279 dossier – Certifier son système de management, un atout précieux

    ©Sodeka

    « Tout a commencé, en 2014, par une remarque sur le port des gants chez un grand donneur d’ordres industriel », raconte Johann Krupnik, responsable QHSE de Sodeka, spécialiste de la démolition, du désamiantage et du démantèlement dans le nord de la France. Son dirigeant, François Verdez, cherche une solution pour inciter les équipes à porter les EPI, améliorer son organisation et s’ouvrir à de nouveaux marchés notamment dans l’industrie. « Il fallait faire un choix: s’adapter et régresser ou évoluer », rapporte Johann Krupnik. En 2016, le dirigeant de Sodeka décide de le recruter pour initier la certification Mase de cette entreprise de trente personnes.

    Une démarche d’amélioration continue

    Après sa prise de poste, Johann Krupnik démarre par la réalisation d’un diagnostic. « Je suis allé assez loin, en visitant les chantiers le plus souvent possible, pendant un an. » Ce travail préalable lui permet d’identifier quatre grands types de risques : effondrement d’ouvrage, chute de hauteur, conduite des engins et amiante. « Nous avons ensuite engagé un travail sur ces grands risques, que nous avons intégrés dans un programme d’amélioration continue et de contrôles: sur le port des EPI, sur la prise en compte des risques par le bureau d’études et sur les travaux… », détaille Johann Krupnik qui a construit son projet autour d’un PDCA, méthode cyclique d'amélioration continue. « Le Mase consiste à observer nos actions et à s’interroger sur la manière de faire mieux », résume ce professionnel. Au service de cette volonté, le Mase donne des outils : analyse des risques, des compétences des équipes… C’est un cadre sur lequel il est possible de s’appuyer. Johann Krupnik s’en est servi, par exemple, pour déployer la politique santé sécurité environnement de Sodeka, sous l'impulsion du dirigeant de l'entreprise.

    Des entreprises qui veulent progresser

    Une volonté de progresser dans la santé, la sécurité des salariés, l’environnement est souvent le point de départ d’une certification Mase. Le Bâtiment Associé n’en était pas à sa première certification quand elle s’est tournée vers le Mase en 2020. Cette entreprise labellisée EPV (entreprise du patrimoine vivant) est spécialisée dans le gros œuvre, la construction bois et la taille de pierre. « Nous avions une autre certification qui donnait un cadre et une organisation de travail, mais n’était plus adaptée dans l’évolution de notre démarche d’amélioration », se remémore Florent Hauberdon, le responsable QSE de cette société marnaise de 170 salariés. Aller vers Mase était aussi un bon moyen pour elle de fédérer ses équipes, aux activités diverses et dispersées sur le territoire, autour d’une culture de prévention commune, portée par son dirigeant Christophe Possémé.

    Une approche pédagogique

    Obtenir une certification Mase prend environ dix-huit mois. Mais changer véritablement l’état d’esprit, fédérer les équipes et déployer de nouveaux processus peut nécessiter plus de temps. « Il faut que tout le monde s’imprègne et intègre l’organisation de travail requise par le Mase », assure Florent Hauberdon. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les petites entreprises ne sont pas forcément plus désavantagées pour diffuser rapidement cette culture de sécurité. Quand le dirigeant rencontre tous les matins, au même endroit, l’ensemble de ses salariés, il peut faire passer des messages directement. Quand ce n’est pas possible, il faut trouver d’autres moyens. Pour favoriser une progression collective, malgré l’éloignement des équipes, Florent Hauberdon, a par exemple lancé un flash prévention, outil de communication montante et descendante, pour aider les responsables de chantier lors des causeries. L’organisation choisie permet à la tour de contrôle du Mase de s’assurer que l’outil est utilisé : « Nous avons équipé les collaborateurs de smartphones. Une validation de la réalisation des causeries est intégrée via un formulaire digitalisé », souligne le responsable QSE.

    Une volonté claire de la direction

    « Mais pour que ça marche, le dirigeant doit se dire: on va changer », soutient Johann Krupnik. Car une certification Mase n’est pas toujours un long fleuve tranquille : « Cela génère des frictions avec des personnes qui n’ont jamais voulu entendre parler de sécurité », prévient-il. Sans volonté claire de la tête de l’entreprise, il sera difficile de mener un tel projet. La démarche requiert de la pédagogie, des moyens de communication et des contrôles.

    La création d’indicateurs

    Quand une entreprise se lance dans une certification Mase, elle ne peut pas se contenter de promesses : la démarche passe nécessairement par la mise en place d’indicateurs chiffrés, pour mesurer factuellement son avancée. « C’est un peu comme une certification amiante: on écrit ce qu’on fait et on fait ce que l’on a écrit. Le projet est piloté de manière à s’assurer de la réalisation des objectifs dans le temps », explique Florent Hauberdon. Ces indicateurs concernent le suivi des accidents du travail, du personnel par les ressources humaines, la protection de l’environnement… Mais aussi les résultats des actions menées.

    Moins d’accidents et d’absentéisme

    De ce travail de longue haleine, les entreprises tirent beaucoup de bénéfices. Pour le Bâtiment Associé, Florent Hauberdon a vu ses données de sinistralité s’améliorer nettement : « Le taux de fréquence est passé de 52,05 en 2021 à 40,61 en 2022 puis à 25,54 en 2023. » Pour Sodeka, les résultats sont également satisfaisants : « Notre matériel est bien mieux entretenu, nous avons beaucoup moins de casse et de difficultés à faire respecter les règles comme le port des EPI. Le Mase nous a permis de réduire considérablement notre accidentologie et notre absentéisme », se félicite Johann Krupnik. Enfin, grâce au Mase, l’entreprise s’est développée sur de nouveaux marchés. « Les donneurs d’ordre industriels valorisent les entreprises organisées comme la nôtre. Le Mase inspire confiance, abonde François Verdez. Cette démarche nous a donc permis de gagner en performance et aussi de faire profiter nos salariés de primes versées grâce à nos succès. »

    « C’est un peu comme une certification amiante : on écrit ce qu’on fait et on fait ce que l’on a écrit. Le projet est piloté de manière à s’assurer de la réalisation des objectifs dans le temps. »

    Florent Hauberdon, Bâtiment Associé

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