiert attention et vigilance : fragiles par composition (c’est un matériau aggloméré), elles peuvent casser à la main ou sous une faible torsion ou flexion.

    L’approvisionnement en toiture et la réception près du poste de travail doivent se faire à l’aide de moyens adaptés : monte matériau pour manutention directe des palettes, recette à matériaux pour assurer la dépalettisation en sécurité.

    Les opérations de préparation (percement, découpe des coins, etc.) sont à réaliser au sol pour minimiser les opérations en toiture : l’installation d’un chevalet (tréteaux + planche) facilite la préparation des plaques avant approvisionnement sur le toit.

    Les trous dans les plaques en fibres-ciment et en matière plastique doivent être exécutés à l’aide d’un foret et non à l’aide d’un poinçon (si elles ne sont pas pré-percées d’usine).

    Il peut être nécessaire de recouper des plaques sur chantier. Dans ce cas, utiliser des outils appropriés (griffe, pince, outil électroportatif équipé d’un disque adapté et d'un système d’aspiration des poussières rapporté).

    Intervention d’urgence

    Dans le cas d’une intervention d’urgence, il ne faut pas agir dans la précipitation. Comme toute opération, même si elle est à mener dans un temps court, il convient de préparer l’intervention pour prévoir et ensuite utiliser les équipements de protection adaptés, surtout s’il s’agit d’intervention liée à des intempéries qui auront d’autant plus fragilisé la toiture.

    Compétences des intervenants

    Information du personnel

    Il est indispensable de sensibiliser les travailleurs sur les caractéristiques de la toiture, les risques qu’elle représente, ainsi que les consignes générales de sécurité : les moyens à utiliser pour accéder à la toiture, les risques dus à l’environnement (lignes électriques, ouvrages d’aération, etc.) et les caractéristiques particulières de l’ouvrage.

    Compétences pour intervenir en hauteur

    Les opérateurs intervenant en hauteur doivent remplir deux conditions :

    1. être apte médicalement,
    2. avoir reçu une formation sur le travail en hauteur.

    Ils doivent également être formés au montage/démontage et à la vérification des équipements de protection qu’ils installent et utilisent, ainsi qu’au port et à l’utilisation d’un système d’arrêt de chute.

    Il convient de rappeler que sur les chantiers de BTP, le travail en hauteur est interdit aux jeunes de moins de 18 ans, sauf par dérogation écrite (temporaire ou permanente) accordée par l’inspection du travail pour les jeunes de 15 à 18 ans en formation professionnelle.

    Remplacement de plaques : faire un choix pérenne pour les futures interventions

    Au préalable, avant démarrage de l’intervention, vérifiez que les tôles choisies portent la mention NT (« Non asbestos Technology » ou « New Technology »), garantie de l’absence d’amiante : cette mention doit être estampillée sur la tôle.

    Si vous prévoyez de remplacer des tôles fibres-ciment, les nouvelles tôles doivent être conformes aux normes en vigueur et de préférence certifiées ; elles ont alors été évaluées selon le référentiel de la marque NF " plaques profilées en fibres-ciment ".

    Les tôles fibres-ciment sont issues de deux techniques principales de fabrication (depuis l’interdiction de l’amiante) :

    • CCA (calcium-cellulose-silice, avec au moins 10 % de cellulose)
    • PVA (polyvinyle-alcool, avec 3 % de cellulose maximum).

    Les plaques CCA sont à proscrire en toiture : elles se dégradent fortement.

    Certaines tôles comportent une mention spéciale (FR par exemple) indiquant qu’elles contiennent un feuillard de renfort, incorporé dans l’épaisseur du matériau. Cela ne rend pas pour autant cette tôle circulable : il faut toujours utiliser un chemin de circulation pour ne pas prendre appui directement dessus.

    Donneurs d'ordre

    S'agissant des donneurs d'ordre (maîtres d’ouvrage et maîtres d’oeuvre, utilisateurs finaux), il convient, dès la conception, de prévoir les modalités d’accès à la toiture pour les travaux d’entretien ou de réparation.

    À la fin des travaux de construction, le maître d’ouvrage dispose d’un dossier d’interventions ultérieures sur l’ouvrage (DIUO), constitué par le coordonnateur. Si le bâtiment est géré par un chef d’établissement et reçoit des travailleurs, ce dossier comporte notamment le dossier de maintenance des lieux de travail.

    Conformément aux principes généraux de prévention, il faut éviter le risque et privilégier des solutions de protections collectives permanentes pour l’accès et l’intervention en toiture, comme :

    • Echelle à crinoline pour l’accès en toiture (muni de système de condamnation) ;
    • Garde-corps périphériques permanents ou en cas d’impossibilité, des dispositifs de supports fixes à demeure pour permettre l’installation de garde-corps provisoires (en veillant au principe d’accès en sécurité) ;
    • Des filets de sécurité ou en cas d’impossibilité, des systèmes de fixation permettant l’installation future de filets de sécurité ;
    • Des chemins de circulation sur la toiture prenant appui sur la charpente, principalement si certaines zones doivent être visitées régulièrement (ventilation, climatisation, etc.) ;
    • Une ou des lignes de vie, des points d’ancrage ou des crochets de service permanents pour accrocher un système d'arrêt de chute compatible avec le chemin de circulation (dès l’accès en toiture).

    Ces équipements permanents doivent bien sûr être contrôlés régulièrement et avant chaque utilisation.

    Il faut également veiller à prévenir les personnes ayant à monter sur le toit qu’il s’agit d’une couverture en matériau fragile et positionner un affichage au niveau du point d’accès au toit, indiquant que la prise d’appui directement sur les plaques de couverture est proscrite.

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